Doit-on laisser les policiers contrôler les conducteurs de train ?
Stupéfiants•La fédération SUD-rail dénonce l’augmentation des contrôles aléatoires sur les conducteurs de train, qui perturbent selon eux le travail des conducteursClément François
L'essentiel
- La fédération SUD-rail dénonce une « vague de contrôle sans précédent » des conducteurs de train, qu’elle considère comme un « abus de pouvoir » en dehors « de tout cadre réglementaire ».
- Contrairement aux conducteurs de bus ou aux automobilistes, les conducteurs de train ne sont pas soumis à des contrôles aléatoires, mais à un contrôle annuel « très strict » pour détecter la présence de stupéfiants.
- Sur X, un conducteur de train explique que ces contrôles peuvent être dangereux car ils risquent de « déstabiliser l’agent de conduite » pendant son service, comparant la situation à celle d’un « policier dans un cockpit d’Air France alors que les pilotes font la check-list ».
Les conducteurs de train doivent-ils être soumis aux mêmes contrôles que les automobilistes ou les chauffeurs de bus ? C’est ce dont se plaint la fédération SUD-rail, qui dénonce « une vague de contrôle sans précédent » depuis l’accident de bus mortel du 30 janvier dernier en Eure-et-Loir.
Un de ces contrôles est décrit dans le communiqué : « Un ADC (agent de conduite) a subi un contrôle en plein milieu de sa journée de service. En dépit d’avoir son sac de conducteur et d’avoir montré son Pass' Carmillion, il a été fouillé et palpé par des policiers, son sac a été vidé, et le tout sur le quai devant des usagers. »
Le syndicat dénonce un « abus de pouvoir » en dehors « de tout cadre réglementaire ». En effet, comme le rappelle Fabien Villedieu, secrétaire fédéral SUD-rail, les conducteurs de trains ne sont pas soumis au contrôle aléatoire. Ils doivent en revanche effectuer chaque année un contrôle « très strict » pour vérifier la présence ou non de produits stupéfiants dans leur organisme.
Qui doit souffler ?
Si la question peut nous paraître légitime, un autre conducteur de train, réagissant au communiqué de SUD-rail sur X, explique : « Un train, ce n’est pas un bus ou une voiture. On doit rester concentrés, et même lors des arrêts en gare, on ne doit pas faire de "rupture de séquences". »
Autrement dit, les arrêts en gare ne sont pas des moments de pause pour les conducteurs, mais une continuité du service, où des manipulations sont à effectuer et où ils doivent être à l’affût de ce qui peut se passer sur le quai ou à l’intérieur du train.
Il précise qu’aucune « présence étrangère » ne doit être présente dans une cabine de conduite, sauf cas prévus par la hiérarchie.
« Les forces de l’ordre qui font un contrôle prennent le risque de déstabiliser l’agent de conduite. Quid des risques juridiques si accident ? »
Plus d'articles sur les transportsPour clore le débat sur la question, le conducteur imagine une autre situation : « Imagine-t-on un policier dans un cockpit d’Air France de manière aléatoire alors que les pilotes font la check-list ? »
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