Qu’est-ce que le syndrome de Stockholm ?

Qu’est-ce que le syndrome de Stockholm ?

psychojargonVous avez sans doute entendu parler de ce syndrome, mais savez-vous de quoi il s’agit ? On vous explique tout
Frédéric Henry pour 20 Minutes

Frédéric Henry pour 20 Minutes

L'essentiel

  • Le syndrome de Stockholm a été théorisé en 1973.
  • Il s’agit d’un attachement des victimes envers leurs kidnappeurs ou preneurs d’otages.
  • La réalité de ce syndrome est toutefois contestée par certains chercheurs en psychologie.

Non, le syndrome de Stockholm n’est pas l’envie pulsionnelle d’aller passer un week-end dans la capitale suédoise. Il s’agirait plutôt d’un syndrome psychologique, mais s’il est très médiatisé, son existence est souvent mise en cause.

De quoi s’agit-il ?

L’idée est simple : lors d’une prise d’otages ou d’un kidnapping, les victimes passent du temps en compagnie de leurs bourreaux. Dans certains cas, elles développeraient de l’amitié ou de la compassion à leur égard, voire une adhérence aux motifs de leurs actes (pauvreté, cause politique, etc.). En parallèle, elles adopteraient un sentiment d’hostilité vis-à-vis des forces de l’ordre, pourtant chargées de les sauver.

Que s’est-il passé à Stockholm ?

Retournons à l’origine de ce diagnostic. En 1973, deux criminels passent six jours avec quatre employés d’une banque, pris en otages après qu’un braquage a mal tourné. Une fois libérées, les quatre victimes refusent de témoigner contre les criminels lors de leur procès. C’est ainsi que le criminologue et psychologue Nils Bejerot, consulté par les forces de l’ordre au sujet de l’affaire, émet l’hypothèse d’un syndrome clinique.

Avant et après Stockholm

Dès les années 1940, le psychologue Erich Fromm avait énoncé la plupart des symptômes du syndrome de Stockholm, mais dans le cadre des enfants victimes de violence parentale. Le syndrome de Stockholm doit sa célébrité à un fait divers survenu bien plus tard aux États-Unis, en 1974. La riche héritière Patricia Hearst est kidnappée et violée par des membres d’un groupuscule d’extrême gauche. Elle se joint ensuite à ses ravisseurs et commet avec eux divers crimes jusqu’à son arrestation quelques mois plus tard. L’affaire avait alors passionné l’Amérique, sinon le monde entier.

Le syndrome au cinéma

Le syndrome de Stockholm est un bon sujet pour les scénaristes. Outre les multiples adaptations de l’histoire de Hearst (la meilleure étant sans doute Patty Hearst de Paul Schrader), on retrouve des situations comparables dans de nombreuses œuvres de fiction, comme Attache-moi de Pedro Almodóvar, The Crying Game de Neil Jordan, Une vie moins ordinaire de Danny Boyle ou encore V pour Vendetta de James McTeigue.

Une pathologie mise en cause

La véracité de l’existence du syndrome de Stockholm reste très discutée dans le monde de la recherche. De nombreux psychiatres et psychologues ont affirmé que le phénomène, en fait assez rare, ne constitue pas un syndrome au sens clinique du terme. Nils Bejerot a d’ailleurs été attaqué pour d’autres hypothèses : selon lui, la violence des bandes dessinées corrompait la jeunesse et la consommation de drogues devait être traitée comme un crime plutôt que comme une pathologie. Aujourd’hui encore, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ouvrage de référence s’il en est, n’admet pas l’existence du syndrome de Stockholm.