Porter son soutien-gorge et son jean plusieurs jours pour être plus écolo ? Les conseils de l’Ademe passent mal
hygiène VS écologie•Dans un guide pratique, l’agence de la transition écologique préconise de ne pas laver systématiquement tous les vêtements portés une seule fois. « Le Parisien » a repris des données, en cours d’actualisation selon l’Ademe, et qui font débat
Elsa Provenzano
L'essentiel
- L’Ademe a été critiquée pour des recommandations sur la fréquence de lavage des vêtements, mais l’agence précise que ces informations dataient de plus de deux ans et faisaient partie d’un guide plus large sur le ménage écologique.
- Le guide actuel de l’Ademe ne donne pas de détails précis sur le nombre de jours entre les lavages, mais indique que « tous les vêtements ne sont pas sales après avoir été portés une fois » et classe les vêtements en trois catégories selon leur fréquence de lavage recommandée.
- Une dermatologue interrogée nuance ces recommandations, suggérant des fréquences de lavage plus courtes, notamment « Pour un jean, c’est trois ou quatre jours maximum » et pour un soutien-gorge « deux à trois jours maximum ».
Porter son pull en laine dix à quinze fois avant de le laver, quinze à trente fois son jean et jusqu’à sept fois son soutien-gorge… Ce sont les préconisations attribuées à l’Ademe par Le Parisien, dans un article en date du 1er février. Elles ont suscité des débats sur l’hygiène mais aussi sur la pertinence de la délivrance de tels conseils de la part de l’agence de la transition écologique.
Contacté par 20 Minutes, le service communication de l’Agence indique que Le Parisien a collecté les données « au moment où l’Ademe travaillait à l’actualisation du guide en ligne ». « L’infographie qui a circulé sur les réseaux sociaux existait depuis plus de deux ans, a réagi de son côté, ce lundi, Sylvain Waserman, président de l’Ademe, dans un post LinkedIn. Toutes ces informations ont été compilées dans un guide fin 2024 qui souligne notamment les effets du séchage du linge sur la qualité de l’air intérieur des logements suite à des mesures effectuées en situation réelle. Ni plus ni moins. »
Des préconisations à relativiser selon l’usage de chacun
Ce mardi, le guide en ligne accessible au public et intitulé « Comment faire le ménage de façon plus écologique ? » ne donne pas de détails en nombre de jours, mais insiste sur le fait que « tous les vêtements ne sont pas sales après avoir été portés une fois ». Il distingue ceux à laver après avoir été porté une seule fois (tee-shirt en coton, sous-vêtements et chemisiers), ceux à laver après avoir été porté plusieurs fois (soutiens-gorge, pyjamas, jeans, pulls) et ceux qui peuvent être portés plusieurs semaines avant d’être lavés (vestes, manteaux).
« Les lavages trop fréquents augmentent la consommation d’électricité des foyers, accentuent la pollution de l’eau et usent plus vite nos vêtements », peut-on y lire. L’Ademe nous glisse aussi que les préconisations sont à relativiser selon l’usage de chacun.
L’Ademe attaquée sur CNews
« Un soutien-gorge qui est en contact avec le dessous des seins et au niveau axillaire, soit des zones de transpiration, doit être porté deux à trois jours maximum », relève Isabelle Rousseaux, vice-présidente du syndicat des dermatologues et vénérologues, contactée par 20 Minutes.
Pour elle, un jean, comme il est en contact direct avec la peau, peut être porté « trois à quatre jours maximum, à moins qu’on le porte deux heures dans la journée bien sûr » mais 30 jours, comme avancé dans les colonnes du Parisien, cela lui paraît « beaucoup trop ». Un pull porté au-dessus d’un chemisier peut, lui, être porté pendant une semaine. « Si on change régulièrement ses vêtements, on n’utilisera moins de lessive et on pourra enclencher des cycles moins longs », fait aussi valoir Isabelle Rousseaux.
Toutes nos infos sur l'eauPour répondre aux attaques qui ont visé l’Ademe, notamment relayées sur le plateau de CNews ou Europe 1, son président a tenu à préciser « qu’il n’y a donc pas eu d’étude spécifique ni donc de dépenses sur "les bonnes pratiques de lavage" et que bien sûr cela n’a rien à voir avec les 3,4 milliards d’euros du budget de l’Etat opéré par l’Ademe, dont 92 % cofinancent des projets pour des entreprises et des collectivités. »