conditions de travailDerrière le succès fulgurant d’Action, des salariés en souffrance ?

Tâches chronométrées, turnover des employés… Que cache le succès foudroyant du discounter Action ?

conditions de travailL’émission « Complément d’enquête », diffusée ce jeudi soir à 22h55 sur France 2, pointe les conditions de travail difficiles imposées par l’enseigne Action à ses salariés. Concernant le turnover, l’enseigne conteste les chiffres
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • L’émission « Complément d’enquête », diffusée sur France 2 ce jeudi soir, pointe du doigt les conditions de travail difficiles chez le hard-discounter Action, avec des tâches chronométrées et un turnover important. Elle affirme que « dans certaines régions, plus de 7 salariés sur 10 ont quitté leur poste dans l’année écoulée ».
  • L’entreprise conteste les chiffres avancés sur le turnover et affirme que ses pratiques ne s’écartent pas « de manière significative d’une norme générale du secteur de la vente au détail ».
  • Action a mis fin à la pratique controversée des « recueils de faits » sur les employés, reconnaissant qu’elle « ne répondait pas à l’objectif visé et qu’elle n’était parfois pas exécutée de la bonne manière ».

Que cache le succès économique du discounter non alimentaire néerlandais Action ? Des conditions de travail éprouvantes sont de nouveau pointées du doigt dans l'émission Complément d’enquête diffusée ce jeudi soir à 22h55 par France 2.

Tâches chronométrées, important « turnover » des équipes : plusieurs témoignages et documents diffusés dans le reportage accusent l’enseigne spécialiste des petits prix d’en demander beaucoup à ses plus de 74.500 salariés.

7 salariés sur 10 auraient quitté leur poste dans l’année

Les employés doivent notamment mettre en rayon les produits commercialisés dans un délai imparti, encourant des remontrances dans le cas contraire, affirme Complément d’enquête. D'après les journalistes de l'émission, dans certaines régions, plus de 7 salariés sur 10 ont quitté leur poste dans l’année écoulée, soit un « turnover » très important.

L’entreprise, qui a déjà fait dans le passé l’objet de critiques syndicales sur le traitement de ses salariés, a expliqué via un porte-parole en France fournir « une indication de temps pour les livraisons en magasin », utilisée « uniquement à des fins de planification, afin de nous assurer que nous avons suffisamment de personnel disponible pour effectuer le travail ».

Concernant le turnover, la même source dit ne pas reconnaître les chiffres avancés. Elle juge que « la méthodologie de calcul n’est pas claire » et déclare n’avoir « aucune raison de croire que nous nous écartons de manière significative d’une norme générale du secteur de la vente au détail ». La direction assure aussi n’avoir « aucune raison de croire » qu’elle se distingue des autres acteurs du secteur en matière d'accidents du travail.

« Des recueils de faits » contre les salariés

En 2022 et 2023, plusieurs salariés et représentants syndicaux avaient évoqué l’existence dans l’enseigne de « recueils de faits », où était noté par les managers de magasins « chaque manquement » concernant un salarié. La direction avait alors confirmé cette pratique mais nié s’en servir pour un dossier de licenciement, et avait assuré l’avoir supprimée.

« Nous avons effectivement mis fin à cette politique », a aujourd’hui assuré le porte-parole de l’enseigne. « Nous avons reconnu qu’elle ne répondait pas à l’objectif visé et qu’elle n’était parfois pas exécutée de la bonne manière ». Parmi les salariés rencontrés et interrogés par l’AFP, tous ne se sont pas plaints de leurs conditions de travail.

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Dans son dernier rapport annuel publié en mai, le fonds d’investissement 3i (lire encadré) indique qu’Action lui a déjà rapporté plus de 2,9 milliards de livres sterling (3,5 milliards d’euros au cours de jeudi) depuis son premier investissement en 2011, notamment en dividendes. « Le potentiel de revenus futurs est considérable », se réjouit le fonds, valorisant sa participation à 15,5 milliards de livres à fin septembre, soit un peu moins de 19 milliards d’euros.

Détenue par un fonds d’investissement

Au total, l’enseigne revendiquait alors 2.755 magasins dans une douzaine de pays européens dont les Pays-Bas (son pays d’origine), la France (qui est son plus gros marché), l’Allemagne, la République tchèque, l’Espagne ou encore le Portugal. L’enseigne est détenue à près de 58 % par le fonds d’investissement 3i, coté au Royaume-Uni.