Sur les réseaux sociaux, l'information inquiète les seniors. « Les personnes de 53 ans et plus devront, normalement, à partir de mars 2026, se rendre dans un centre d’auto-école agréé par ce nouveau système pour une théorie et pratique de 2 heures », affirment des internautes dans des publications. Un moyen de retirer les permis de conduire de ceux qui n’auraient plus les capacités nécessaires à une bonne conduite. La raison avancée par les auteurs de ces messages : une augmentation de 25 % d’accident ou de faits de la circulation, en 2023, qui seraient causés par des personnes âgées.

Pour certains, il s’agit « encore d’une histoire de pognon ». Car selon les internautes, ces stages obligatoires seront payants, et sans possibilité de remboursement, même en cas de réussite des examens.

D’autres pointent une contradiction : « On est âgé à partir de 53 ans pour aller dans une auto-école, mais pas assez vieux pour la retraite. » Et de se questionner : « Comment faire pour aller travailler jusqu’à 65 ans et plus si on n’a plus de véhicule ? » Selon les internautes, cette information viendrait d’un article de RMC, pourtant introuvable sur les moteurs de recherche…

FAKE OFF

Si les seniors sont bien impliqués dans de très nombreux accidents, aucun examen obligatoire, dès 53 ans, n’a été annoncé par le gouvernement, ou une quelconque autre institution officielle en France.

Selon une étude publiée par l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière, en 2020, « les personnes âgées font partie des usagers les plus impliqués dans des accidents mortels, notamment en tant qu’automobilistes et piétons ».

Cela est expliqué par l’altération des capacités cognitives et physiques avec l’âge, qui entraîne logiquement une diminution de l’attention, de la vigilance et de la perception des risques. Toutefois, les jeunes restent les usagers les plus à risques.

Une visite médicale tous les quinze ans retoquée

Plusieurs pistes légales ont déjà été envisagées pour éviter l’importante mortalité sur les routes, et donc nécessairement contrôler la conduite des personnes âgées. Un projet de loi européen visait à imposer une visite médicale tous les quinze ans, pour conserver son permis de conduire.

L’idée était d’atteindre l’objectif « Vision zéro » de Bruxelles, soit aucun décès lié aux accidents de la route, d’ici à 2050. Le parlement européen a voté contre, en février dernier.

Aujourd’hui encore, il est question de rendre obligatoire la visite médicale dans tous les pays de l’Union européenne, à partir de 70 ans. Car le permis à vie n’existe qu’en France, Allemagne, Belgique et Pologne. Dans certains pays européens, comme l’Italie ou le Portugal, les conducteurs doivent passer une visite médicale dès l’âge de 50 ans. En Espagne ou en Grèce, c’est à partir de l’âge de 65 ans, de 70 ans au Danemark, ou de 75 ans aux Pays-Bas.

Le « S » à l’arrière des voitures des seniors pas non plus obligatoire

Si pour le moment aucun cadre légal n’a été fixé pour lutter contre la surreprésentation des personnes âgées dans les accidents, la Sécurité routière recommande à ceux qui ne se sentent plus sûrs d’eux sur les routes, de s’inscrire à des tests de conduite. Elle préconise également la participation à des stages de remise à niveau d’une journée.

De fausses informations circulent régulièrement au sujet du permis de conduire des seniors. Il y avait par exemple l’apposition d’un macaron « S » à l’arrière des voitures conduites par des personnes de plus de 70 ans. En réalité, les personnes qui estiment utile de l’afficher sur leur véhicule sont libres de le faire, mais il n’y a rien d’obligatoire.

Il s’agit d’ailleurs davantage d’une mesure de prévention pour appeler les autres usagers de la route à redoubler de vigilance. Un système similaire à celui du « A » attribué aux jeunes conducteurs. Car si les personnes âgées sont très fréquemment impliquées dans des accidents de la route, elles sont également celles qui en sont le plus victimes. Les seniors représentent 25 % des personnes tuées dans un accident de la route alors qu’ils constituent 19 % de la population.