pas d’accord« Une concurrence déloyale »… La France dézingue l’accord avec le Mercosur

« C’est une concurrence déloyale »… La ministre de l’Agriculture dézingue l'accord avec le Mercosur

pas d’accordCet accord de libre-échange pourrait être signé entre l’Union européenne et le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, facilitant ainsi l’arrivée de produits alimentaires sud-américains
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, est opposée comme son Premier ministre au traité de libre-échange avec le Mercosur.
  • La profession agricole s’inquiète de l’arrivée massive de produits brésiliens ou argentins à bas prix.
  • La France, formellement opposée à cet accord, n’est pour l’heure pas réellement majoritaire au sein de l’Union européenne.

Dans les fermes françaises, son nom fait trembler. Toujours en négociation dans les bureaux de la Commission européenne, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) ne passe pas. Déjà bien éprouvée par des crises à répétition, la profession agricole française n’en veut pas.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’est pas seule dans son combat. Après le Premier ministre Michel Barnier, qui estimait mercredi que l’accord n’était « pas acceptable », c’est au tour de sa ministre de l’Agriculture de désosser le traité commercial tant décrié. « Nous verrions arriver chez nous, en quantité, des productions concurrençant les nôtres alors qu’elles ne respectent pas les règles imposées à nos propres agriculteurs. Et certainement à plus bas prix car les conditions de production sont infiniment moins contraignantes. C’est une concurrence déloyale », estime la ministre dans une interview accordée au Télégramme.

Des manifs dès lundi

Depuis sa nomination en septembre par Michel Barnier, Annie Genevard s’emploie à tenter de rassurer les agriculteurs, qui ont appelé à des manifestations à compter de lundi. Le chantier était déjà vaste avant que l’accord avec le Mercosur n’arrive sur la table. Négocié depuis plus de vingt ans, ce projet d’accord prévoit des quotas d’importations dans l’Union européenne sans droit de douane ou à taux réduit pour la viande bovine, la volaille, le sucre, le maïs ou encore l’éthanol (qui peut être dérivé du sucre et du maïs).

Ces filières seraient « en très grande difficulté » si le traité était approuvé par l’Union européenne. « Ce que je reproche aux accords de libre-échange, c’est qu’ils font trop souvent de l’agriculture une variable d’ajustement. Ce sont souvent les mêmes filières qui sont concernées : le bœuf, la viande plus généralement. Ce sont toujours les mêmes qui paient le prix du libre-échange. Ce n’est pas possible », a dénoncé l’ancienne députée LR du Doubs.

« La position de la France n’est pas partagée majoritairement »

La question qui se pose, c’est davantage de savoir quel impact peut avoir la voix de la France au sein de l’UE. Car en s’opposant à l’accord avec le Mercosur, c’est avant tout son agriculture que notre pays veut protéger, pas celle de l’Europe. « Il est vrai que la position de la France n’est pas partagée majoritairement au niveau de l’Union européenne. Mais cela n’est pas si tranché dans un certain nombre de pays, qui pourraient rejoindre la position de la France et constituer une force d’appoint pour un veto. Rien n’est acquis mais nous y travaillons avec une grande énergie », a promis la ministre au Télégramme.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Pour tenter d’apaiser la profession, la ministre a également promis des prêts permettant de consolider les trésoreries des exploitations les plus fragiles. Annie Genevard a également fait savoir que le projet de loi agricole annoncé en 2022 serait « le premier à être examiné en janvier » au Sénat. De quoi sera-t-il question ? Sans doute d’un allègement des restrictions sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Une option réclamée par le principal syndicat la FNSEA mais qui fait hurler la filière bio. « Il ne faut pas être radical dans nos attitudes et imaginer des combinaisons de solutions, sans fermer la porte à des expériences efficacement mises en œuvre chez nos voisins européens », a rappelé la ministre.

Le projet de loi prévoit notamment des « dispositions visant à dépénaliser les atteintes non intentionnelles à l’environnement ». Ce qui ne manquera pas de faire réagir.