Dordogne : La nouvelle déviation routière de Beynac, ce beau village avec château, autorisée par l’Etat
épisode 412•Le département de la Dordogne avait soumis une nouvelle version du contournement routier, annulé à plusieurs reprises par la justice. On apprend ce mardi que la préfecture vient de donner son feu vert au projet, pas si nouveau pour ses détracteurs
E.P.
L'essentiel
- Ce mardi, une autorisation environnementale a été délivrée par l’Etat à la nouvelle version de la déviation routière de Beynac, en Dordogne. Mais rien n’est gagné pour ses défenseurs.
- Le chantier de ce contournement, qui fait débat depuis quarante ans, a été stoppé par le conseil d’Etat, fin 2018, après un démarrage précoce. Et depuis, le Département paye des pénalités car il refuse de remettre en état le site.
- Il a soumis un nouveau projet, très semblable au premier mais accompagné de mobilités douces, qui a obtenu ce feu vert du préfet. Pour autant les opposants annoncent déjà des recours devant la justice administrative.
Vous avez du mal à suivre ? C’est normal. Le dossier de la déviation routière de Beynac, envisagée depuis près de quarante ans pour épargner au beau village de Beynac, le passage de poids lourds, pourrait bien rivaliser avec les feux de l’amour en nombre d’épisodes. Ce mardi, on a appris que la nouvelle mouture du projet, rebaptisé « la boucle multimodale des deux rives de la Dordogne » par le département faisait l’objet d’une autorisation environnementale par la préfecture.
Mais ce n’est peut-être pas la fin du feuilleton puisque la justice a déjà annulé à plusieurs reprises le projet et celui-ci n’aurait pas tant changé que ça, selon ses détracteurs. Des recours devant le tribunal administratif sont encore possibles, dans un délai de deux mois.
Déjà deux millions d’euros d’amendes
On rembobine pour vous donner un aperçu de ce dossier chaud bouillant qui agite le Périgord noir. Le 28 décembre 2018, le Conseil d’Etat a stoppé le chantier de construction de ce contournement routier de 3,2 kilomètres. Les piles en béton toutes fraîches ont été interrompues, car tous les recours n’étaient pas purgés.
Par la suite, la déviation a été jugée illégale et le département a été condamné à la détruire et à remettre le site, classé Natura 2000, en état. Comme il a refusé de s’exécuter, le département a été condamné par la Cour administrative d’appel de Bordeaux à verser 5.000 euros d’astreintes par jour et il a déjà dû régler deux millions d’euros d’amendes pour non-exécution.
Mêmes causes, mêmes conséquences ?
En février 2023, l’opiniâtre président socialiste du département Germinal Peiro dégaine un nouveau projet dénommé : « boucle multimodale dʼaccès aux deux rives de la vallée de la Dordogne, au cœur du Triangle dʼOr Les Milandes-Castelnaud La-Chapelle-Marqueyssac-Beynac, pour de nouvelles mobilités sécurisées ». Un projet qui est à 98 % identique au précédent, selon la Sepanso et l’association pour la sauvegarde de la vallée de la Dordogne, opposées au projet.
La nouvelle mouture comprend des pistes cyclables et des navettes électriques tout en reprenant les mêmes infrastructures. « Ce qui a été jugé illégal, le sera de nouveau », estiment les avocats des deux associations de protection de l’environnement. Et là, cela pourrait promettre une nouvelle saison.