Inondations en Espagne : « Cinq jours après la catastrophe, on peut toujours espérer retrouver des survivants »
Interview•Un bénévole français de la Protection civile engagé notamment sur la tempête Alex, qui a frappé les Alpes-Maritimes à l’automne 2020, nous explique comment s’organisent les secours pour venir en aide à la population en Espagne après les inondationsAlexandre Vella
L'essentiel
- Cinq jours après les inondations qui ont frappé la région de Valence en Espagne, les opérations de secours se poursuivent.
- Le bilan, qui à cette heure fait état de 213 morts, devrait encore s’alourdir alors que les secours commencent à envisager un relatif « retour à la vie normale », explique à 20 Minutes Jérémy Crunchant, 41 ans et porte-parole de la Protection civile française.
- L’engagement des secouristes espagnols sur un terrain dévasté et pas encore totalement exploré devrait durer plusieurs semaines.
Plus de 200 morts, et un bilan que les secouristes s’attendent à voir encore s’alourdir dans les heures et jours à venir. Cinq jours après les inondations en Espagne qui ont violemment frappé la région de Valence, opérations de recherche et d’assistance aux sinistrés se poursuivent, appuyées par une dizaine de milliers de policiers, militaires et secouristes bénévoles.
20 Minutes a contacté Jérémy Crunchant, 41 ans et porte-parole de la Protection civile française, qui en vingt-cinq années a été déployé sur de nombreuses catastrophes naturelles pour qu’il nous explique comment peuvent s’organiser les secours en pareilles circonstances alors qu’en Espagne les opérations devront durer encore plusieurs semaines.
Cinq jours après les inondations, à quel stade des opérations de secours en sommes-nous ?
On commence à entrer dans la séquence « retour à la vie normale », ce qui est notre mission principale à la Protection civile, association de bénévoles qui, à la différence de la Sécurité civile, n’a pas pour objectif premier la recherche de victimes. Les secours espagnols sont organisés un peu sur le même fonctionnement.
J’avais d’ailleurs un collègue espagnol ce dimanche matin au téléphone, qui me décrivait une situation semblable à ce qu’on a pu faire lors de la tempête Alex (qui a frappé en octobre 2020 les Alpes-Maritimes) même si dans le cas espagnol la zone touchée et l’étendue des dégâts sont largement supérieures.
Les secouristes bénévoles espagnols s’attachent actuellement aux missions de déblaiement et de nettoyage pour permettre le retour des sinistrés chez eux. Lors de la tempête Alex, nous avions été mobilisés deux semaines, et des travaux de reconstructions sont aujourd’hui encore en cours. Là, en Espagne, cela sera encore plus long. Cinq jours après, de grandes zones n’ont toujours pas encore été explorées par les secours et à peine 10 % du terrain a été couvert, estimait mon collègue.
Même si ce n’est pas votre mission première, comment vous préparez-vous à la découverte d’éventuelles victimes sous les décombres ?
Evidemment, c’est une chose à laquelle on s’attend. Mais nous sommes formés pour ça et formés également aux premiers secours. Car cinq jours après la catastrophe, on peut toujours espérer retrouver des survivants qui se seraient réfugiés dans une poche, et qui auraient préparé des kits de survie. On n’a pas d’autres choix que d’essayer de rester optimiste.
Comment devrait s’organiser la suite des opérations ?
Alors la séquence de déblaiement et nettoyage sera très longue comme je vous disais. Ensuite, il y faudra une présence prolongée sur le terrain pour assurer un soutien psychologique à la population et aux sinistrés.
Il faut aussi une synergie totale entre les différents corps de secours et trouver un lieu pour centraliser et organiser la demande de présence humaine nécessaire aux opérations ainsi que l’afflux de matériel et l’aide alimentaire. C’est un de nos rôles à la Protection civile où nous sommes plus dans le contact chirurgical, presque au cas par cas pour aider les survivants et sinistrés à rentrer chez eux et s’assurer qu’il ne manque de rien.
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