Budget 2025 : Mais au fait, c’est quoi au juste une commission d’enquête parlementaire (et sur quoi ça débouche) ?
Explications•Une commission d’enquête parlementaire va tenter de comprendre les raisons du dérapage du déficit public. Les commissions ont de nombreux pouvoirs, pour mener leur enquête mais aussi, le cas échéant, saisir la justiceJérôme Diesnis
L'essentiel
- A la suite du dérapage du déficit public de la, qFranceui devrait atteindre 6,1 % du PIB, la commission des finances a officiellement demandé le pouvoir d’enquêter sur la dérive budgétaire.
- Les commissions d’enquête sont formées pour recueillir des éléments d’informations sur des faits déterminés ou la gestion des services publics ou des entreprises nationales.
- Elles ont le pouvoir de citation directe, de l’obtention de nombreux documents nécessaire à l’enquête, de la publicité des auditions. Et elles peuvent saisir le parquet en cas de découverte de faits délictueux.
La commission des finances a officiellement demandé le pouvoir d’enquêter sur la dérive budgétaire. Elle fait suite au dérapage du déficit public de la France, qui devrait atteindre 6,1 % du PIB. Elle souhaite comprendre « les causes » de « la variation » et des « écarts des prévisions fiscales et budgétaires » constatées sur les années 2023 et 2024. Il va s’agir de la première commission d’enquête de cette dix-septième législature sous la Ve République. Elles ont été au nombre de vingt lors de la législature précédente (voir l’encadré).
« Les commissions d’enquête sont formées pour recueillir des éléments d’informations sur des faits déterminés ou la gestion des services publics ou des entreprises nationales », détaille le Sénat. « Bien souvent, leur création intervient en réponse à des faits ou des situations particulièrement sensibles dans l’opinion publique et justifiant une évaluation approfondie du Parlement. »
Leur création relève exclusivement de l’initiative parlementaire. Le dépôt d’une proposition de résolution doit exposer les motifs de la demande et déterminer l’objet de l’enquête. Elle est transmise à la commission permanente compétente au fond. Les membres de la commission des Finances ont longuement débattu du périmètre à donner à la future commission d’enquête, et notamment de la période pertinente.
Lancement des travaux en novembre ou décembre
La fonction de président ou de rapporteur revient de droit à un député appartenant à un groupe d’opposition. Éric Coquerel (LFI), président de la commission des finances, a dit espérer pouvoir lancer les travaux de la future commission d’ici « fin novembre » ou « début décembre ». Elle devra « évidemment » auditionner « les responsables politiques passés », à commencer par l’ex-ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Mais aussi « monter jusqu’aux Premiers ministres » de l’époque, Élisabeth Borne puis Gabriel Attal.
Notre dossier sur les commissions d'enquêteCes commissions comprennent au maximum trente et un membres. Elles disposent d’un droit de citation directe, de l’obtention de nombreux documents nécessaire à l’enquête, de la publicité des auditions. Les travaux d’une commission d’enquête peuvent déboucher directement sur le dépôt d’une proposition de loi destinée à remédier aux insuffisances de la législation.
Dépôt du rapport dans six mois maximum
Leur mission prend fin par le dépôt de leur rapport et au plus tard à l’expiration d’un délai de six mois à compter de leur création. Dans tous les cas, les travaux d’une commission d’enquête sont automatiquement interrompus par l’ouverture d’une information judiciaire relative aux faits qui ont motivé sa création. « En menant leurs investigations, les commissions d’enquête peuvent découvrir des faits délictueux », rappelle l’Assemblée nationale. Elles peuvent transmettre les informations recueillies au ministère de la Justice, à sa demande, aux fins d’ouverture d’une enquête judiciaire. Ou saisir directement le parquet.
Mathieu Lefèvre (EPR) « accueille avec beaucoup de sérénité » cette commission d’enquête. « Ceux qui crient aujourd’hui au scandale budgétaire verront au bout d’une ou deux semaines d’auditions qu’il n’y a pas de complot de finances publiques ». Le Macroniste sera l’un des deux rapporteurs de cette commission, le second étant Éric Ciotti (UDR).