CONTESTATIONUn week-end de manifestations en Gironde contre le projet de LGV Sud-Ouest

LGV Sud-Ouest : Les opposants au projet, rejoints par les Soulèvements de la Terre, manifestent ce week-end en Gironde

CONTESTATIONLe mouvement contre les Lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, pourrait prendre une autre dimension à partir de ce week-end avec cette manifestation, que la préfecture a interdite
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Les forces de l’ordre sont déjà positionnées depuis jeudi autour du petit village de Lerm-et-Musset, dans le sud de la Gironde, où se tiendra de vendredi à dimanche une manifestation contre le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO).
  • Pour la première fois, les Soulèvements de la Terre, qui se sont notamment illustrés dans leur combat contre les bassines à Sainte-Soline, rejoignent le mouvement anti-LGV.
  • La préfecture de la Gironde indique avoir pris un arrêté interdisant cette manifestation, craignant notamment des débordements.

Le camp de base a été établi jeudi matin, à environ 1,5 km du petit village de Lerm-et-Musset, à 70 km au sud de Bordeaux (Gironde). Les forces de l’ordre se sont déjà positionnées autour, tandis qu’une infoline se met en place du côté des organisateurs, pour permettre aux participants de rejoindre le site sans encombre.

Une manifestation contre les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, l’un des plus gros projets d’infrastructure en France, se tient jusqu’à dimanche, sur ce site. Manifestation « non déclarée », indique ce jeudi soir la préfecture de la Gironde, qui a pris un arrêté l’interdisant.

La coordination « LGV non merci », qui regroupe des opposants et des associations environnementales, a été rejointe par le mouvement écologiste les Soulèvements de la Terre, pour tenter de donner « une dimension nationale » à une contestation restée pour le moment essentiellement locale. « L’idée est de visibiliser l’opposition à ce projet » confirme à 20 Minutes Esther, membre historique de la coordination LGV, non merci.

« Plusieurs milliers de participants » attendus

Les opposants ont choisi ce territoire de la vallée du Ciron, qui doit être traversé par le tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse, pour cette action de « Freinage d’Urgence contre les Lignes à Grande Vitesse », annoncée depuis plusieurs semaines. « Nous sommes au niveau du triangle de la mort, c’est-à-dire l’endroit où les deux lignes se séparent, l’une vers Toulouse, l’autre vers Dax » précise Esther.

Reste à savoir combien de personnes seront au rendez-vous, et quelle forme va prendre le mouvement ? Les organisateurs évoquent « plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de personnes » ce week-end. Selon les premières estimations de la préfecture, « plusieurs milliers de participants pourraient être potentiellement présents ce week-end, dont plusieurs centaines de contestataires radicaux qui pourraient provoquer de graves troubles à l’ordre public, des actes de blocages et de sabotages, d’occupations ou de dégradations de sites. »

La crainte de débordements

C’est la présence des Soulèvements de la Terre, qui se sont fait connaître notamment durant les manifestations contre les bassines à Sainte-Soline, qui fait craindre aux autorités d’éventuels débordements. Cette association est connue « pour son mode d’action violent » estime le préfet. « Les appels à la mobilisation émanant de ce groupement ont été régulièrement suivis d’actions de dégradations et de violents affrontements avec les forces de l’ordre, notamment à Sainte-Soline, sur l’axe Castres-Toulouse de l’A69, sur la ZAD de la Crem’arbe à Sïx ou encore à Puylaurens. »

La manifestation démarrera vendredi vers 17 heures. Samedi à partir de 10 heures, est prévu le lancement du « Grand Jeu contre les LGV », nom de code donné aux actions qui se dérouleront tout au long du week-end. Celles-ci pourront prendre plusieurs formes : « certains mini-jeux auront lieu sur le camp quand pour d’autres, il faudra être mobiles et s’organiser pour jaillir un peu partout, à distance de pied, de vélo, de voiture, lit-on sur le site dédié à l’événement. En grands groupes ou en petits groupes […] il y en aura pour des niveaux d’engagement physique et juridique variables. » « On veut qu’il y ait beaucoup de prise d’initiative, d’autonomie », résume de son côté Esther.

Un recours rejeté en septembre dernier

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit la construction d’une ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, pour un gain d’une heure entre les deux villes, et qui doit mettre Toulouse à trois heures de Paris d’ici à 2032. Un autre tronçon, entre Bordeaux et Dax, dans les Landes, destiné à être prolongé vers l’Espagne, est programmé dans un second temps. Le coût total du GPSO est estimé à 14 milliards d’euros : 8 milliards pour Bordeaux-Toulouse, 4 milliards pour Bordeaux-Dax, et un milliard pour chaque chantier d’aménagements ferroviaires de voies et gares, au nord de Toulouse et au sud de Bordeaux.

Le chantier des aménagements ferroviaires au nord de Toulouse a débuté en mai. En septembre, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté un recours en référé déposé par des associations écologistes contre ces travaux. Début octobre, la commission d’enquête a, par ailleurs, émis un avis favorable à la demande d’autorisation environnementale concernant les aménagements ferroviaires au nord de Bordeaux (AFSB), tout en soulignant des réserves et des recommandations concernant la protection d’espèces protégées (la loutre et le vison d’Europe), ainsi que les nuisances sonores et visuelles pour les riverains.

« Dans les faits, le chantier n’a pas démarré »

Les opposants dénoncent un projet « vieux de trente ans » visant à « intensifier les liaisons métropolitaines à grande vitesse au détriment des lignes ferroviaires existantes, sous-investies depuis des décennies. » Ils pointent également l’artificialisation « de 4.800 hectares de terres » et « un plan financier gargantuesque », évoquant « plus de 15 milliards d’euros. »

« Nous ne sommes pas contre le train, mais contre un projet d’infrastructure nouvelle qui va doubler celles existantes, qui ont du potentiel pour mailler le territoire finement. Nous avons besoin de trains qui s’arrêtent dans les communes » détaille Esther. « Les LGV, pour aller vite, enjambent ces territoires, et concrètement ne permettent pas un report modal de l’avion vers le train. »

Les opposants espèrent encore arrêter ce projet, « d’autant plus que nous sommes en amont de ce projet, le chantier dans les faits n’étant pas encore démarré sur le tracé des lignes nouvelles » souligne Esther.