A l’ouest, rien de plus beauOn vous dit tout sur la « comète du siècle » qui débarque vendredi dans le ciel

Brillante, inattendue… On vous dit tout sur la « comète du siècle », probablement visible à l’œil nu dès vendredi

A l’ouest, rien de plus beauElle pourrait enchanter vos crépuscules. La comète Tsuchinshan-Atlas, dont le noyau mesure entre 20 et 40 kilomètres de diamètre, devrait être visible à l’œil nu à partir de ce vendredi, ce qui ne se produit « qu’une à deux fois par siècle »
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • A partir de ce vendredi, l’arrivée de la comète Tsuchinshan-Atlas promet des crépuscules fascinants, si la météo ne se montre pas trop capricieuse.
  • Elle pourrait en effet être visible à l’œil nu, ce qui ne se produit « qu’une à deux fois par siècle », selon le chercheur toulousain Nicolas André.
  • On fait le point sur cette visiteuse chevelue, qui excite les spécialistes autant qu’elle fait rêver les néophytes.

Une voyageuse chevelue et sans visa qui vient de très loin pour – on l’espère – nous éblouir. La comète Tsuchinshan-Atlas, nom de code « C/2023 A3 », doit débarquer ce vendredi 11 octobre dans notre ciel nocturne. Le diamètre de son noyau est estimé entre 20 et 40 kilomètres, contre 11 km pour la fameuse comète de Halley, dont les boomers se souviennent. D’où vient cette grosse boule de glace ? Pourquoi suscite-t-elle autant d’enthousiasme auprès des astronomes ? Et, surtout, comment en voir la queue ? 20 Minutes vous dit tout.

Pourquoi est-elle candidate au titre de « comète du siècle »  ?

Cette comète n’est pas de celles dont les astronomes, cramponnés à leurs télescopes, attendent le passage depuis des décennies. Pour la bonne et simple raison que son dernier passage date approximativement de 80.000 ans et qu’ils ne connaissaient même pas son existence. Elle a été observée pour la première fois en janvier 2023 alors qu’elle franchissait l’orbite de Saturne, et ce par l’observatoire chinois de Tsuchinshan, « montagne pourpre » en mandarin. Puis quelques mois plus tard par le programme sud-africain Atlas. D’où son nom de baptême en partie imprononçable.

« Elle vient de très loin dans notre système solaire, d’une région très froide qu’on appelle le système d’Oort », précise Nicolas André (CNRS-Irap), professeur en science planétaire à l’Isae-SUPAERO de Toulouse. Elle est passée derrière le Soleil le 27 septembre. De premières observations indiquent qu’elle a survécu à cette étape brûlante. Là, elle s’éloigne à nouveau du soleil et elle revient vers nous. Elle va s’approcher au plus près de la Terre, à 70 millions de kilomètres, samedi 12 octobre.

« Si elle est suffisamment brillante, et si la météo le permet, ce sera dans les prochains jours un spectacle qu’on pourrait voir à l’œil nu, précise le chercheur. Or, des comètes qu’on peut voir à l’œil nu comme ça, il y en a une ou deux par siècle. La dernière, c’était la comète Hale-Bopp, en 1997 ». Par ailleurs, en jouant les Icare près du Soleil, « C/2023 A3 » en est sortie réchauffée à son contact. Elle est prête à « dégazer » un beau panache et à éjecter des tas de molécules ionisées par les rayons solaires, dans un spectacle « fascinant » d’une « chevelure de gaz et de poussières qui pourrait changer tous les jours ».

Comment la voir ?

Alors comment profiter du spectacle s’il est au rendez-vous ? « Il suffira, conseille Nicolas André, d’attendre [prudemment] que le Soleil se couche sur l’horizon ouest. Et s’il est dégagé, on la verra d’abord basse sur l’horizon, puis au fur et à mesure des jours monter un petit peu dans le ciel. », Evidemment, comme elle va s’éloigner du Soleil, elle va devenir de moins en moins lumineuse. « Donc c’est vraiment dans les tout prochains jours qu’il faut l’observer », insiste le spécialiste. Elle sera ensuite « visible pendant une bonne semaine, avec des petites jumelles et des petits télescopes ». Plus tard, seuls les instruments les plus perfectionnés pourront encore suivre sa trace.

Que peut-elle nous apprendre ?

Le chercheur toulousain prédit une « intense campagne d’observation », absolument « excitante ». Car cette « boule de glace » contient théoriquement un matériel inestimable. « Elle est un bon messager qui va nous permettre de savoir de quoi nous sommes faits, d’observer ce qu’on appelle la matière primordiale », relève-t-il. « On va pouvoir sonder avec des télescopes la composition de la matière qui s’échappe du noyau cométaire, analyser la composition des molécules du panache, et remonter ainsi à la composition du noyau et des briques de base qui ont créé les objets du système solaire ».

Un apéritif prometteur pour la communauté des astronomes avant le lancement, prévu en 2029, de la mission européenne Comet Interceptor. Ses trois vaisseaux attendront, en « orbite parking » autour de la Terre, le signalement par les télescopes au sol les plus puissants d’une autre comète du type Tsuchinshan-Atlas. L’idée est d’intercepter son orbite pour observer d’encore plus près la matière primordiale.