Interpol publie ses « notices noires » pour tenter d’identifier 46 femmes mortes
Cold Case•Lancée en France, la campagne « Identify Me » ou « Identifiez-moi » a été élargie à six pays d’Europe
Camille Allain
L'essentiel
- Interpol et six pays européens lancent une campagne grand public pour tenter d’identifier 46 femmes mortes sans explications.
- La campagne « Identify Me » lancée en 2023 a déjà permis d’identifier une ressortissante britannique qui avait disparu en 2002, grâce à son tatouage.
- Des « notices noires » contenant des photos, des reconstitutions et des détails des enquêtes sont dévoilées au grand public.
Quarante-six femmes. Quarante-six victimes décédées dans des circonstances suspectes ou inexpliquées. Mais aucun nom, pas d’identité. Ce jeudi, Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon, a lancé une grande campagne avec l’appui de six pays européens pour tenter d’élucider 46 affaires non résolues. Des cadavres découverts depuis des années mais qui n’ont jamais pu être identifiés.
A chaque fois, Interpol leur a donné « un nom ». La femme à la canne, la femme avec le tee-shirt « Little Italy », la femme qui n’était pas seule, la femme sur la route… Cette semaine, des portraits reconstitués de ces victimes, accompagnés de « notices noires » extraites des fichiers de la police, ont été diffusés sur ce site dédié. Toutes sont mortes « dans des circonstances suspectes ou inexpliquées ».
Des affaires vieilles de plus de quarante ans
Cette vaste opération vise à faire appel au grand public pour tenter de mettre un nom sur ces victimes et apporter des réponses à des familles. Certains de ces cold cases remontent à loin, à l’image de « la femme à la pièce de 10 centimes », retrouvée morte en 1982 au Cellier, petite commune de Loire-Atlantique.
Cette initiative de coopération européenne intervient un an et demi après le lancement de la campagne « Identify Me » (« Identifiez-moi ») ouverte en mai 2023 pour tenter de retrouver l’identité de 22 femmes décédées. D’après Interpol, 1.800 renseignements avaient pu être recueillis.
Une identité a déjà été retrouvée
Deux jours après le lancement de la première phase de l’opération, des proches de Rita Roberts avaient contacté le service téléphonique réservé après avoir reconnu le tatouage de fleur de la jeune femme dans les médias. Cette Britannique de 31 ans avait quitté Cardiff en 1992 sans donner de nouvelles à ses proches pendant plusieurs semaines. Son corps sans vie avait été retrouvé à Anvers (Belgique) en juin 1992. « L’enquête a permis de déterminer qu’elle avait été tuée », précise Interpol. « Cet appel donne l’espoir de voir surgir des pistes décisives, de sorte que davantage de femmes puissent être identifiées et que justice soit rendue s’il est établi qu’elles ont été victimes de meurtres », ajoute Interpol.
Lancée en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, la campagne a reçu le soutien de plusieurs célébrités comme l’ancienne sprinteuse Marie-José Pérec ou la chanteuse Axelle Red.
Des secrets de l’enquête dévoilés
Pour tenter d’identifier ces défuntes, Interpol publie des reconstitutions faciales de certaines femmes, dévoilant également des détails extraits des « notices noires », normalement gardées secrètes. Des éléments sur le lieu où le corps a été retrouvé, de l’ADN, des empreintes digitales, des odontogrammes, une description du corps ou des vêtements que la personne portait.
Des photos de vêtements, de bijoux ou d’autres objets découverts près des lieux où les corps ont été retrouvés sont également diffusées. « Le but de la campagne « Identify Me » est simple : nous voulons identifier ces femmes décédées, apporter des réponses à leurs familles et obtenir réparation pour les victimes », a déclaré Jürgen Stock, secrétaire général d’Interpol. « La moindre information peut être décisive et faire la lumière sur ces mystères. Qu’il s’agisse d’un souvenir, d’un renseignement ou d’une anecdote, le détail le plus infime suffit parfois à faire surgir la vérité ».
À lire aussi