la recette de secoursIl manque du personnel, un maire alsacien sert à la cantine

Alsace : Par manque de personnel, le maire d’une petite commune met la main à la pâte à la cantine

la recette de secoursLe maire de Zimmerbach, Benjamin Huin, a personnellement servi les repas à la cantine scolaire du village, faute de personnel suffisant pour assurer le service. Au-delà de l’anecdote, cela témoigne des difficultés de recrutement dans le périscolaire
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Le maire de Zimmerbach, Benjamin Huin, a personnellement servi les repas à la cantine scolaire du village, faute de personnel suffisant pour assurer le service. C’était pour lui « inconcevable qu’on ne les accueille pas pour un problème de personnel ».
  • Selon le maire, il y a actuellement un « profond mal être » et des difficultés à recruter dans tous les secteurs, notamment le soin et les services à la personne. Il faudrait rendre ces professions plus rémunératrices et attractives, simplifier les procédures administratives, et mieux valoriser ces « métiers essentiels ».
  • Deux personnes viennent finalement d’être recrutées pour assurer le service de la cantine scolaire de Zimmerbach. Le maire ne sera donc plus obligé de remettre le couvert.

Et oui, c’est Monsieur le maire qui fait le service aujourd’hui ! Les enfants de la petite commune de Zimmerbach dans le Haut-Rhin sont choyés. Ce n’est pas tous les jours qu’un maire, qui manque de personnels pour assurer le service de la cantine, prend l’initiative de servir les pâtes, fruits et légumes à la pause méridienne aux petits écoliers du village. C’est pourtant le choix de Benjamin Huin, jeune maire de 32 ans, également haut fonctionnaire au ministère de l’Economie et des Finance, qui a pris de son temps en attendant de remédier au problème.

« J’ai une conviction, explique l’élu. Chaque enfant de France doit avoir une place au service public entre midi et deux à la cantine. Pour moi c’était inconcevable qu’on ne les accueille pas pour un problème de personnel. On a trouvé des bénévoles qui se sont relayés pour les garder et les faire manger. Cela m’a donc semblé une façon toute naturelle que je prenne mon tour comme les autres bénévoles, explique Benjamin Huin. J’y suis allé une fois, mon adjointe également, mais aussi des conseillers municipaux, des grands-parents, des parents d’élèves, les adjoints de la commune de Walbach aussi, le village voisin avec qui le périscolaire est jumelé, on a fait tout un roulement. »

Les difficiles recrutements

Le recrutement, une difficulté que « connaissent tous les secteurs de l’économie », souligne le maire. « Pour prendre un exemple, Zimmerbach est un village viticole et pendant tout le mois d’août, j’ai vu les vignerons galérer, il n’y a pas d’autres mots, pour trouver des vendangeurs. Et ce qui me frappe, c’est que pour la grande majorité, ce sont des personnes âgées et des retraités alors qu’il y a des demandeurs d’emploi qui sont en âge de travailler. Ça rappelle quand même un profond mal être et cela se remarque dans tous les corps de métiers, tout le monde a du mal pour trouver des personnes. C’est un vrai sujet avec le rapport au travail dans notre société. »

Pourtant, les élus du village avaient anticipé la demande et calculé dès juin qu’il manquerait deux personnes à la rentrée de septembre. « Zimmerbach est dans ce qu’on appelle un rassemblement pédagogique intercommunal (RPI) c’est-à-dire que les écoles de Zimmerbach et de notre voisin Walbach, au tout début de la vallée de Munster, sont jumelées. Il y a des classes dans les deux villages, mais le périscolaire pour la cantine à la pause méridienne et après les classes se fait entièrement à Zimmerbach. On accueille 70 enfants qui mangent chaque jour à la cantine, et pour cela nous devons avoir réglementairement huit personnels. Il nous en a manqué deux tout le mois de septembre. »

Au-delà de la sympathique anecdote du maire qui sert à manger aux enfants du village, se pose une fois encore la question de l’emploi dans les domaines du soin et des services à la personne, comme dans les hôpitaux, les Ehpad, les services publics de l’enfance… Selon l’élu, plusieurs solutions pourraient significativement y remédier. D’abord « rendre le travail plus rémunérateur que l’inactivité, qu’il soit plus attractif », mais aussi que « cela soit beaucoup plus simple pour les employeurs » d’embaucher. « Il y a trop de règles, trop de normes. Il y a tellement de procédures, de paperasses que cela retarde l’embauche réelle. »

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Un autre levier et non des moindres selon Benjamin Huin, que « ces métiers essentiels soient valorisés », avec plus d’aides aussi pour les employeurs. « Pour nous, le périscolaire est financé par trois choses : par les subventions de la CAF, par ce que les parents d’élèves payent, et enfin par les subventions des deux communes qui s’élèvent à un total de 62.000 euros. Nous aimerions bien l’augmenter mais ce n’est pas possible pour une petite commune rurale ».

En attendant que les choses bougent, les élèves des deux petites communes alsaciennes n’auront plus le plaisir de voir Monsieur le maire servir leur repas. Deux personnes viennent en effet d’être recrutées.