Mobilisation pour le droit à l’avortement, qui ne resterait pas « acquis »

Avortement : Manifestations pour défendre un « droit » qui ne resterait pas « acquis »

MobilisationPlusieurs ministres du gouvernement Barnier avaient voté contre l’inscription de l’IVG dans la constitution il y a six mois
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

«Le droit de choisir est vital ». Dans un climat d’inquiétude et de vigilance, six mois après l’inscription de l’IVG dans la Constitution, des centaines de personnes ont manifesté samedi à Paris et dans plusieurs villes françaises pour défendre le droit à l’avortement. À l’occasion de la journée internationale consacrée à ce droit qui reste entravé voire même inexistant dans certains pays, le cortège s’est élancé dans la capitale, à l’appel du collectif « Avortement en Europe, les femmes décident », regroupant associations féministes et syndicats.

« J’ai avorté il y a deux ans », « j’ai failli mourir », a raconté à l’AFP Marie Chureau, étudiante de 22 ans. En réclamant plus de subventions pour le planning familial et en soulignant selon elle des déficits de pilules abortives dans certaines villes. « L’inscription de l’avortement dans la Constitution n’est pas suffisant, c’est une liberté mais pas un droit », explique-t-elle dans la manifestation parisienne, dont la banderole de tête proclame : « Avorter est un droit fondamental ».

Le texte de l’appel à manifester s’inquiète que puissent être « revues à la baisse » les conditions de la « liberté garantie » d’accès à l’IVG inscrite dans la Constitution en mars, une première dans le monde. Thomas Laurent, 44 ans, un intermittent du spectacle arborant un pin’s de la CGT, estime quant à lui que cette inscription « n’empêchera pas la suppression de l’Aide médicale d’État » qui garantit sous conditions certains soins gratuits à des étrangers en situation irrégulière. « Une raison d’inquiétude » car « les femmes sans papiers n’auront plus accès aux soins gynécologiques et à l’IVG », dit-il.

Des ministres contre la constitutionnalisation

Cette manifestation vient signifier « qu’on est conscient du fait que c’est un droit qui peut à chaque instant être remis en cause et qu’on ne lâchera rien », a averti une manifestante, relevant l’entrée au gouvernement de Michel Barnier de « rares députés et sénateurs » qui « ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG », citant Annie Genevard et Bruno Retailleau.

Selon les chiffres officiels, 243.623 IVG ont été enregistrées en France en 2023, 8.600 de plus qu’en 2022. Mais pour les associations féministes et 89 % des Français, des freins persistent notamment en termes de structures et de délais, selon un baromètre Ifop publié par le Planning Familial. L’association Alliance Vita, qui milite contre l’IVG, soutient au contraire que l’accès a été « simplifié, voire banalisé ». Le Premier ministre Michel Barnier a assuré que les « droits acquis », notamment en matière d'avortement, seraient « intégralement préservés ».