HOMONYMIEUn habitant de Haute-Loire confondu avec un des accusés de viols de Gisèle Pelicot

Procès des viols de Mazan : Cet habitant de Haute-Loire vit un enfer depuis qu’il est confondu avec un des accusés

HOMONYMIEDepuis la diffusion de la liste des accusés des viols commis envers Gisèle Pelicot, Cédric Venzin reçoit des menaces, confondu avec un des 51 hommes impliqués dans cette affaire
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Alors qu’il n’a « rien à voir » avec cette affaire, un habitant de Haute-Loire reçoit des menaces sur Internet depuis le début du procès des 51 hommes accusés des viols envers Gisèle Pelicot.
  • Il porte le même nom de famille qu’un des accusés et un prénom très proche. « Moi c’est Cédric, pas Cendric », rappelle-t-il, pointant qu’une « lettre peut vraiment tout changer ».
  • Des Internautes ont alors diffusé sa photo avec écrit « violeur » sur sa tête, raconte-t-il. Après avoir essayé de stopper les responsables, il a décidé de porter plainte.

«Une lettre peut vraiment tout changer. Moi, c’est Cédric, pas Cendric », s’exclame, très agacé, Cédric Venzin. Après des semaines de menaces, cet habitant de Haute-Loire a décidé de porter plainte. « Des internautes me prennent pour l’un des accusés des viols commis envers Gisèle Pelicot, à Mazan, à plus de 3h30 de chez moi, explique-t-il auprès de 20 Minutes. Des photos et des vidéos de moi circulent sur Internet avec écrit ''violeur'' sur ma tête alors que je n’ai rien à voir avec cette histoire ! »

Après la diffusion de la liste des accusés sur les réseaux sociaux, ce quadragénaire a reçu des messages de haine. « Ils m’ont pris pour Cendric, pensant que c’était une faute de frappe. Oui, on a le même nom de famille mais non, nous ne sommes pas la même personne. Depuis, j’ai eu le droit à des ''sale violeur'', ''on espère que tu finiras en prison'', du matin au soir », confie-t-il. Avec sa compagne, ils ont alors passé des jours entiers à scruter TikTok pour contacter les comptes qui diffusaient ces fausses informations. « Certains se sont excusés et ont enlevé leurs publications, d’autres n’ont même pas répondu et nous ont bloqués », indique-t-il.

« Ce n’est pas sans conséquence de diffamer quelqu’un »

Au-delà des insultes, Cédric a peur des plus graves répercussions de cette homonymie. « J’ai une famille, j’ai des enfants. On ne sait jamais ce qu’il se passe dans la tête des gens. Imaginons un fou qui veut faire justice lui-même qui vient jusque chez moi pour s’en prendre à nous, lance ce père de 42 ans. Et puis, je suis pizzaïolo aussi. Cette histoire touche aussi mon activité professionnelle. On sait qu’aujourd’hui, les potentiels clients regardent beaucoup les avis sur Internet. Qu’est-ce qu’ils vont se dire quand ils verront mon nom associé à un violeur ? ! »

Face à cette situation, il a décidé d’écrire au procureur pour « se sécuriser ». « Au cas où il m’arrive quelque chose, je préfère avoir tout essayé, dit-il. Moi, je n’ai rien demandé et je me retrouve impliqué. Ma vie entière est touchée alors que les responsables sont tranquilles, cachés derrière leur pseudo TikTok. En plus, je suis plutôt quelqu’un de discret, au fin fond de ma campagne et là, ça met l’œil sur nous à cause d’une lettre qui change. »

Cédric Venzin espère aussi que son cas servira « de leçon » aux internautes tentés. « Je porte plainte aussi pour que les personnes se rendent compte de la gravité de ce qu’elles font. Ce n’est pas sans conséquence de diffamer quelqu’un. On ne peut pas écrire n’importe quoi sur Internet, il faut savoir lire, se renseigner avant de publier quelque chose. » Et ce genre d’erreur, « ça peut coûter cher », pointe-t-il. En cas de diffamation publique, les auteurs encourent jusqu’à 12.000 euros d’amende.