Guérande : Excédés par cette route « dangereuse », des riverains vont s’occuper eux-mêmes des travaux
« FORTES Têtes »•Un collectif d’habitants annonce une journée de travaux, samedi, le long de la route départementale qui traverse le village de Sandun (Loire-Atlantique). Objectif : installer leur propre passerelle piétonne, sans attendre le projet de la mairie
Julie Urbach
L'essentiel
- Un groupe d’habitants de Guérande projette d’aménager, samedi sur un terrain privé, une passerelle pour les piétons le long d’un pont jugé « dangereux ».
- La mairie, qui doit lancer son chantier de sécurisation du secteur en octobre, rappelle qu’il y a des règles à respecter « notamment sur le plan urbanistique et environnemental ».
«Moi j’ai des pelles, des amis, et quarante ans de travaux publics derrière moi, alors vous savez… » Voilà ce que répond Joseph Michel quand on lui demande si son projet est bien réfléchi. Cet habitant très déterminé de Sandun, un petit village de Guérande (Loire-Atlantique), annonce se lancer dans un étonnant chantier, samedi, aidé par un groupe d’habitants : aménager une passerelle pour les piétons le long d’un pont jugé « dangereux », en raison de ses trottoirs trop étroits et d’une petite dizaine de milliers de véhicules qui l’empruntent quotidiennement.
Avec le collectif de riverains de la RD47 qu’il préside, il a décidé d’agir par lui-même, quelques mois après que la mairie a présenté un plan de sécurisation du site, jugé non satisfaisant. Son objectif à lui, c’est que les enfants du village, passants ou randonneurs n’aient tout simplement plus à longer cette route départementale, où « les voitures vous frôlent » à 50 km/h mais parfois davantage. L’idée, c’est donc d’ériger une passerelle en parallèle, sur un terrain privé où coule le petit cours d’eau.
Après avoir convaincu le propriétaire du marais, Joseph Michel est passé aux choses sérieuses. Depuis quelques jours, la fameuse passerelle « est construite », notamment grâce à des dons d’entreprises locales, assure-t-il. « Elle mesure 12 mètres de long et est composée de pontons de bateau, rapporte l’homme. C’est très résistant, avec dessus un revêtement antidérapant. Il faudra poser des traverses, puis on fera évidemment venir un bureau d’études avant son ouverture aux piétons. »
« Il y a des règles », rappelle la mairie
Un élément censé rassurer certains habitants qui s’interrogent sur cette drôle d’entreprise, menée évidemment sans autorisation. « On a été leur rappeler qu’il y a des enjeux en matière de responsabilités et qu’il existe des règles, notamment sur le plan urbanistique et environnemental, commente-t-on à la mairie de Guérande, où la situation agace. Après, s’ils souhaitent le faire, ils le feront… Nous, notre rôle est de continuer la médiation, d’expliquer en quoi notre projet, pour lequel on met tout de même 700.000 euros, répond à cette problématique de sécurité que l’on a bien identifiée. »
D’ici au mois d’octobre, un chantier de sécurisation officiel doit en effet commencer autour du pont. Tout le secteur sera réduit à 30 km/h, avec l’installation de plateaux ralentisseurs, d’îlots centraux, ou encore la « mise aux normes » des trottoirs et de l’arrêt de bus scolaire, dans une logique de « zone apaisée ». Mais le pont en tant que tel, dont l’un des trottoirs mesure seulement 70 cm de large, ne sera pas réaménagé dans la mesure où il appartient au département…
« On ne baissera pas les bras, on est des fortes têtes, promet Joseph Michel, qui voit des « menaces » derrière les remarques adressées ces derniers jours par la mairie. Personne ne veut faire d’effort, alors nous on va y aller. »