malaiseCaroline Fourest se fait reprendre de volée par une auditrice en direct

#MeToo : Venue défendre son nouveau livre, Caroline Fourest est reprise de volée par une auditrice

malaiseUn échange poignant entre une auditrice et Caroline Fourest a mis en lumière les tensions autour de la hiérarchisation des violences sexuelles dont l’essayiste parle dans son nouvel ouvrage « Le vertige MeToo »
Anne-Fleur Andrle

Anne-Fleur Andrle

L'essentiel

  • Caroline Fourest, invitée de France Inter, a présenté Le Vertige MeToo son nouvel ouvrage dans lequel elle analyse les avancées et dérives du mouvement #MeToo.
  • Une auditrice, Laurence, victime d’inceste, a exprimé son malaise face à la hiérarchisation des violences défendue par Fourest, estimant que ce « n’est pas le moment de la nuance ».
  • L’échange tendu semble illustrer les tensions autour du mouvement MeToo, entre la nécessité de justice et le risque de discréditer la parole des victimes.

Ce mercredi, la journaliste et essayiste Caroline Fourest était l’invitée du « Grand Entretien » dans la matinale de France Inter pour présenter son dernier livre Le Vertige MeToo, publié aux éditions Grasset. L’ouvrage se penche sur la « révolution sexuelle » enclenchée par l’affaire Weinstein et l’essor du mouvement #MeToo, avec une approche à la fois reconnaissante et critique des bouleversements qu’il a apportés. L’émission, animée par Léa Salamé, a pris une tournure inattendue lorsqu’une auditrice, Laurence, victime d’inceste, a appelé le standard de l’émission afin d’exprimer son désaccord face à certaines des idées de Fourest.

Il raconte quoi au juste « Le Vertige MeToo » ?

Dans Le Vertige MeToo sorti ce mercredi, Caroline Fourest revient sur les avancées majeures du mouvement #MeToo, notamment la libération de la parole des femmes et la lutte contre l’impunité des agresseurs sexuels. Elle explique y mettre en lumière l’impact positif de ce mouvement, qui a permis de briser un silence longtemps imposé aux victimes.

La journaliste aborde également les dérives possibles de cette libération de la parole, pointant du doigt des cas où des accusations ont mené à une véritable « mort sociale » de certains individus, parfois sur des bases jugées légères ou sans preuves solides. Caroline Fourest plaide pour une « réponse graduée » face aux violences sexuelles, estimant que tous les comportements ne doivent pas être traités de la même manière. Elle appelle à un féminisme « juste » et responsable, qui doit éviter de broyer des innocents tout en continuant à protéger et écouter les victimes.

Le nouveau livre de Caroline Fourest, « Le vertige MeToo » est sorti mercredi 11 septembre 2024 aux Editions Grasset.
Le nouveau livre de Caroline Fourest, « Le vertige MeToo » est sorti mercredi 11 septembre 2024 aux Editions Grasset. - Capture d'écran

« On n’est pas dans le moment de la nuance » : le malaise

C’est précisément cette approche nuancée qui a suscité une vive réaction de la part de Laurence, une auditrice de l’émission. Laurence explique avoir été victime d’inceste et d’agressions sexuelles tout au long de sa vie. Visiblement très émue, elle a expliqué qu’elle avait du mal à entendre Caroline Fourest, qui se revendique féministe, défendre l’idée de hiérarchisation des violences. « On n’est pas dans le moment de la nuance », a-t-elle affirmé, soulignant que c’est déjà un combat difficile de briser le silence, et que la justice intervient seulement une fois cette omerta dépassée.

Face à cette critique, Caroline Fourest a répondu avec émotion : « Ce que vous dites, Madame, ça me brise en mille morceaux. » Elle a insisté sur le fait que son objectif n’est pas de discréditer la parole des victimes, mais plutôt d’éviter que toutes les accusations, qu’elles soient graves ou moins graves, soient placées sur le même plan. L’autrice de Le vertige MeToo a rappelé que son engagement en faveur des victimes de violences sexuelles était au cœur de son travail depuis des décennies, mais qu’il est essentiel selon elle de faire la distinction entre différentes formes de violences pour maintenir la légitimité du mouvement #MeToo.

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Laurence, encore affectée, a expliqué qu’elle trouvait dangereux d’exiger de la nuance lorsqu’on s’adresse à des victimes en plein traumatisme. Elle a souligné que ces propos peuvent être perçus comme un moyen de discréditer la parole des femmes.

Un débat qui reflète les tensions autour du mouvement MeToo

Léa Salamé, l’animatrice de l’émission, est intervenue pour apaiser le débat, reconnaissant la sensibilité du sujet. Elle a à son tour suggéré qu’il est peut-être encore trop tôt pour imposer la nuance dans un débat aussi émotionnel. Elle a aussi rappelé une phrase du livre de Caroline Fourest, où celle-ci écrit qu’il est préférable de dire « Je t’écoute » plutôt que « Je te crois », en insistant sur l’importance d’écouter la victime tout en examinant les faits avec attention.

Plus d'infos sur les violences sexuelles par ici

Cet échange intense montre la complexité des discussions autour du mouvement #MeToo. D’un côté, Caroline Fourest appelle à une réflexion plus nuancée pour éviter les dérives, tandis que de l’autre, certaines victimes comme Laurence craignent que cette nuance ne freine la prise au sérieux de leur parole, encore fragile dans une société où le silence a longtemps dominé.