La RATP convoque un contrôleur en entretien après un passage flouté sur M6

RATP : Un contrôleur menacé de révocation suite à un passage flouté à la télévision

accusationDans un reportage sur M6 diffusé le 30 juin dernier, un salarié au visage flouté a dénoncé les pratiques abusives des contrôleurs RATP. Un contrôleur est convoqué pour le 6 août par la direction, sans preuve formelle de son identité
Octave Odola

Octave Odola

L'essentiel

  • Dans un reportage sur M6, un salarié de la RATP a dénoncé la politique du chiffre de son entreprise en matière de contrôles.
  • Malgré le témoignage anonymisé, un contrôleur, soupçonné d’être l’homme interviewé, a été convoqué mardi 6 août par sa direction à un entretien préalable à une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la révocation.
  • Le contrôleur convoqué dément avoir témoigné à la télévision, estimant payer son étiquette de « grande gueule ».

Un enchaînement qu’il n’arrive plus à contrôler. Il y a quelques jours, Antoine*, contrôleur à la RATP, a reçu un courrier le convoquant à « un entretien préalable pour une mesure disciplinaire pouvant aller jusqu’à la révocation ». Il sera reçu le 6 août prochain par le service des ressources humaines, comme l’indique la lettre de convocation, que 20 Minutes a pu consulter.

La direction reproche à son salarié sa participation à l’émission d’enquête 66 Minutes de M6, diffusée le 30 juin dernier. Dans ce reportage, un salarié au visage flouté et à la voix altérée pour préserver son anonymat, dénonce la politique du chiffre des contrôleurs. Selon lui, ils seraient incités financièrement à dresser le plus d’amendes possibles.

« Plus vous faites du sale, plus vous évoluez »

« Le 1er juillet, vous avez indiqué lors d’un AIC (N.D.L.R : une réunion d’équipe) être l’auteur d’un témoignage dans un reportage télévisé de M6 sans autorisation de l’employeur », indique l’entreprise dans le courrier de convocation.

« Vous faites état d’une pression sur le chiffre en mentionnant, malgré leur caractère confidentiel, le système de rémunération des contrôleurs (prime qualité de service variable annuelle 1000 euros) », mentionne la lettre, qui reprend les éléments du reportage.

Il lui est notamment reproché au salarié la déclaration suivante : « l’agent a une pression de ses managers, à savoir que plus il en fait, plus il va évoluer professionnellement, plus vous faites du sale, plus vous évoluez. »

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Le salarié convoqué dément avoir témoigné

Sauf qu’Antoine conteste avoir participé à l’émission. « Le reportage a été évoqué lors d’un briefing, j’ai dit sur le ton de la blague que c’était moi, sauf que ça a été pris au sérieux. »

Bien qu’il estime ne pas avoir tenu ces propos, Antoine affirme que « le reportage en lui-même dit la stricte vérité » sur les contrôles abusifs. « J’ai plus de vingt ans d’ancienneté, donc personnellement je m’en fous du chiffre. Mais les nouveaux ont les dents longues, ils savent qu’il faut ramener du chiffre pour évoluer. »

Le salarié a été écarté de son équipe de contrôle jusqu’à l’entretien. À la place, il a été chargé d’effectuer d’autres missions sur différentes lignes de bus. Le contrôleur dit avoir été victime d’une agression et est actuellement en arrêt maladie.

« Dénoncer de mauvais comportements (…) ne devrait pas être sanctionné »

« Antoine indique que ce n’est pas lui qui a témoigné. Mais, même s’il l’avait fait, dénoncer des mauvais comportements de contrôleurs ne devrait pas être sanctionné. Quand quelqu’un fait mal son boulot, c’est normal de le signaler », estime Ahmed Berrahal, délégué syndical à la CGT-RATP.

Selon le syndicaliste, c’est la situation des lanceurs d’alerte dans l’entreprise qui est préoccupante. « La RATP veut faire un exemple de ce cas, pour que plus personne ne passe à la télévision et ne dénonce les mauvaises pratiques. »

Aujourd’hui, Antoine craint « de prendre la porte » après deux décennies d’ancienneté. Le contrôleur estime payer son image de « grande gueule ».

*Le prénom a été modifié