Nord : Un éleveur bio se bat pour sauver sa ferme, pris à la gorge par sa banque
compte à rebours•Sauf miracle, l’élevage bio de Jean-Christophe Bertrand sera déclaré en liquidation judiciaire dans quelques jours faute de pouvoir payer les intérêts demandés par sa banque
Mikaël Libert
L'essentiel
- Jean-Christophe Bertrand, éleveur de vaches limousines bio, est endetté à hauteur de 90.000 euros auprès de sa banque et risque la liquidation judiciaire de sa ferme d’ici 10 jours.
- Initialement, sa dette était de moins de 40.000 euros, mais les intérêts de retard validés par le mandataire judiciaire depuis 2019 ont fait grimper le montant.
- Pour éviter la vente aux enchères de sa ferme, de son matériel et de son cheptel, Jean-Christophe Bertrand a lancé une cagnotte en ligne qui a récolté 21.000 euros à ce jour auprès de 500 donateurs.
Dans moins de dix jours, l’élevage de Jean-Christophe Bertrand, situé à Petit-Fayt, dans le Nord, sera placé en liquidation judiciaire. Sa ferme, son matériel et surtout la centaine de vaches limousines bio qu’il possède seront vendus aux enchères. Toute une vie démantelée et éparpillée pour rembourser un prêt bancaire dont les intérêts ont fait s’envoler le montant qui atteint désormais 90.000 euros.
La belle aventure de Jean-Christophe Bertrand, commencée en 2008 lorsqu’il a repris l’exploitation de sa cousine, risque de se terminer sur la paille, voire à la rue. Dès l’année qui suit son installation, sa banque lui réclame le remboursement de ses prêts en prononçant une déchéance de terme. Impossible en l’état alors pour l’éleveur qui est, selon la Voix du Nord, placé sous procédure de sauvegarde.
Les intérêts font bondir le montant de sa dette
En 2021, pour tâcher de se sortir de cette situation, Jean-Christophe Bertrand accepte un plan de redressement judiciaire qui lui permettrait de solder une partie de sa créance sans mettre la clé sous la porte. La condition est de vendre une grande partie de ses prairies dont il devient locataire. Après cette opération, sa dette ne se chiffrait plus qu’à moins de 40.000 euros.
Sauf que, depuis, « le mandataire judiciaire a validé les intérêts de retard depuis avril 2019 », explique l’éleveur. Le total grimpe alors à plus de 90.000 euros et la contestation en justice de l’éleveur est rejetée. « La juridiction a confirmé que je devais les payer avant le 3 juillet 2024 », déplore-t-il.
Ne ratez rien de l'actu agricoleDans l’impasse, Jean-Christophe Bertrand n’a pas 36 solutions. Soit il se résout à vendre 80 % de son cheptel et tente de repartir à zéro. Soit la générosité des gens lui permet de se débarrasser de sa créance. Pour cette deuxième solution, il a lancé une cagnotte en ligne. Plus de 500 personnes ont déjà fait un don à l’éleveur pour qu’il évite la liquidation, mais les 21.000 euros récoltés sont encore loin de la somme espérée.