« Je vous saurais gré » ou « je vous serais gré », que faut-il écrire ?

« Je vous saurais gré » ou « je vous serais gré » : Que faut-il écrire ?

FrançaisÊtre gré ou savoir gré, telle est la question. Heureusement, 20 Minutes a la réponse… et elle risque de vous surprendre (bien sûr)
Frédéric Henry pour 20 Minutes

Frédéric Henry pour 20 Minutes

L'essentiel

  • L’expression correcte est « je vous saurais gré ».
  • On ne peut en aucun cas dire « serais gré ».
  • La confusion est sans doute d’origine phonétique.

«Cher Monsieur, je vous serais gré de m’adresser votre règlement au plus vite ». Vous l’avez formulé si poliment, pourquoi diable Monsieur ne réagit-il pas ? Probablement parce que votre mésusage de l’expression « je vous saurais gré » l’a contrarié. Hein ? Quoi ? « Saurais gré » ? Oui, et on vous explique tout de suite pourquoi.

Quand employer « je vous saurais gré » ?

Lorsque l’on souhaite exprimer une demande tout en faisant preuve de politesse (et, pour être précis, de gratitude anticipée) :

  • « Je vous saurais gré de me rappeler dès que possible. »
  • « Je vous saurais gré de ne pas accepter sa proposition. »

Savoir gré ? Mais qu’est-ce que c’est ?

La locution remonte au Moyen-Âge. En vieux français, le mot « gré » est synonyme de « gratitude » (avec lequel il partage d’ailleurs son origine latine). Pourquoi était-il associé au verbe « savoir » ? Parce que « savoir », ici, s’entend dans le sens d’« être conscient de ». En gros, lorsqu’un chevalier médiéval savait gré, il était conscient de la reconnaissance qu’il éprouvait. Certes, le vieux français peut parfois nous paraître un peu tordu…

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Pourquoi est-on tenté d’être gré ?

Allez, avouez-le, comme tout le monde, il vous prend de temps en temps l’envie d’être gré. D’ailleurs, quiconque a déjà été gré sait à quel point c’est agréable. Ben oui, mais non. En réalité, il n’a jamais, nulle part été question d’« être gré » pour exprimer une requête ou quelque gratitude. La raison de cette confusion est probablement liée à l’alliance malheureuse d’un facteur phonétique et d’un facteur sémantique :

  • D’une part, on est reconnaissant à quelqu’un d’accéder à une requête. Il semble donc logique d’être gré. Sauf que « gré » n’est pas un adjectif.
  • D’autre part, « saurais » est phonétiquement très proche de « serais ». On peut donc aisément croire qu’on entend l’un plutôt que l’autre.

Quoi qu’il en soit, à l’avenir, vos interlocuteurs vous sauront gré de ne plus être gré.