Passer le bac à 9 ans, ce record de précocité qui turlupine les chercheurs

Bac 2024 : « Des petits génies, il y en a toujours eu »… Passer le bac à 9 ans, un record si improbable ?

petit génieAu sein de l’académie de Strasbourg, une enfant de 9 ans va se présenter aux épreuves du baccalauréat général ce mardi. Un record de précocité qui interroge sur les capacités intellectuelles de nos progénitures
Lise Abou Mansour

L.A.

L'essentiel

  • Au sein de l’académie de Strasbourg, une enfant de 9 ans va se présenter aux épreuves du baccalauréat général ce mardi. Un record de précocité.
  • Jusqu’où va-t-on aller ? Et surtout, est-ce que c’est maintenant si extraordinaire que ça de passer son bac à 9 ans ?
  • « Si on passe beaucoup de temps à pousser tous les apprentissages, plein de choses peuvent être apprises par cœur et cela peut fonctionner chez les enfants », explique Romain Quentin, chercheur en neurosciences à l’Inserm.

9 ans. C’est l’âge de la plus jeune candidate de cette année au baccalauréat général et technologique qui débute ce mardi. Alors qu’elle devrait être en CE2, l’élève de l’académie de Strasbourg est inscrite en candidate libre. Il s’agit d’un record dans l’histoire de l’examen.

Les candidats les plus jeunes qui se présentent au baccalauréat sont en général plutôt âgés de 12 ou 13 ans. L’an dernier, le candidat le plus jeune était âgé de 12 ans. Ce record pose donc une question : Jusqu’où va-t-on aller ? Et surtout, est-ce que c’est maintenant si extraordinaire que ça de passer son bac à 9 ans ?

Des capacités hors normes

« Des petits génies, il y en a toujours eu, rappelle Dominique Sappey-Marinier, enseignant chercheur en biophysique et neurosciences à la faculté de médecine de Lyon-1. Si on fait partie de cette catégorie, passer son bac à 9 ans n’est pas anormal. » Par « petits génies », le chercheur entend des enfants aux capacités cognitives d’apprentissage, de compréhension ou de mémorisation hors normes.

« On ne sait pas vraiment à quoi sont dues ces capacités, c’est à la fois de l’inné et de l’acquis, selon Romain Quentin, chercheur en neurosciences à l’Inserm. Mais on repère souvent une hypermnésie chez certaines personnes ayant un trouble autistique, notamment chez les Asperger. »

Le rôle des parents

Mais cette précocité n’est pas seulement liée à des capacités intellectuelles hors normes. Le rôle des parents est aussi primordial. « Même si un enfant est un petit génie, s’il ne travaille pas, ça ne se verra pas forcément, estime l’enseignant-chercheur. Quand on apprend, le cerveau travaille et cela va créer des neurones, des nouveaux chemins. »

Pour Romain Quentin, rien d’étonnant donc. « Si on passe beaucoup de temps à pousser tous les apprentissages, plein de choses peuvent être apprises par cœur et cela peut fonctionner chez les enfants. » Car pour le bac, il s’agit avant tout d’apprentissage par cœur. « Là, on parle d’aptitudes scolaires qui sont surtout liées à des concepts donc il faut travailler pour les retenir », soutient le chercheur.

Et selon Dominique Sappey-Marinier, en termes de quantité d’informations, le bac ne serait pas grand-chose à côté d’autres apprentissages de l’enfance. « C’est une période au cours de laquelle on apprend énormément d’informations, notamment lors de l’acquisition du langage. »

Pas en dessous de 7 ans

Le cerveau de l’enfant n’a-t-il donc aucune limite ? Si, rassurez-vous. « On a un cerveau un peu complet qu’à partir de 6-7 ans, explique Dominique Sappey-Marinier. C’est seulement à cet âge qu’il aura à peu près la même structure qu’un cerveau d’adulte. » Le fameux « âge mûr ». Avant cet âge, certaines fonctions ne sont pas encore complètement assimilées. C’est par exemple le cas de la latéralisation du cerveau. « Avant 5 ou 6 ans, les enfants peuvent écrire un B à l’envers par exemple, ou écrire d’une main et d’une autre », poursuit Romain Quentin.

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Mais une autre question turlupine le chercheur : « est-ce que ce n’est pas pousser un enfant pour battre un record au risque de retarder d’autres types d’apprentissage comme la sociabilité ou la gestion des émotions ? » Une question qui revient à chaque annonce d’un nouveau record de précocité d’un candidat au baccalauréat.