Musée Jules Verne à Nantes : L’écrivain taxé de « sexiste et colonialiste » par un collectif nantais
retour de baton•Sur les bords de Loire, la Cité des imaginaires et son grand musée dédié à l’écrivain français doivent voir le jour fin 2028. Mais le projet culturel est loin de faire l’unanimité
J.G.
L'essentiel
- La Cité des imaginaires abritant un grand musée Jules Verne doit ouvrir ses portes fin 2028 sur les bords de Loire à Nantes.
- Le projet est vivement contesté par le collectif de riverains La commune de Chantenay qui estime qu’il est « toxique, coûteux et destructeur du vivant et du lien social ».
- Le collectif dénonce aussi « l’héritage toxique » de l’écrivain et « son idéologie sexiste, racialiste et colonialiste ».
Les contours du projet ont été détaillés il y a dix jours. Fin 2028, pour le bicentenaire de la naissance de Jules Verne, la Cité des imaginaires, qui abritera un grand musée dédié à l’écrivain, ouvrira ses portes dans le bâtiment 44 situé en bord de Loire à Nantes. « Ce sera un lieu de contemplation et de partage », a souligné Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole, en présentant le projet architectural lauréat.
Dans la Cité des Ducs, tout le monde ne partage pourtant pas cet enthousiasme. Souvent très critique sur l’évolution de leur quartier, le collectif de riverains La commune de Chantenay dénonce ainsi « un projet toxique, coûteux et destructeur du vivant et du lien social ». Dans un communiqué, le collectif estime notamment que ce nouveau lieu est « une aberration » d’un point de vue écologique et n’a que pour but de « drainer des touristes au profit de l’industrie hôtelière et la restauration ».
« L’héritage toxique » laissé par Jules Verne
Mais il s’attaque aussi à l’image de Jules Verne, né à Nantes le 8 février 1828. Selon ces riverains, l’écrivain a laissé « un héritage toxique ». « Ceux et celles qui l’ont vraiment lu savent qu’il est difficile de trouver un seul de ses 82 romans qui ne porte pas de traces indélébiles d’idéologie sexiste, racialiste et colonialiste, tout en vénérant les machines et le « progrès » du capitalisme prédateur au XIXe siècle », s’offusquent-ils.
« La métropole nantaise et ses élus ne peuvent fermer les yeux sur la place et le rôle de l’imaginaire vernien dans l’histoire coloniale et dans la crise écologique contemporaine », poursuivent-ils, avant d’émettre enfin des doutes sur le budget du projet, estimé à 50 millions d’euros.
Selon ces riverains, les chiffres annoncés « paraissent rejouer la sous-estimation de l’Arbre aux hérons, sans parler de l’inflation, des surcoûts de désamiantage du Cap 44, des aménagements intérieurs du musée, et des abords pour parquer des autocars ».