Déjà quarante déclenchements « réels » de FR-Alert, pour quels usages ?

FR-Alert : Déjà quarante déclenchements « réels », pour quels usages ?

fausse alerte ?Sur les 205 déclenchements du dispositif, 40 ont concerné des situations réelles, surtout pour des risques environnementaux, mais parfois pour des usages légers comme une rave party ou une course à pied
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Le dispositif Fr-Alert a surpris ce lundi les parisiens avec l’émission d’un message d'« alerte extrêmement grave » pour les inviter à récupérer leur QR code pour circuler à l’ouverture des JO.
  • Lancé le 21 juin 2022, le dispositif a déjà été déclenché 205 fois, dont 40 fois pour des situations réelles et non des exercices.
  • Le déclenchement parisien questionne sur l’usage de ces messages émis à l’initiative des préfectures. Tour d’horizon des situations réelles pour lesquelles il a été utilisé.

Une sonnerie on ne peut plus stridente et continue. Lancé le 21 juin 2022, le dispositif FR-Alert, qui a pour objectif de prévenir par un SMS les populations sujettes à « un danger grave et imminent » a retenti une 205e fois en France, ce 13 mai à Paris.

Un usage jugé exagéré par une partie de la population francilienne dans ce dernier cas où le message libellé « IMPORTANT », invitait « riverains, salariés, commerçants, clients d’hôtels ou de restaurants » à se connecter à la plateforme « pass-jeux » pour obtenir un QR code qui leur permettra de circuler dans les zones concernées par la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. Assez loin donc a priori de sa fonction première d’alerter en cas de « danger imminent ou un risque majeur », explique le site du gouvernement. Une notion toutefois laissée à l’appréciation des préfets et préfètes de France, qui ont la main sur le déclenchement de l’envoi du message groupé.

Une écrasante majorité pour des phénomènes météo

Des 205 activations de FR-Alert par les préfectures, 40 de ces messages n’étaient pas un exercice, en incluant celui de ce 13 mai, pas encore entré dans les datas du site Fr-alerte.gouv.fr. Et si l’on peut se réjouir de la légèreté avec laquelle cette procédure d’urgence, signifiant en creux que relativement peu d’événements graves ont frappé les Français, cela questionne toutefois sur ses usages prévus. Tour des horizons des situations réelles pour lesquelles il a déjà été déclenché :

Des 40 déclenchements « réels », 34 concernent des phénomènes météos et treize des crues. Comme entre le 30 mars et le 1er avril de ce printemps, quand sept messages d’alerte ont été envoyés pour prévenir les départements violemment touchés par la tempête « Nelson ». Crues qui avaient fait quatre morts en France dans la tempête Monica, essuyée un mois plus tôt. Et logiquement ce sont les pluies intenses et les vents violents accompagnant ces tempêtes qui représentent le reste des alertes de type météorologique.

Au rayon des risques environnementaux figure également les feux de forêt par deux fois dans le Sud-Ouest et un accident industriel, signalé ce 8 janvier à Saint-Chély, en Lozère, dans une usine d’Arcelor Mittal, frappé par un incendie.

Cyclone et éruption volcanique à La Réunion

Si les îles françaises des Antilles n’ont connu pour l’heure que des messages d’exercices, les habitants de La Réunion ont eux été confrontés à deux des risques environnementaux majeurs de l’île : les cyclones, comme en février, et les risques géologiques d’éruption du volcan du piton de la Fournaise avec des messages diffusés en avril et juillet 2023. Cette éruption avait duré jusqu’au mois d’août et n’a pas fait de victime.

Important : Vipères au teknival et course à pied festive

Comme tout nouvel outil, on peut parfois s’interroger sur son usage. Ainsi, le 20 mai 2023, la préfecture de l’Indre a ciblé les participants d’un teknival qui se déroulait non loin de Châteauroux pour les alerter des risques de morsures de vipères. Deux cas survenus lors de l’événement ayant été déjà rapportés aux autorités.

Tout récemment ce 9 mai, un autre déclenchement a été fait à l’adresse des habitants de Coutances, en Normandie ; car s’y déroulait la « Color run », course à pied festive de 5 km ponctué d’un concert. Les autorités de la manche diffusaient dans leur message les rues fermées à la circulation motorisée en ville.