Mayotte : Tout comprendre à la mort du choléra d’un enfant de trois ans
Epidémie•Depuis mi-mars, 58 cas de choléra ont été recensés par les autorités mahoraises, dont six cas actifs lors du dernier bilan en date du 6 mai
Alexandre Vella
L'essentiel
- Un enfant de trois ans est mort à Mayotte du choléra ce mercredi.
- Il s’agit de la première victime d’une épidémie qui s’est déclarée mi-mars.
- Pour l’heure, les autorités sanitaires ont compté 58 cas depuis le début de l’épidémie.
«Choisir entre la peste et le choléra ». L’expression est restée dans la langue française et ne devrait être qu’un reliquat du passé, comme mettre « charrue avant les bœufs ». A Mayotte, ceci dit et pour l’heure, le « choix » se limite au choléra. Un enfant de trois ans est mort de cette maladie provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminée par les selles d’une personne infectée. 20 Minutes fait le point sur cette maladie d’un autre âge et sur l’épidémie en cours.
Le choléra, ce n’est pas que dans les livres d’histoire ?
Eh bien non. Même si la dernière épidémie à frapper l’Europe et la France continentale remonte à la seconde moitié du XIXe siècle, la maladie a continué de sévir régulièrement dans les régions les plus pauvres et densément peuplées du monde.
Actuellement, 58 cas ont été recensés à Mayotte, archipel français situé dans l’océan indien, depuis la mi-mars. Les premiers cas avaient été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l’épidémie flambe avec 98 décès selon le dernier bilan officiel. Dans le monde, en 2022, 472.697 cas et 2.349 décès ont été notifiés à l’OMS.
De quoi meurt-on avec le choléra ?
On meurt de déshydratation. Le choléra provoque d’importantes diarrhées qui conduisent à une déshydratation sévère, et à la mort dans le pire des cas. Techniquement, « les bacilles, ou vibrions cholériques, sécrètent dans l’intestin la toxine cholérique, qui provoque la perte d’eau et d’électrolytes, jusqu’à 15-20 litres par jour », précise Santé publique France.
Toutefois, la plupart des personnes contaminées ne présentent peu ou pas de symptômes. Moins de 20 % des malades développent l’ensemble des symptômes, avec des diarrhées aqueuses abondantes et des vomissements qui, sans prise en charge peuvent mener à la mort en un à trois jours, ajoute le site du gouvernement.
Que sait-on de l’enfant décédé à Mayotte ?
Peu de choses en réalité. Il vivait dans la ville de Koungou, largement classée comme quartier prioritaire au regard de sa pauvreté et de son manque d’infrastructure. Il s’agit de la seconde plus grande ville de l’île. « Plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines » dans cette même ville et le quartier où résidait l’enfant, a indiqué l’Agence régionale de santé (ARS).
Selon un article datant de 2021 du Journal de Mayotte, ce quartier était déjà en voie de bidonvillisation. On y apprend également que l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) prévoyait d’y investir 60 millions d’euros sur cinq ans pour « gérer cette problématique ». Dernièrement, plusieurs quartiers de la ville de Koungou ont été la cible d’opérations Wambushu, qui visent à démolir les bidonvilles.