MobilisationC’est quoi un « town hall », organisé à Sciences po Paris ?

Manifestations à Sciences Po : C’est quoi un « town hall », ce terme importé des Etats-Unis ?

MobilisationUn « town hall » s’est déroulé ce matin dans l’école parisienne, entre les étudiants et la direction pour tenter de sortir de la crise
Thibaut Le Gal

T.L.G.

La mobilisation contre l’intervention militaire d’Israël à Gaza se poursuit à Sciences Po Paris. L’école a accueilli jeudi un débat interne sur le Proche-Orient, qualifié de « dur » et de riche en « émotion » par la direction, au moment où le gouvernement redouble de vigilance face à la multiplication d’actions en soutien aux Palestiniens sur les campus français.

Après une manifestation émaillée de tensions vendredi dernier, le mouvement avait été suspendu à Sciences Po Paris : la direction avait accepté d’organiser un débat interne ce jeudi matin « ouvert à toutes les communautés de Sciences Po », qualifié de « town hall ». De quoi s’agit-il exactement ? On fait le point.

Un terme venu des Etats-Unis

Ce terme est traditionnellement utilisé aux Etats-Unis pour désigner une réunion publique ou une séance de discussion, où les responsables politiques nationaux ou locaux répondent aux questions des citoyens. Dans le cadre de la campagne à la présidentielle américaine, Donald Trump avait ainsi participé à une séance questions/réponses de ce type organisé par Fox News dans l’Iowa en janvier dernier. L’exercice peut s’avérer périlleux : l’ancienne candidate aux primaires républicaines, Nikki Haley, avait suscité la controverse lors d’un « town hall » dans le New Hampshire, quelques jours plus tard, en répondant à une question sur les causes de la guerre civile.

Le terme est également utilisé dans le monde universitaire américain. Il s’agit d’un moyen pour la direction d’un établissement de « créer un dialogue ouvert entre les étudiants, les professeurs et le personnel sur tout un éventail de sujets » ou pour « évoquer une législation spécifique à venir », écrit par exemple l’université d’État de Caroline du Nord sur son site.

Quel rapport avec Sciences po ?

Ce terme a été repris ces derniers jours par des syndicats d’étudiants de Sciences Po Paris pour annoncer une rencontre avec la direction, ce jeudi matin, dans un amphithéâtre de l’Institut d’études politiques. Selon Le Figaro, Jean Bassères, l’administrateur provisoire de l’école, a également repris l’anglicisme dans sa réponse par mail aux étudiants, appelant à une rencontre « dans le respect des règles classiques du débat », en donnant quelques consignes : pas de banderoles, drapeaux ou slogans et « un temps de parole limité pour chaque intervention ».

« Il ne doit pas s’agir d’un face-à-face entre la direction et les étudiants mobilisés, mais d’un débat avec l’ensemble des parties prenantes : professeurs, étudiants et salariés », avait prévenu dans le Monde l’intéressé.

Comment cela s’est-il passé ?

« Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d’émotion et donc j’aspire maintenant à ce que chacun retrouve le calme » avant les examens prévus lundi, a indiqué Jean Bassères. Il a admis rester « extrêmement prudent sur la suite des événements », alors que la mobilisation se diffuse en France, en écho à la mobilisation croissante des campus aux Etats-Unis, marquée par le déploiement de la police sur plusieurs sites.

Le débat à peine fini, les organisations étudiantes mobilisées – Union étudiante et Solidaires – ont appelé à sit-in jeudi après-midi dans le hall d’entrée de Sciences Po.