Nouvelle-Calédonie : Mais c’est quoi cette histoire « d’ingérence extrêmement néfaste » de l’Azerbaïdjan ?
replay•Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, territoire français dans le Pacifique, a signé un mémorandum de coopération avec l’Azerbaïdjan. Gérald Darmanin a dénoncé une « ingérence extrêmement néfaste »20 Minutes avec AFP
«Un certain nombre de groupes qui ont pris l’Azerbaïdjan comme modèle politique – qui ne doit pas être celui qui doit se développer en Nouvelle-Calédonie ». Alors que ce lundi, Gérald Darmanin était auditionné sur le projet de loi constitutionnelle portant sur l’élargissement du corps électoral du scrutin provincial de l’archipel, on ne s’attendait pas à voir l’Azerbaïdjan entrer dans le « game » via la signature d’un mémorandum de coopération.
Pourtant, devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, le ministre français de l’Intérieur a longtemps parlé de « l’ingérence néfaste » du pays en Nouvelle-Calédonie, engluée dans une profonde crise économique. Alors que les tensions entre loyalistes et indépendantistes ne cessent de monter d’un cran, quel serait le rôle joué par l’Azerbaïdjan ? On fait le point.
Qu’est-ce que ce mémorandum de coopération ?
Paraphé le 18 avril par Omayra Naisseline, élue du groupe indépendantiste UC-FLNKS, au nom du président du Congrès Roch Wamytan, ce mémorandum de coopération signé entre le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan vise à développer les relations entre les deux chambres notamment en matière de culture, d’enseignement et de politique.
Qu’a dénoncé Gérald Darmanin exactement ?
Gérald Darmanin a donc dénoncé « l’ingérence extrêmement néfaste » de l’Azerbaïdjan après la signature de ce mémorandum entre Bakou et Nouméa. « Il ne m’avait pas paru évident que l’Azerbaïdjan avait un intérêt économique, politique, culturel ou sportif dans le Pacifique Sud », a ironisé le ministre français de l’Intérieur, qualifiant ce partenariat « d’opportuniste ».
« ''Ces protocoles politiques'' ne sont évidemment pas possibles au sens politique du terme, pas moralement acceptables », a encore estimé Gérald Darmanin, regrettant que certains indépendantistes « voient dans l’Azerbaïdjan une planche de salut ». Cet accord « nous interroge sur la volonté profonde d’un certain nombre de groupes qui ont pris l’Azerbaïdjan comme modèle politique – qui ne doit pas être celui qui doit se développer en Nouvelle-Calédonie », a-t-il insisté.
Quelles sont les autres réactions ?
Les non-indépendantistes calédoniens ont dénoncé un accord « n’ayant fait l’objet d’aucune concertation », avec un Azerbaïdjan qui s’est « rendu coupable de crimes horribles contre sa propre population ». « L’Azerbaïdjan essaye d’utiliser le dossier calédonien (…) pour répondre à la défense des Arméniens et du massacre des Arméniens par la puissance azerbaïdjanaise », a estimé de son côté Gérald Darmanin qui s’est dit « profondément » choqué.
D’où viennent les tensions ?
Le ton monte depuis des mois entre la France et l’Azerbaïdjan qui reproche à Paris son soutien à l’Arménie. Accusant la France de mener une politique allant « contre l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Azerbaïdjan », la commission des affaires étrangères du parlement azerbaïdjanais a recommandé en janvier de couper tout lien économique avec Paris et d’expulser les entreprises françaises.