bilanTrois chiffres clés sur la prostitution des mineurs en France

Prostitution des mineurs : Trois chiffres clés sur ce fléau trop présent en France

bilanUn an après sa création, le Dispositif de lutte contre la prostitution des mineurs fait état des principaux enseignements sur le sujet
Lisa, 17 ans, explique sa vie dans un centre pour mineure prostituée
Cécile De Sèze

Cécile De Sèze

L'essentiel

  • Le Dispositif de lutte contre la prostitution des mineurs (DLPM) a été mis en place le 3 avril 2023 dans le cadre du premier plan interministériel lancé à ce sujet.
  • Un an plus tard, la structure d’écoute fait le bilan de ses résultats et des axes d’amélioration possibles.
  • 20 Minutes a retenu trois chiffres clés sur la prostitution des mineurs en France.

Au bout du fil, ce sont la plupart du temps des adultes. Les deux chargées d’écoute du Dispositif de lutte contre la prostitution des mineurs (DLPM), mis en place le 3 avril 2023, sont derrière le combiné pour guider et transmettre les informations recueillies aux autorités compétentes. Elles sont rarement alertées par les jeunes directement concernés par les faits, qui représentent seulement 4 % des appels pris par cette section spécifique du 119 (service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger). C’est l’un des chiffres qui ressort du bilan présenté ce lundi à l'occasion du premier anniversaire de la plateforme, lancée dans le cadre du plan interministériel engagé en novembre 2021.

Des filles dans 94 % des cas

Il n’existe pas un profil type de la victime de prostitution quand il s’agit de mineurs. Toutefois, les jeunes filles représentent l’énorme majorité des cas recensés par les données du DLPM. Ainsi, 94 % des mineurs évoqués lors des signalements sont des filles. 5 % des cas sont des garçons et 1 % des personnes transgenres. Ces jeunes mis sur le marché de la prostitution ont en moyenne 15 ans, mais les services de protection de l’enfance notent un rajeunissement des victimes ces derniers mois avec une augmentation des signalements concernant des personnes âgées de 12 ou 13 ans.

Les mères, premières lanceuses d’alertes

Parmi les appels reçus par le DLPM, 43 % sont des personnes issues du premier cercle familial du mineur qui est prostitué. Et dans cette configuration, 71 % sont les mères de ces jeunes. Au-delà des mères, la famille élargie ou des proches de la famille, comme les oncles et tantes, les cousins ou les amis du cercle familial, représentent 14 % des appels reçus par le 119 pour des cas de prostitution de mineurs.

Les professionnels comme l’aide sociale à l’enfance, des personnels de police ou gendarmerie, de l’Education nationale ou encore du monde de la santé regroupent 20 % des signalements. Le taux faible des appels des mineurs au 119 pour cette question montre qu’un travail approfondi sur la prévention reste nécessaire auprès des jeunes.

Des signes de souffrances psychologiques dans 86 % des cas

Les signaux pour repérer des mineurs concernés par la prostitution sont multiples. Les signes de souffrances psychologiques concernent 86 % des cas. Cette souffrance peut se traduire sous différentes formes, comme la scarification, les troubles de comportement alimentaire ou encore des symptômes de stress post-traumatique.

La fugue est aussi très courante, dans 84 % des cas recensés par le DLPM. 70 % de ces mineurs sont également concernés par le désinvestissement scolaire, dont 37 % sont complètement déscolarisés. Enfin, 51 % de ces mineurs consomment des produits stupéfiants ou de l’alcool.