Il y a des guides pour tout : les voyages, la cuisine, le bricolage, le sport… et, depuis quelques années déjà, un guide pour manifester. Enfin pas vraiment pour manifester, mais pour vous dépêtrer avec la police ou la justice si vous vous faites interpeller en manifestation. A l’origine de ce fascicule, plus épais d’année en année, le Syndicat de la magistrature, un organe qui représente tout de même 30 % des magistrats français.

Depuis sa première mouture, en 2005, le « Guide du manifestant arrêté » a bien évolué, au gré des changements de la législation et des mouvements sociaux. C’est d’autant plus vrai ces dernières années, note le syndicat, qui déplore les « nombreuses atteintes » au droit de manifester et la promulgation de « lois dites sécuritaires [qui] restreignent les libertés des citoyens ». Le but de ce guide est donc de brosser « l’éventail des situations auxquelles les manifestants peuvent être confrontés » et de rappeler « les droits et devoirs des citoyens et de la puissance publique ».

Petits papiers et politesse

D’une vingtaine de pages pour la précédente édition, en 2019, le « Guide du manifestant arrêté » est passé à 82 pages en 2024. En cinq rubriques, les magistrats qui ont élaboré cet ouvrage expliquent tout ce qu’il peut vous arriver si vous avez affaire aux forces de l’ordre lors d’une manifestation. Cela commence par le simple « contrôle », l' « arrestation », les « infractions » que l’on peut vous reprocher, le passage en « comparution immédiate » et le « fichage ».

Chaque rubrique détaille, articles de loi à l’appui, ce à quoi l’on peut être confronté, si les mesures sont légales et les recours auxquels on peut prétendre. On y trouve aussi des « conseils », lorsque par exemple un policier se montre agressif lors d’un contrôle, s’il y a des violences au cours d’une garde à vue ou si l’on vous reproche des faits que vous n’avez pas commis.

« Avant de manifester, ayez sur vous des petits papiers avec vos coordonnées, à distribuer en urgence aux témoins au moment où la police vous emmène », conseille le guide. « Devant le tribunal, soyez calme et poli. Ecoutez les conseils de votre avocat sur l’attitude à avoir et sur les déclarations à faire ou ne pas faire. » Le syndicat rappelle aussi que l’on peut demander la suppression de son nom du fichier des antécédents judiciaires « en cas de relaxe, d’acquittement ou de condamnation avec dispense de peine ».

Pour cinq euros en version imprimée, et gratuitement en ligne, le « Guide du manifestant arrêté » peut s’avérer être une saine lecture avant de descendre dans la rue. Au moins pour savoir ce que vous avez le droit de faire, ou pas !