Menaces d’attentat : ENT suspendu, interpellations… Où en est l’enquête sur les messages envoyés à des lycées ?
le point•Face à la multiplication des menaces d’attentats contre des établissements scolaires, envoyées pour la plupart via les espaces numériques de travail, Nicole Belloubet a annoncé la suspension de ces messageriesE.M. avec AFP
L'essentiel
- Depuis une semaine, des centaines de lycées et de collèges partout en France sont visées par des menaces d’attentats, envoyées via les ENT et qui entraînent la mise en place de dispositifs de sécurité.
- La ministre de l’Éducation Nicole Belloubet a annoncé la suspension des messageries des ENT « jusqu’aux vacances de printemps » afin de mieux sécuriser ces espaces numériques.
- Plusieurs suspects ont été interpellés, comme un mineur de 17 ans à Malakoff soupçonné d’être l’auteur d’un des canulars. Les auteurs encourent des peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.
Depuis une semaine, des centaines de lycées et de collèges, partout en France, sont visées par de menaces d’attentats envoyées via les espaces numériques de travail (ENT), qui servent de lien entre enseignants, élèves et parents, en interne pour les établissements scolaires. Que se passe-t-il ? Quelles sont les conséquences ? Qui sont les auteurs des faits ? Quelles sont les mesures prises pour faire face à cette situation ? 20 Minutes fait le point.
Rappel des faits
Les Hauts-de-France, le Grand-Est, l’Île-de-France mais aussi le Sud et l’Ouest… Au total, 323 menaces, dans 44 départements et 20 académies, ont eu lieu en France depuis le milieu de la semaine dernière. Les établissements concernés ont reçu des menaces d’attentats, notamment d’explosion à la bombe, qui étaient transmises via les ENT. Certains messages envoyés et reçus par des élèves contenaient également une vidéo de décapitation.
Comme l’indique Le Monde, dans la majorité des cas, il s’agit de menaces d’attentats terroristes djihadistes. Certains établissements ont reçu des messages avec des propos islamophobes et avec des croix gammées. A chaque menace, un dispositif de sécurité est déployé avec la fermeture de certains établissements, le temps d’une « levée de doute ». Dans certains cas, des « cellules d’écoute » à destination des élèves sont également mises en place.
Suspension des messageries ENT « jusqu’aux vacances »
Pour envoyer ces menaces, ce ne sont pas les ENT qui ont été piratés mais les comptes d’élèves. A la suite d’une réunion qui s’est tenue jeudi pour définir « une feuille de route partagée visant à mieux sécuriser les espaces numériques de travail et les logiciels de vie scolaire, à court et moyen terme », la ministre de l’Education, Nicole Belloubet a annoncé la suspension de ces messageries. Elle a promis le déploiement d’un « véritable bouclier numérique » sur X.
« Nous allons suspendre la messagerie dans les ENT, parce qu’il faut, en tout cas à titre préventif, arrêter » ces événements, « jusqu’aux vacances de printemps sans doute », a-t-elle déclaré sur RTL. Et ce afin que « nous puissions réinitialiser les comptes de nos élèves et sécuriser davantage » l’accès à la messagerie des ENT. Couper l’accès à la messagerie a déjà été décidé dans plusieurs régions, depuis le début de cette vague de menaces, comme dans les Pays-de-la-Loire.
Deux suspects ont reconnu les faits
Le parquet de Paris a annoncé ce samedi avoir ouvert une information judiciaire, pour « atteintes à un système de traitement automatisé de données à caractère personnel mis en oeuvre par l'Etat», « menace de mort », « divulgation d'informations fausses », « apologie du terrorisme » notamment. Des plaintes ont été déposées et trois enquêtes ouvertes par le parquet de Paris. Deux concernant les messages diffusés via les ENT des collèges et des lycées d’Île-de-France, une autre, les messages diffusés sur tout le territoire français. Dans ce cadre, un mineur de 17 ans a été interpellé jeudi à Malakoff (Hauts-de-Seine) et doit être présenté à un juge d'instruction et mis en examen ce samedi. Le jeune homme, soupçonné d’avoir envoyé des dizaines de messages accompagnés d’une vidéo de décapitation, a reconnu les faits vendredi lors de sa garde à vue, selon France Info. Cet adolescent « a un profil de jeune désœuvré », selon le parquet de Paris cité pas nos confrères, et n’avait « pas de motivation politique ou islamiste ». Il aurait envoyé ces menaces « pour le défi, car il trouvait ça amusant » et « lui sont imputées une centaine de menaces à Paris, dans l’ouest de la France et dans les Hauts-de-France ».
Le point sur la menace terroriste en FranceMercredi, le rectorat de Strasbourg, avait annoncé l’identification d’un autre suspect, dont les messages « racistes et terroristes » avaient perturbé une quinzaine d’établissements du Bas-Rhin, rapporte Le Monde. Le week-end dernier, un autre jeune a été arrêté, cette fois à Angoulême. Il pourrait être l’auteur d’une dizaine de fausses alertes. Toujours selon le quotidien national, ce jeune homme vit « reclus, déscolarisé depuis ses 15 ans ». Sa seule sociabilité passe par les forums du site Jeuxvideo.com, a indiqué son avocate, Me Agathe Le Chippey. Il a depuis reconnu les faits.
Pour rappel, les auteurs encourent des peines jusqu’à deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende.