Macron veut inscrire le consentement dans la définition du viol en France

Viol : Macron veut inscrire le consentement dans le droit français

pénalMalgré une prise de position controversée à l’échelle européenne, le chef de l’Etat se dit favorable à ajouter l’absence de consentement dans la définition juridique du viol
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

«Qu’on l’intègre dans le droit français, que le consentement puisse être inscrit, ça, je l’entends tout à fait », a déclaré Emmanuel Macron au sujet de la définition du viol, dans un échange filmé le 8 mars par l’association Choisir la cause des femmes dont l’authenticité a pu être établi ce mercredi. « Je vais l’inscrire dans le droit français », a ajouté le chef de l’Etat au cours de cet échange. Interrogé, l’Elysée n’a pas souhaité faire de commentaire.

A l’heure actuelle, l’article 222-23 du Code pénal définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise ». La notion de consentement, qui a refait surface dans les années 2010 avec l’onde de choc #metoo, n’y est pas mentionnée explicitement, et des voix s’élèvent depuis plusieurs mois pour revoir cette définition.

Une proposition de loi en ce sens a notamment été déposée à l’automne par la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. La question fait également l’objet d’une mission d’information parlementaire qui devrait rendre ses conclusions mi-avril.

Des réactions positives

L’annonce d’Emmanuel Macron est « une bonne nouvelle pour les droits des femmes », a réagi auprès de l’AFP la députée écologiste Marie-Charlotte Garin, co-rapporteure de cette mission avec Véronique Riotton (Renaissance). La députée a rappelé que l’idée n’était pas « de supprimer les quatre autres critères que sont la menace, la violence, la contrainte ou la surprise, mais de venir compléter la définition ».

« S’il le fait, c’est une bonne nouvelle », considère Violaine Lucas. « Cela va nous permettre d’approfondir ce que Gisèle Halimi avait commencé à faire en 1978 lors du procès d’Aix-en-Provence », en référence au procès emblématique qui contribua à faire reconnaître par la loi le viol comme un crime.

Même satisfaction au sein de la Fédération nationale des centres d’informations sur les droits des femmes qui a salué « une excellente nouvelle ». « L’adoption d’une législation fondée sur le consentement n’empêchera pas que des viols soient commis, mais cela constituerait un pas important vers l’évolution des comportements et l’administration de la justice ! », a réagi de son côté Lola Schulmann, chargée de plaidoyer chez Amnesty International France, sur X.

La France s’était pourtant opposée à Bruxelles

La position d’Emmanuel Macron rompt avec les réserves émises début février par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui avait mis en garde contre le risque de « glissement vers une contractualisation des relations sexuelles », appelant à la prudence sur le sujet.

La France s’est également démarquée ces derniers mois d’autres pays européens lors des discussions à Bruxelles sur la première directive européenne portant sur les violences faites aux femmes, en s’opposant à une définition européenne du viol fondée sur l’absence de consentement. Paris estimait notamment que le viol n’avait pas la dimension transfrontalière nécessaire pour être considéré comme un « eurocrime » et ne devait donc pas être intégrée dans cette directive. « Le viol n’est pas un eurocrime », a d’ailleurs répété Emmanuel Macron dans la vidéo, réaffirmant la position de la France au niveau européen. « Ça ne rentre pas dans cette catégorie ».

Plusieurs pays européens ont fait évoluer ces dernières années leur définition du viol comme étant une atteinte sexuelle sans consentement explicite.