Martinique : Pourquoi des émeutes ont-elles éclaté sur l’île ?
Violence•Depuis deux nuits, des violences secouent la Martinique, notamment sa capitale Fort-de-France. Les forces de l’ordre ont été victimes de tirs ou ciblées par des cocktails Molotov. Ces émeutes sont liées à l’arrestation de l’activiste Hervé Pinto20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Dimanche, Hervé Pinto a été interpellé et déféré au palais de justice de Fort-de-France. Il est actuellement placé en détention provisoire.
- L’activiste est en conflit avec les habitants d’une résidence aux Trois-Ilets, qu’il accuse d’occuper un terrain dont il aurait été spolié.
- Il est accusé d’avoir manqué aux obligations liées à son contrôle judiciaire, en allant notamment à la résidence où il avait justement interdiction de se rendre.
- Son arrestation a déclenché une série d’émeutes et d’affrontements avec les forces de l’ordre en Martinique.
Barricades, pillages, cocktails Molotov et tirs sur les forces de l’ordre. La nuit de lundi à mardi a été violente en Martinique. La raison ? L’arrestation d’un activiste, Hervé Pinto, accusé d’avoir violé son contrôle judiciaire et qui clame avoir été spolié de son terrain. 20 Minutes fait le point sur la situation dans l’île des Caraïbes.
Que s’est-il passé ?
Dès 21 heures locales lundi (2 heures à Paris mardi), des individus masqués et cagoulés ont installé des barricades enflammées à l’entrée du quartier Sainte-Thérèse, à Fort-de-France. « Ils ont jeté des cocktails Molotov sur un véhicule de gendarmerie mobile et tiré à trois reprises à balles réelles sur les forces de l’ordre », a dénoncé ce mardi dans un communiqué le préfet de Martinique, Jean-Pierre Bouvier.
« Sept militaires de la gendarmerie et un policier ont été frappés par des éclats de projectiles, heureusement sans blessure », a-t-il ajouté. « Des faits criminels passibles des sanctions les plus sévères, que rien ne peut justifier, ont été commis », a estimé le représentant de l’Etat.
Les émeutiers ont pillé une station-service et incendié un commerce et au moins cinq voitures, selon un bilan des autorités. Quatre personnes ont été interpellées.
Qu’est-ce qui a déclenché ces émeutes ?
La nuit de lundi à mardi n’est pas la première marquée par des violences. Entre dimanche et lundi, plusieurs incendies avaient déjà été déclenchés dans le centre-ville de Fort-de-France aux cris de « Libérez Pinto », un activiste qui dit être l’héritier d’un terrain dont il aurait été spolié sur la commune des Trois-Ilets.
Les habitants de la résidence construite sur le terrain revendiqué par Hervé Pinto, se disant intimidés depuis des années, avaient mené une action en justice et l’homme a interdiction de s’approcher du quartier. Il a été interpellé dans une zone où il avait justement interdiction de se rendre.
« On voit que cette affaire mobilise d’autres personnes que les soutiens habituels d’Hervé Pinto », a noté lundi Clarisse Taron, la procureure de la République de Fort-de-France, disant observer « une certaine récupération que l’on analyse davantage comme un prétexte à une émeute ».
Un appel au calme
Lundi, plusieurs élus de Martinique, dont le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de la Martinique Serge Letchimy, le député Marcelin Nadeau ou le maire de Fort-de-France Didier Laguerre, ont lancé un appel au calme et réclamé une médiation dans l’affaire des terrains d’Hervé Pinto.
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