« On se sent un peu en famille »… Pour le Ramadan, une asso régale les étudiants

Ramadan 2024 : « On se sent un peu en famille »… A Lyon, une asso régale les étudiants loin de leur famille

REPORTAGEDepuis quatre ans, l’association Ouhlala distribue à Lyon des repas aux étudiants qui sont loin de leur famille pour le ramadan
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • L’association Ouhlala a mis en place des distributions de repas les soirs pendant le ramadan pour les étudiants loin de leur famille. Ce lundi, à Lyon, pour le premier soir, 230 personnes sont venues chercher « un repas chaud » et « de la chaleur humaine ».
  • Chaque soir, ce sont des repas différents qui sont proposés grâce aux dons de restaurants ou de mamans bénévoles qui cuisinent. L’association a alors besoin de dons alimentaires et financiers pour satisfaire le nombre d’étudiants qui augmente.
  • En plus de l’association Ouhlala, les mosquées de Lyon et Villeurbanne proposent aussi des repas. « On se complète pour qu’aucune personne ne se retrouve dans le besoin » conclut Farid, le président de l’association.

Les tables viennent à peine d’être installées sur cette place de Villeurbanne, près de Lyon, et déjà des dizaines de personnes font la queue, Tupperware en mains. Ce lundi soir et « pour les trente prochains jours du ramadan », des centaines d’étudiants loin de leur famille pourront compter sur l’association Ouhlala pour « des repas chauds » et « de la chaleur humaine ». « C’est ouvert à toutes les confessions », précise Farid, le président.

« Le menu du jour, c’est riz, boulettes de viande, soupe, bouteilles d’eau et fruits », indique une bénévole. « Ça me rappelle les repas de la maison », sourit Hidaya, 25 ans en récupérant sa barquette. C’est la deuxième année que cette étudiante, venue à Lyon pour son master, passe le ramadan sans ses proches. « C’est difficile d’être loin pour ce mois de partage, confie-t-elle. Mais grâce à cette initiative, on se sent un peu en famille. »

Nadia et Roumaissae acquiescent. « On ne peut pas être avec nos familles qui sont au Maroc, disent-elles. D’habitude, c’est un moment de retrouvailles et on prépare les repas ensemble. Et puis, heureusement qu’il y a cette association parce qu’il est 18h45 et qu’on sort à peine de cours. On n’a eu pas le temps de faire à manger. »

« Les demandes ont explosé »

Grâce à ces distributions, Abidine, 23 ans, a pu se faire « de vrais amis ». « Au début, je n’osais pas venir par fierté alors que j’étais en difficulté financière, confie-t-il. Au-delà des repas, c’est un partage de joie de vivre. C’est important parce que la vie n’est pas facile. C’est vraiment comme une famille. » Comme lui, 230 personnes sont venues ce lundi soir. « Ils étaient tous sont super contents et n’arrêtaient pas de nous remercier, indique Lobna, bénévole de l’association. On sent une grande reconnaissance et nous, on se sent utile. »

« Ça fait plaisir de faire plaisir, lance avec un grand sourire Farid, président de l’association. Et oui, on peut dire qu’on est une grande famille. » Avant d’ajouter : « On procède via des inscriptions sur WhatsApp parce qu’on a pile le bon nombre de repas. Mais si une personne est dans le besoin, on la sert évidemment. Cette année, les demandes ont explosé. J’ai reçu près de 800 sollicitations… Au-delà du ramadan, on sent qu’il y a de plus en plus de précarité chez les étudiants. »

Des mères relaient les restaurants

Un constat qui interpelle Ikhlef Chikh, bénévole ponctuel et élu à la ville de Villeurbanne. « On se rend compte que, plus que jamais, c’est un rendez-vous très attendu pour ces jeunes qui sont loin de leur famille, parfois loin de leurs repères, dit-il. Il y a toujours plus de personnes qu’on imaginait. Ce soir, on a pu distribuer un peu plus que prévu mais ça aurait été tellement dur si nous n’avions pas eu assez pour tout le monde. »

Pour éviter d’en arriver là, Farid appelle à la générosité de tous. « Les restaurants Regnum et Plaza Restauration nous offrent les repas pour la moitié de la semaine mais le mardi et le jeudi, ce sont les mamans qui cuisinent, indique-t-il. On a alors besoin de dons alimentaires pour permettre d’avoir des repas équilibrés, riches en protéines et avec des légumes frais. »

Notre dossier sur le ramadan

Pour la première fois cette année, il réfléchit à accepter les dons financiers. Le président de l’association, qui œuvre toute l’année depuis quatre ans pour donner toute l’année des repas aux étudiants, souligne qu’avec l’inflation, il a plus de mal à récolter les denrées nécessaires à la préparation de plats. « Le problème c’est que nous n’avons pas de trésorerie… Et pour offrir de la nourriture tous les soirs pendant un mois à 250 jeunes, il faut compter plus de 75.000 euros. »

En plus de l’association Ouhlala, les mosquées de Lyon et de Villeurbanne proposent également des repas pour les étudiants et les personnes les plus précaires pendant le mois du ramadan. « On se complète pour qu’aucune personne ne se retrouve dans le besoin », conclut Farid.