CNews présente ses excuses pour avoir assimilé l’IVG à une « cause de mortalité »
PARDON•La chaîne d’information a présenté ses excuses lundi après avoir diffusé une infographie comparant l’avortement à la « première cause de mortalité dans le monde », à deux jours de la reprise des débats au Sénat sur la constitutionnalisation de l’IVG20 Minutes avec AFP
«La chaîne CNews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n’aurait pas dû se produire » et « auprès de toutes les femmes », a indiqué Laurence Ferrari au début de son émission Punchline lundi à 17 heures.
La veille, dans le talk-show religieux « En quête d’esprit », « une infographie présentant un comparatif entre les causes de la mortalité générale dans le monde et le nombre d’IVG dans le monde a été diffusée ». Le présentateur de l’émission a repris les éléments, affirmant que l’avortement était la « première cause de mortalité dans le monde ».
Des « données incomparables »
« Ce sont des données incomparables, il est absolument impossible de comparer ces chiffres et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liée au cancer ou au tabac », a insisté la journaliste. Elle a également ajouté qu’elle avait « une pensée particulière pour celles dans le monde qui luttent pour le droit à disposer de leur corps » ou « ont perdu la vie faute de pouvoir accéder à l’IVG ».
Pour rappel, une personne meurt toutes les neuf minutes d’un avortement clandestin, selon les chiffres de Médecins du monde.
Il s’agit « d’un droit garanti par la loi, il ne s’agit pour quiconque de le remettre en cause », a-t-elle ajouté. Et elle a espéré à titre personnel « que ce droit acquis de haute lutte par nos mères, par nos aînées, sera inscrit dans la Constitution », alors que le Sénat s’empare mercredi d’un texte voté sur le sujet à l’Assemblée nationale.
Une autre vedette de la chaîne, Sonia Mabrouk, a appelé sur les réseaux sociaux à « garantir, défendre, sanctuariser » l’IVG « pour toujours », photo de Simone Veil à l’appui
Une séquence qui n’aurait « jamais dû être diffusée »
Sur X (ex-Twitter), la chaîne du milliardaire conservateur Vincent Bolloré a également présenté « ses excuses à toutes les personnes » que la séquence « aurait pu heurter ». Cette dernière « avait précisément été supprimée lors du montage final et n’aurait donc jamais dû être diffusée », a assuré de son côté le numéro 2 de Canal+, maison mère de CNews, Gérald-Brice Viret, invoquant une « erreur technique ».
Abondamment critiquée sur les réseaux sociaux, l’infographie mise en cause a fait l’objet de nombreuses saisines de l’Arcom et a été dénoncée par une série de personnalités politiques de gauche, comme de la majorité présidentielle qui a notamment appelé à inscrire dans la Constitution l’IVG pour protéger ce droit en France.
Également sur X, l’historien du journalisme Alexis Lévrier a lui dénoncé plus généralement « l’existence d’une émission confessionnelle aussi idéologisée » qu'« En quête d’esprit » sur une chaîne d’info, estimant qu’elle traduit « un projet civilisationnel qui est celui de Bolloré ».