Hébergement d’urgence : Cinq grandes villes demandent des comptes (et de l’argent) à l’Etat
justice•Ils réclament « une refonte » d’un système « à bout de souffle »20 Minutes avec AFP
Des « carences » en matière d'hébergement d’urgence. C’est l’un des motifs pour lesquels les maires écologistes et socialistes de cinq grandes villes ont poursuivi l’Etat devant la justice administrative. Ils réclament « une refonte » d’un système « à bout de souffle ».
Le « constat est posé depuis des mois, voire des années, avec des alertes extrêmement claires » sur l’hébergement d’urgence et « un système aujourd’hui inadapté, insuffisant, inefficace et absolument indigne », a indiqué la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, dans une conférence de presse en ligne avec ses homologues écologistes de Bordeaux, Grenoble et Lyon, et socialiste de Rennes.
Ils regrettent « le silence assourdissant de l’Etat »
Evoquant le dernier rapport de la Fondation abbé Pierre, qui comptabilise 330.000 personnes sans domicile en France, elle a dénoncé un système « à bout de souffle », réclamé sa « refonte » et regretté « le silence assourdissant de l’Etat » qui « n’a jamais répondu » au courrier qu’ils lui ont adressé en décembre avec Anne Hidalgo, maire PS de Paris.
Deux mois plus tôt, début octobre, ces six villes avaient également intenté des recours gracieux devant leurs préfectures respectives, restés lettre morte. Cinq d’entre elles ont décidé de saisir cette fois les tribunaux administratifs dont ils dépendent pour y déposer des « recours indemnitaires contentieux ». Paris ne se joint pas à cette nouvelle démarche.
Une demande de remboursement des dépenses mises en œuvre
Symboliquement, « nous demandons le remboursement des dépenses mises en œuvre » par chacune de ces villes pour l’hébergement d’urgence dont l’Etat est responsable, a expliqué Jeanne Barseghian. Mais aussi pour réclamer « la refonte » d’un système « obsolète », a-t-elle insisté.
Les sommes réclamées vont ainsi de 130.000 euros pour Bordeaux (recours déposé « au plus tard » le 24 février) à plus trois millions d’euros pour Rennes (recours déposé le 9 février). Strasbourg, qui réclame près de 918.000 euros, a saisi le tribunal administratif le 12 février, Grenoble (environ 51.000 euros) le 6 février et Lyon (300.000 euros) le 9.
« Nous ne pouvons plus, seuls, faire face »
« Nous ne pouvons plus, seuls, faire face », a déclaré Nathalie Appéré, maire de Rennes. « Nous prenons plus que notre part », a renchéri le bordelais Pierre Hurmic. « C’est à force d’essayer et de voir nos demandes restées sans réponse que nous en sommes arrivés à déposer ce recours en carence », a abondé Grégory Doucet, maire de Lyon.
Eric Piolle, maire de Grenoble, a rappelé « la promesse » du président de la République Emmanuel Macron en 2017, selon laquelle personne ne devait dormir à la rue d’ici la fin de son premier quinquennat : « Sept ans plus tard, où en est-on de cette promesse ? », a interrogé l’écologiste.
Aux côtés de 15 autres maires, dont Anne Hidalgo, ils ont adressé ce jeudi un courrier au chef de l’Etat dans lequel ils l’informent saisir la justice, assurant n’avoir cessé de l' « alerter depuis des mois sur le drame humanitaire qui se joue dans notre pays ». « Nous, maires de grandes villes, arrivons au bout des capacités de nos collectivités pour pallier les carences de la responsabilité de l’Etat », s’alarment-ils.
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