IVG dans la Constitution : La commission des lois du Sénat « ne s’y oppose pas » malgré des réserves
DROITS DES FEMMES•La commission des lois du Sénat a décidé mercredi de « ne pas s’opposer » à la réforme gouvernementale d’inscrire l’IVG dans la Constitution, malgré des réserves20 Minutes avec AFP
«La Commission [des lois du Sénat] a décidé de ne pas s’opposer à la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et prend acte du texte qui est proposé par le gouvernement », a expliqué ce mercredi la rapporteure Agnès Canayer, rattachée au groupe LR. La chambre haute débattra de la révision constitutionnelle le 28 février dans l’hémicycle. « A cette étape-là, nous ne sommes pas défavorables mais la rédaction proposée a encore un certain nombre d’irritants et nous aurons le débat en séance », a-t-elle ajouté.
Après l’adoption très large du projet gouvernemental à l’Assemblée nationale, cette position du Sénat et de sa majorité de droite et du centre est un signal fort, même si le vote de l’hémicycle fin février reste encore indécis en raison de certaines réticences.
Un signal fort pour le Sénat et sa majorité de droite et du centre
Si l’hypothèse d’un rejet pur et simple du texte s’éloigne, la chambre haute votera-t-elle au mot près la constitutionnalisation d’une « liberté garantie » à l’IVG, comme l’espère l’exécutif ? Ou choisira-t-elle une nouvelle formulation du projet de loi constitutionnelle, qui obligerait alors les députés à se pencher à nouveau sur le sujet ?
Seule une adoption conforme du Sénat ouvrira la voie à un Congrès réunissant tous les parlementaires. Il faudra alors dégager une majorité des trois cinquièmes pour valider définitivement cette réforme constitutionnelle. La date du 5 mars pour le Congrès, envisagée fin 2023 par l’exécutif, paraît donc encore très incertaine et le gouvernement se garde bien de la remettre sur la table.
Gérard Larcher avait semé le trouble sur l’IVG
L’influent président du Sénat Gérard Larcher avait semé le trouble ces derniers jours en rappelant haut et fort son opposition au projet gouvernemental. L’IVG n’est « pas menacée » en France et la Constitution n’est « pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux », a-t-il lancé, s’attirant les foudres des associations de défense des droits des femmes.
Pourtant, le Sénat a déjà approuvé, en février 2023, un texte consacrant dans la Constitution la « liberté » de la femme à « mettre fin à sa grossesse ». Mais la notion de « garantie » n’y figurait pas… Ce débat sémantique risque de cristalliser les discussions le 28 février, avec de potentiels amendements. D’autres sénateurs avancent aussi l’hypothèse d’inscrire d’autres mesures dans la Constitution comme la clause de conscience des médecins, pour « rééquilibrer » le projet.
Même liberté chez Les Républicains, où le chef de file Bruno Retailleau, hostile lui aussi, n’imposera « pas de ligne » politique à ses membres « sur ce sujet qui engage la conscience personnelle de chacun », a-t-il expliqué. Avant d’insister : « Le gouvernement ne peut pas nous imposer un calendrier au mépris du débat parlementaire. » La gauche et la majorité présidentielle, de leur côté, plaideront sans relâche pour faire adopter la version gouvernementale dans les mêmes termes qu’à l’Assemblée nationale.