Lyon : « J’ai cru m’être trompé d’allée »… La stupeur d’une famille devant la tombe détruite de ses parents
Témoignage•Une sépulture détruite, des ossements introuvables… La famille M. se bat pour pouvoir se recueillir dignement sur la tombe de ses parentsMathilde Fulleringer-Roy
L'essentiel
- Au cimetière Loyasse à Lyon, la tombe de leurs parents a été remplacée par un trou de terre. C’est la macabre découverte faite par les M. en décembre 2023.
- Les ossements ont été déplacés au cimetière de Lyon Guillotière, mais la famille n’a pas pu accéder à l’ossuaire malgré leurs efforts pour contacter la mairie.
- Si la ville de Lyon affirme avoir informé la famille M. de l’échéance de la concession depuis 2006, celle-ci lui reproche un manque de communication.
En décembre de l’année dernière, le lyonnais Philippe M. découvre avec horreur et stupéfaction que la tombe de ses parents, dans le cimetière de Loyasse, a été détruite. A la place d’une stèle et d’un jardinet entretenu se trouve désormais un trou béant. Où sont les ossements de ses parents ?
C’est son frère Joël qui s’en est rendu compte le premier. La sépulture de Lucie et Marius, enterrés en 1992 et 2004, n’existe plus. Seul un amas de terre la remplace. « J’ai cru m’être trompé d’allée », explique-t-il. Pourtant, la famille l’entretient deux fois par an. « Avec mes filles, on y faisait pousser un petit jardin avec des plantes », détaille Philippe.
Affolé, Joël se renseigne auprès du cimetière. Le caveau de ses parents a bien été détruit à la date du 8 novembre, lui confirme-t-on. Les ossements, eux, ont été emmenés au cimetière de Lyon Guillotière. Bouleversé, il contacte son frère Philippe, sexagénaire qui vit à une trentaine de kilomètres de là. Mais la famille n’a pas accès à l’ossuaire et la mairie ne répond pas aux deux lettres recommandées envoyées. « C’est une histoire de décence, nous voulons pouvoir nous recueillir dignement », déplore-t-il.
« Nous n’avons vu aucune plaque »
Philippe ne comprend pas comment une tombe entretenue, fréquemment visitée, a pu être démolie. « On ne jette pas les morts comme ça, sans prévenir leur famille », insiste-t-il. « Aujourd’hui, on peut retrouver n’importe qui en cherchant un peu, les impôts y arrivent très bien par exemple », ironise le Lyonnais.
« Nous n’avons vu aucune plaque signalétique sur la tombe nous indiquant que la concession arrivait à échéance ni reçu aucun courrier ou mail à ce sujet récemment », appuie-t-il. Néanmoins, il reconnaît avoir été contacté « par courrier classique, pas recommandé » en 2007 pour le renouvellement de la sépulture. Suite à cela, il y aurait eu un échange de courrier entre Philippe et la mairie. Mais à propos du règlement de la concession, « c’est une zone d’ombre », admet le sexagénaire.
En savoir plus sur les cimetièresDe son côté, la ville de Lyon confirme qu’une plaque a bien été apposée dès 2006 sur la tombe pour indiquer qu’il fallait renouveler la concession arrivant à échéance l’année suivante. Selon la loi, « les proches des personnes inhumées ont deux ans, après la date d’échéance, pour se manifester ». Ainsi, en 2009, un courrier a été adressé aux frères M. à ce sujet. « Sans nouvelle de leur part, la concession a donc été reprise comme le prévoit la législation en vigueur », détaille la ville.
Ce que Philippe reproche aujourd’hui, c’est l’absence de signalétique sur la tombe de ses défunts parents et le silence de la ville de Lyon face à leur détresse. « Ni excuses, ni justifications, nous avons dû saisir les médias pour nous faire entendre », regrette-t-il. A lui de conclure élégamment sur cette phrase de Jean Cocteau, « le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ».
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