Disparition de Lina : Sa mère meurtrie « dans son cœur de maman » par les fausses rumeurs
ENQUÊTE•La mère de Lina, ado de 15 ans disparue il y a quatre mois dans le Bas-Rhin, faisait ce vendredi, en compagnie de son avocat, un point presse après sa rencontre jeudi, à sa demande, avec les juges cosaisis de l’enquêteGilles Varela
L'essentiel
- Lina, 15 ans, a disparu depuis le 23 septembre 2023 dans le Bas-Rhin.
- L’avocat et la mère de Lina, qui déploraient un « black-out complet » de la part des juges d’instruction, ont réussi à les rencontrer jeudi.
- Ce vendredi, ils ont tenu un point presse au cours duquel on a appris que la demande d’accès au dossier complet n’est toujours pas possible. Des reproches au parquet de Saverne sur le traitement de la plainte pour viol déposée par la jeune fille ont également été faits.
- La maman effondrée garde l’espoir de retrouver sa fille.
Pressée par la presse mais aussi pour mettre fin aux ragots souvent colportés sur les réseaux sociaux, Fanny Groll, la mère de Lina, adolescente de 15 ans disparue alors qu’elle avait quitté à pied le domicile familial à Plaine pour rejoindre la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), a fait un point presse assisté de son avocat Me Matthieu Airoldi ce vendredi. Celui-ci s’est tenu au lendemain d’une rencontre, à sa demande, pour « avoir un espace de discussion » avec les deux juges d’instruction cosaisis de l’enquête. Une enquête confiée à une cellule d’une quinzaine de gendarmes et pilotée par la section de recherches de Strasbourg.
Car, après plus de quatre mois d’investigations pour retrouver Lina, et la dernière intervention de la mère devant les médias en septembre dernier, la chape de plomb qui s’est abattue sur le petit village semble aussi avoir touché la justice. La procureure de la République Yolande Renzi avait alerté que l’enquête serait « de longue haleine ». Longue et discrète finalement. Au point de générer une véritable frustration pour la maman de l’adolescente.
Son avocat regrettait il y a quelques jours encore le silence des enquêteurs. « Pour l’instant, les juges d’instruction ne communiquent pas, c’est le black-out complet », avait déclaré à 20 Minutes Me Matthieu Airoldi. « J’appelle de mes vœux à ce que nous ayons accès à l’intégralité du dossier d’instruction. Tout ce silence angoisse ma cliente qui ne sait pas ce qu’il se passe », avait-il ajouté.
Toujours pas d’accès au dossier complet
Un vœu qui n’est finalement pas exaucé ce vendredi, l’accès au dossier complet n’étant toujours pas possible. La mère de Lina et son avocat n’ont jusqu’ici pu prendre connaissance uniquement de l’enquête préliminaire, a indiqué le conseil, soit les éléments découverts au tout début de l’enquête sur la disparition de la jeune fille. Argument avancé par le parquet, la commission rogatoire serait toujours en cours de rédaction. Ils n’y auront donc accès qu’à la fin de celle-ci, « annoncée pour la mi-mars », a indiqué Me Airoldi.
Si la frustration reste entière, Fanny Groll est toutefois ressortie « rassurée » de l’entretien de la veille avec les magistrats instructeurs. Rassurée par « l’écoute et l’empathie des juges » à son attention, elle a « l’assurance qu’on ne lui cache rien du dossier », et remercie aussi le « travail acharné et de qualité des enquêteurs qui étudient et vérifient la moindre piste ». « Rien n’est laissé au hasard et tous les moyens de la justice et des enquêteurs sont utilisés sans aucune limite, aucune restriction de moyen », a assuré Me Airoldi.
Une maman « trahie » par sa confiance en la justice
Une satisfaction qui n’empêche cependant pas le conseil et Fanny Groll de reprocher au parquet de Saverne d’avoir classé sans suite la plainte pour viol. Une plainte déposée longtemps avant la disparition de Lina, rappelle Me Airoldi, sans même que les parents de l’ado ne soient informés de cette issue de justice, ces derniers attendant toujours une confrontation et une réponse.
Aussi, Me Airoldi, qui avait été informé dès le début par la mère de Lina de cette plainte pour viol, demande aujourd’hui dès explications au parquet de Saverne afin de « savoir en quoi la disparition de Lina a pu conduire à un réexamen de cette plainte pour viol ». Lors de ce point presse, l’avocat a d’ailleurs annoncé qu’il allait porter plainte contre le parquet de Saverne avec constitution de la partie civile. « Je ne comprends pas la façon dont ce dossier a été traité », a expliqué le conseil, rappelant tout de même qu’il faut bien distinguer les deux traitements de ces dossiers, la disparition et le viol. Un classement « inentendable » pour la mère de Lina qui s’est sentie trahie par la justice. « C’est terrible, d’avoir fait confiance, d’avoir tellement fait confiance. J’ai l’impression d’avoir été trahie et je parle aussi au nom de Lina. A 13 ans et demi, elle devait être protégée et la justice ne l’a pas fait. »
La plainte contre un youtubeur confirmée
Dans les annonces de ce vendredi, figure aussi la confirmation d’une plainte de sa cliente contre un youtubeur pour diffamation évoquant des « torrents d’immondices que cette personne déverse contre [sa] cliente », dixit Me Airoldi, qui « appelle le parquet de Saverne à faire les démarches nécessaires pour que celle-ci soit traitée ».
Des invraisemblances, des rumeurs, des interprétations, des conclusions hâtives et des mensonges sur la vie de Lina qui touchent profondément la mère de famille. « C’est d’une violence extrême, ça m’atteint vraiment dans mon cœur de maman. Tout est compliqué », a confié la mère de famille qui n’a pu reprendre le travail et ne sort plus de chez elle, aidée par sa famille et son entourage proche, a-t-elle expliqué.
Une maman qui confie « ne pas avoir d’autre choix que de garder espoir » et termine par ces quelques mots si elle avait un message à faire passer à Lina : « Bats-toi, accroche-toi et reviens vite. Je t’aime. »