Qui est l’évêque Dominique Rey, ex-aumônier à Stanislas, ultra-réac et chargé de former des professeurs « laïcité » ?
Dei gratia•L’évêque ultra-conservateur du diocèse du Var de Fréjus-Toulon, proche de l’extrême droite et mis sous tutelle par le Vatican, donnera le 13 mars un discours pour « sensibiliser » les profs à la laïcité lors d’une journée de « rencontres »Alexandre Vella
L'essentiel
- Mgr Dominique Rey est évêque de Toulon. Né à Saint-Etienne en 1952, il est âgé de 71 ans.
- Il prononcera le 13 mars un discours pour « sensibiliser » les professeurs à la laïcité lors d’une journée de « rencontres », obligatoire pour les enseignants du Var du privé sous contrat, organisée au Zénith de Toulon.
- Une « rencontre » qui pose question, d’autant plus que Mgr Dominique Rey, ultra-conservateur, est dans le viseur du Vatican pour les dérives sectaires de son diocèse.
«Sans le latin la messe nous emmerde », chantait Brassens. Et si monseigneur Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, ne serait sans doute pas contre un retour de l’office religieux en langue romane. Mais c’est en français qu’il s’adressa à quelque 1.800 professeurs et personnels de l’enseignement privé catholique sous contrat avec l’Etat lors d’une « rencontre de sensibilisation » à la laïcité, prévue le 13 mars prochain au Zénith de Toulon, rapporte Libération.
Le caractère « obligatoire » de l’évènement, selon un témoignage d’enseignante collecté par Libé, passe d’autant plus mal que cette formation est financée par le diocèse et que les professeurs du privé sous contrat restent payés par l’Etat et demeurent des agents du public.
Aumônier au lycée Stanislas dans ses jeunes années, Dominique Rey a été mis en novembre dernier sous tutelle par le Vatican, où il est perçu comme un cas délicat, explique La Croix. L’occasion de vous présenter le personnage.
De fils d’ouvrier stéphanois aux beaux quartiers de Paris
Né en 1952 à Saint-Etienne, il rencontre pour de bon sa vocation religieuse après un doctorat d’économie fiscale et trois années à travailler pour la direction générale des Impôts au ministère des finances, à Paris, où il est ordonné prêtre le 23 juin 1984.
Le fils d’ouvrier typographe de Saint-Etienne commence alors sa carrière au service de Dieu dans les beaux quartiers de la capitale, d’abord au lycée Stanislas comme aumônier avant d’endosser la charge de vicaire dans une paroisse du XVIIe arrondissement. Le membre de la communauté de l’Emmanuel fondée en 1972, connaît ensuite une destinée plus vagabonde.
Après un passage en Bourgogne comme supérieur des chapelains de Paray-le-Monial, où sa communauté organise d’importantes sessions de formation, il accompagne les prêtres en séminaire jusqu’en 1995. A quarante-trois ans, Dominique Rey revient comme curé de la paroisse Sainte-Trinité, dans le IXe arrondissement de Paris, nous apprend sa fiche biographique sur le site de l’Eglise catholique de France.
Un évêque sur la Côte d’Azur en liens avec d’étonnantes communautés
L’appel du nouveau millénaire le consacre évêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Selon les informations disponibles, Dominique Rey affirme peu à peu une vision intégriste de l’Eglise. Dès 2001, il accueille ainsi dans son évêché l’ONG catholique les sœurs de Points-Cœur au sujet duquel des familles tentaient déjà d’alerter l’épiscopat français de dérives sectaires observées en son sein. Des soupçons qui se confirmeront. En 2020, l’association perd son statut canonique, et se trouve, de fait, exclue de l’Eglise.
Une autre affaire, celle de la communauté du Monastère Saint-Benoît de Brignoles, située à Brignoles à une quarantaine de kilomètres au nord de Toulon, illustre sa vision très conservatrice de l’Eglise. Un chemin sur lequel Dominique Rey semble s’être depuis toujours dirigé avec le choix, avant son ordination, de la communauté de l’Emmanuel. Une congrégation religieuse contre l’homosexualité et qui s’était passablement distinguée dans les manifestations contre le mariage pour tous, avait enquêté Le Monde.
Mais revenons au Monastère Saint-Benoît de Brignoles qui fit entrer Dominique Rey dans le viseur du Vatican. Nous sommes en 2020, Dominique Rey est installé depuis vingt ans dans son évêché qui compte 250 prêtres. Lorsqu’une poignée de religieux venus du monde anglo-saxon posent leurs valises dans une ancienne commanderie templière bâtie au XIe siècle. Ils y prient huit fois par jour en latin et dès 3h30 du matin, explique Var Matin. Cette communauté a aussi la particularité de célébrer ses offices en latin, selon des rites établis par le concile de Trente en 1563, une liturgie largement réformée par celui dit de Vatican II, ouvert en 1962.
Ordination clandestine et tutelle du Vatican
C’est par le père australien Alcuin Reid, prieur du Monastère Saint-Benoît de Brignoles, qu’arrive les foudres du Vatican, raconte le quotidien varois. Lorsque Rome apprend qu’Alcuin Reid, réputé pour son traditionalisme et sa proximité avec le cardinal Ratzinger avant que le moine ne devienne le pape Benoît XVI, a été clandestinement fait prêtre par un « prélat de haut rang jouissant d’une communion sans entraves avec le siège apostolique » et, « selon la forme extraordinaire du rite romain, en un lieu discret hors de France », c’est-à-dire en latin, le pape François voit les dérives sectaires varoises d’un mauvais œil.
L’évêque Dominique Rey suspend bien l’Australien et cherche, en vain, à connaître qui est ce renégat de « prélat de haut rang », mais la disgrâce et la suspicion sont déjà là. En 2022, fait rarissime, le Vatican suspend l’ordination de prêtres en formation au séminaire varois. Et ordonne une enquête interne qui aboutira à la nomination d’un coadjuteur, François Touvet jusqu’alors évêque de Châlons-en-Champagne, évitant à Mgr Rey l’humiliation d’une démission à quatre de sa retraite. En substance, l’Eglise pardonne mais n’oublie pas et Dominique Rey perd la main sur les finances, la gestion des prêtres et des communautés religieuses.
Proximité avec l’extrême droite identitaire
Si Mgr Rey avait déjà eu l’occasion d’affirmer ses convictions, antihomosexuels, antiavortements, et proposé de conditionner l’accueil des migrants à l’« affirmation des racines chrétiennes » de ces derniers, les intervenants invités à l’université de 2015 du diocèse de Toulon-Fréjus ne laissent guère de doute sur ses affinités politiques. Ainsi, pour débattre sur le thème « Politique et médias », Dominique Rey convoque Arnaud Le Clere de Sens Commun, le député LR Hervé Mariton, Simon Renucci, ancien député-maire divers gauche d’Ajaccio, Aymeric Pourbaix de Famille chrétienne et de Marion Maréchal, alors députée Front national (ex-RN).
C’est fort de ce parcours que Dominique Rey montera au pupitre le 13 mars prochain au Zénith de Toulon pour « sensibiliser » des enseignants du privé sous contrat à la laïcité.
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