Dijon : Les opérations « place nette » pour lutter contre la drogue ne dopent pas la population
pas stupéfiant•A Dijon, policiers et habitants ne semblent guère convaincus par les opérations « place nette » contre le trafic de drogue, lancées après la mort d’un homme tué par une balle perdue visant un point de deal dijonnais20 Minutes avec AFP
Des opérations « place nette » qui semblent ne pas nettoyer grand-chose. « Il n’y a eu aucun changement » explique-t-on à Dijon, où policiers et habitants ne semblent guère convaincus par ces opérations contre le trafic de drogue, lancées après la mort d’un homme tué par une balle perdue visant un point de deal de la ville, et qu’Emmanuel Macron veut multiplier en France.
Le soir même du drame, étaient envoyés en renfort 70 agents de la CRS8, une Compagnie républicaine de sécurité notamment spécialisée dans la lutte contre le trafic de drogue. Il s’agissait, selon les mots d’alors du préfet de la région, Franck Robine, de « mettre un coup d’arrêt aux trafics ».
« C’est efficace »
Le préfet dresse un premier bilan. Cette « opération globale place nette » déployée du 26 novembre au 9 décembre 2023, a permis en 70 raids « l’interpellation de 21 individus, et la saisie de plusieurs armes (dont deux armes de poing), ainsi qu’1,67 kg d’héroïne, 1,79 kg de cocaïne, 5,11 kg de résine de cannabis », selon le bilan de la préfecture. « C’est efficace », assure le préfet. « C’est différent du pilonnage ou du harcèlement qui gênent les points de deal. Les opérations place nette visent à les débarrasser », explique-t-il.
« Il faut plus de policiers »
Sur le terrain, on est plus dubitatif. « Il n’y a eu aucun changement. Non, aucun. Absolument pas », lance sous couvert d’anonymat un policier. « Place nette ? C’est de la politique. Il faudrait ne pas s’en prendre qu’aux petites mains mais, pour ça, il faut plus de policiers », explique-t-il, soulignant qu’à la Brigade des stupéfiants de Dijon, trois agents sont manquants, sur un total de dix.
« La CRS8, ça a donné quelque chose mais temporairement », juge Christophe Benoît, secrétaire régional du syndicat UNSA-Police. « Une semaine de répit pour les habitants, ça compte, croyez-moi. Mais le vrai travail doit se faire dans la longueur. Tant que les policiers sont là, il ne se passe rien mais après… » « Il faut un travail de longue haleine et pas seulement arrêter un charbonneur » (un petit revendeur de drogue), estime Cédric Bovrisse, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale. « Sinon, un moment ou un autre, quelqu’un voudra reprendre » le point de deal, avertit-il.
De fait, celui du HLM endeuillé « existe toujours », lâche un policier. « Oui, la police, elle passe parfois. Mais ça sert à quoi ? », s’interroge une femme dans l’entrebâillement de sa porte, à quelques marches de l’appartement où a été tué le père de famille. « Moi, de toute façon, je ne sors plus », dit cette locataire. « Les policiers continuent à venir de temps en temps. C’est plus calme », se félicite une autre locataire. « Mais bon, ça s’est peut-être muté », dit-elle en référence à un trafic qui se serait déplacé, avant de revenir. « On verra », lâche-t-elle, impuissante.