À Marseille, les écoles privées mieux financées qu’à Paris ?
ALLONS ENFANTS•La question du financement des écoles et collèges privés revient sur la table à la faveur de la polémique créée à propos de l’établissement Stanislas, où sont scolarisés les enfants Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre de l’Education nationaleAlexandre Vella
L'essentiel
- Les écoles privées de Marseille reçoivent en moyenne 8.126 euros par élève, somme comparable aux 8.097.euros reçus en moyenne par les écoles privées de Paris, selon des calculs du collectif des écoles de Marseille.
- Le collectif des écoles de Marseille dénonce pourtant ces financements, estimant que « cet argent devrait être utilisé pour améliorer les écoles publiques qui ont des problèmes de chauffage ».
- A Paris, l’école privée Stanislas reçoit environ 758 euros par élève et par an de dotations de la Mairie de Paris, somme qui pourrait être comparée aux 704 euros reçus en moyenne par les collèges privés des Bouches-du-Rhône.
Sortez vos calculettes ! Alors que le financement des établissements privés sous contrat occupe actuellement le devant la scène depuis la polémique déclenchée par Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre de l’Education Nationale, le collectif des écoles de Marseille a refait les comptes.
Une tradition « gaudinienne »
Selon les calculs du regroupement de parents d’élèves, issus des délibérations municipales, le constat est limpide : la ville de Marseille est plus généreuse que Paris avec ses écoles privées. Dans le détail, la dotation de la mairie de Paris à ses 27.000 élèves des écoles privées s’élève à 1.109 euros par an et par tête en maternelle et à 954 euros en primaire. A Marseille et ses près de 14.000 écoliers scolarisés dans le privé, celle-ci est de 1.507 en maternelle et 721 euros au primaire. Pondéré sur l’ensemble de la scolarité de maternelle et primaire, cela revient à une dépense par élève de 8.126 euros dans une école privée marseillaise contre 8.097 à Paris.
Cette part tient compte uniquement de la dotation dite « matérielle », qui vise à couvrir les frais de chauffage, d’électricité ou d’entretien des locaux. A celle-ci s’ajoute une part « personnel » qui correspond à la rémunération des agents. Une situation que dénonce le collectif des écoles de Marseille, malgré les tentatives de la nouvelle municipalité marseillaise pour faire baisser ces dépenses. Le tribunal administratif est intervenu et a annulé une des dernières délibérations de l’ère Gaudin, qui augmentait de 25 % la dotation au privé. « Il faut réaliser qu’autant d’argent part dans les écoles privées, alors que dans le même temps, des écoles à Marseille ont des problèmes de chauffage », soutient Cécile Baron du collectif des écoles de Marseille, qui éprouve une « colère de ne pas favoriser l’école publique ».
1,3 million de dotation de la Mairie de Paris pour Stanislas
Dans le cas particulier de Stanislas, l’annonce de la suspension de la dotation de la Mairie de Paris, à la suite d’un rapport faisant état de « dérives » homophobes et sexistes, nous apprend que celle-ci s’élève à un peu plus de 1,3 million d’euros par an. L’établissement compte 1.812 élèves des niveaux allant de la maternelle à la fin du collège, soit une moyenne de 758 euros par élève et par an.
Dans les Bouches-du-Rhône, les collèges privés sous contrat sont financés par le département, distinct, à l’inverse de Paris, de l’échelon communal. Pour comparer efficacement avec Stanislas, il faudrait savoir si ce 1,3 million correspond uniquement à la part matérielle, ce qui peut sembler plus probable au vu du montant, ou bien si celui-ci couvre également la part « personnel ». Avec 7,5 millions d’euros de dotation matérielle en 2020 pour ses 21.000 collégiens du privé, le département des Bouches-du-Rhône dépense une moyenne de 357 euros par collégien. Si l’on ajoute la part « personnel », qui est de 7,3 millions d’euros, on obtient une dépense publique par collégien du privé de 704 euros.
A ces financements publics aux établissements privés s’ajoutent les recettes de celles-ci par le biais des frais d’inscriptions, souvent élevés. Ainsi se créent de réels écarts de moyens entre l’enseignement public et privé. Pour autant, et malgré les inégalités sociales évidentes que ce fonctionnement reproduit, le développement des établissements privés ne semble pas remis en cause. « Je serai curieuse de voir où sont scolarisés les enfants d’élus marseillais », conclut Cécile Baron. A Marseille, un collège privé jésuite est annoncé d’ici 2025 dans le périmètre d’Euromed, un vaste programme d’aménagement du territoire.
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