Affaire Delphine Jubillar : Conversation étrange et mystérieux témoin, un supplément d’information demandé
rebondissements•Conversation étrange et révélations d’un hypothétique témoin, deux compléments d’information ont été demandés ce jeudi devant la cour d’appel de Toulouse dans l’affaire Delphine Jubillar. La décision sera rendue le 8 févrierHélène Ménal
L'essentiel
- Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 de son domicile de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn.
- Son mari Cédric a été interpellé six mois plus tard et mis en examen pour « meurtre sur conjoint ». En détention préventive depuis, il a toujours clamé son innocence.
- Ce jeudi à Toulouse, les avocats du suspect devaient faire appel du renvoi de leur client devant la cour d’assises du Tarn. Mais d’autres aspects de l’instruction, censée être close, ont pris le dessus, dont la mystérieuse conversation téléphonique d’un ex-codétenu de Cédric Jubillar avec sa mère.
Quel nouveau rebondissement l’affaire hors normes de la disparition de Delphine Jubillar réserve-t-elle encore ? Dans ce dossier sans corps ni scène de crime, les soupçons des juges d’instruction et des enquêteurs se portent depuis trois ans sur le mari, Cédric Jubillar. Le peintre plaquiste a d’ailleurs été renvoyé récemment devant les assises du Tarn pour y répondre du meurtre de sa femme.
Son trio d’avocats, qui dénonce un « dossier vide » et la « fabrication d’un coupable », épuise logiquement tous les recours possibles. Ce jeudi, Jean-Baptiste Alary, Emmanuelle Franck et Alexandre Martin devaient contester l’ordonnance de mise en accusation (OMA) prise contre leur client devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse. Mais, ils le feront plus tard. Car d’autres questions, plus inattendues, ont pris le dessus. Un supplément d’information a en effet été demandé par le parquet général, portant sur deux éléments nouveaux à vérifier.
Des amis du suspect cités par un codétenu
Le premier de ces éléments est échange téléphonique sur l’affaire, enregistré entre un détenu de la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et sa mère, découvert récemment et dévoilé par La Dépêche du Midi. Le détenu, qui a un temps côtoyé Cédric Jubillar à la maison d’arrêt de Seysses, s’y étonne de l’éventualité d’un procès alors qu’il n’y « a pas de preuve ». Il cite aussi les prénoms de trois amis du mari, dont l’un possède une voiture blanche expertisée, en vain, par les enquêteurs qui soupçonnaient qu’elle avait pu servir à transporter le corps.
Le second point à éclaircir concerne un homme qui aurait « des révélations à faire » aux enquêteurs.
1/2 Affaire Jubillar: Les trois avocats de Cédric Jubillar arrivent dans la salle d’audience de la cour d’appel de Toulouse. Ils vont y contester le renvoi de leur client devant les assises. pic.twitter.com/moWI0I5L6W
— 20 Minutes Toulouse (@20minutestoul) January 18, 2024
« Les vérifications qui doivent être faites ne peuvent aujourd’hui plus être faites que dans le cadre de ce supplément d’information », avait indiqué à l’AFP Franck Rastoul, le procureur général de Toulouse. « Ça n’est donc aucunement l’expression d’une carence dans l’instruction, c’est une obligation procédurale à ce stade », a-t-il souligné, ajoutant que « cela s’inscrit dans la logique qui depuis le début, prévaut dans ce dossier et qui consiste à vérifier toutes les pistes ».
De l’eau au moulin des avocats de la défense
Evidemment, les avocats de Cédric Jubillar interprètent ces rebondissements autrement. « Nous estimons que tout ce qui doit être fait pour rechercher la vérité doit être ordonné, mais avouez que c’est quand même une situation assez inédite », a indiqué Alexandre Martin, à l’issue de cette audience à huis clos, reconnaissant ne pas savoir pas si les nouveaux éléments sont à charge ou à décharge. « Mais on peut quand même considérer que c’est l’illustration de ce qu’on dit depuis deux ans et demi, à savoir que, alors qu’un homme est encore incarcéré, alors qu’une instruction est clôturée, on se rend compte qu’on est encore en train d’essayer de rechercher la vérité (..) Ce qu’on sait surtout, c’est qu’on ne sait rien », ajoute son associée Emmanuelle Franck. Pour Jean-Baptiste Alary, « il faut que l’ensemble des actes qui doivent être réalisés le soient afin de savoir de savoir si c’est raisonnable ou pas de renvoyer un homme devant une cour d’assises, où il encourt la peine maximale, sur la base d’un dossier insuffisant ».
Les parties civiles, pour qui ces rebondissements sont « pénibles », s’en sont remises à la décision de la cour. Cette dernière sera connue le 8 février et devrait, si elle est positive, décaler de plusieurs mois l’éventuel procès de Cédric Jubillar.
Delphine Jubillar, mère de deux enfants, s’est volatilisée du domicile conjugal de Cagnac-les-Mines (Tarn) dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Au moment de sa disparition, elle avait décidé de divorcer pour refaire sa vie avec un autre homme rencontré l’été précédent. Malgré les vastes fouilles menées à Cagnac, aucune trace de l’infirmière n’a été retrouvée depuis trois ans.
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