Froid à Paris : Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, va passer une nuit dans la rue
Sans abri•La députée du Val-de-Marne a annoncé mardi qu’elle passerait la nuit sous la tente dans un campement de familles sans abri installé par le Droit au logement dans le 7e arrondissement de Paris pour « briser le mur de l’indifférence »20 Minutes avec AFP
«Il y a trois personnes sans abri qui sont mortes de froid » en « quatre jours », a souligné Mathilde Panot lors d’une interview sur RMC-BFMTV, ce mardi matin. Tout en rappelant que la France est la « septième puissance économique du monde » et connaissait « un nombre sans précédent » d’enfants dormant dehors, en pleine vague de froid. Et d’ajouter qu’il y a 70 ans l’abbé Pierre lançait son appel pendant l’hiver glacial 1954.
Mathilde Panot a donc prévu de passer la nuit, au côté de son collègue William Martinet, dehors dans le camp installé par l’association Droit au logement (DAL), depuis Noël, rue de Solférino à Paris, tout près de l’Assemblée nationale. Il accueille une trentaine de familles. « Il est devant un immeuble où 80 % des logements sont vides de manière durable », a regretté la députée, estimant « qu’il n’y a aucune fatalité » en réclamant la réquisition de ces logements vides.
« Trois fois plus de sans-abri qu’il y a vingt ans »
« 330.000 personnes sont sans abri dans ce pays, c’est-à-dire deux fois plus qu’il y a dix ans et trois fois plus qu’il y a vingt ans », a-t-elle observé, critiquant « la baisse des APL » (les aides personnalisées au logement) ou « la criminalisation des personnes sans abri avec la loi Kasbarian-Bergé », dite « loi antisquat » qui triple les sanctions encourues par les squatteurs notamment.
Pour elle, les réquisitions de bâtiments vides, notamment institutionnels, sont des mesures « de bon sens ». Mathilde Panot a précisé qu’elle réagirait depuis ce campement, aux côtés d’autres parlementaires LFI, à la conférence de presse du président de la République Emmanuel Macron prévue à 20h15.
Le procureur saisi
La cheffe des députés de LFI a par ailleurs saisi la justice pour « mise en danger de la vie d’autrui » de la part de l’ancien gouvernement. Cette saisine au procureur général près la Cour de cassation vise l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, ainsi que ses deux ministres en charge du Logement, Olivier Klein et Patrice Vergriete (depuis juillet 2023). La députée rappelle que « la loi impose au gouvernement un devoir de prudence et par conséquent une gestion du risque particulier qui pèse sur les personnes sans-abri » notamment en période de grand froid.
« Si le gouvernement a bien mis en œuvre les moyens réglementaires pour faire face à ce risque, les moyens effectifs de logements, ainsi que d’accueils n’ont pas été mis en œuvre dans un délai suffisant », explique-t-elle, évoquant une « inaction délibérée » permettant de « qualifier la responsabilité pénale des ministres en charge du logement et de la Première ministre ». Mathilde Panot demande au procureur près la Cour de cassation de saisir « la commission des requêtes de la Cour de justice de la République », compétente pour poursuivre des ministres pour des délits commis dans le cadre de leurs fonctions.