pas féru de fromage fonduMais qui sont ces gens pour qui la raclette est un « cauchemar » ?

« Un cauchemar », « j’en ai une peur bleue »… Pourquoi certains détestent la raclette (voire le fromage tout court)

pas féru de fromage fonduLa Journée mondiale de la raclette ce mercredi ne fait pas plaisir à tout le monde, même si le plat reste un classique de l’hiver en France
Cécile De Sèze

Cécile De Sèze

L'essentiel

  • Ce mercredi, c’est la Journée mondiale de la raclette… un plat sacré pour les journalistes de la rédaction de 20 Minutes.
  • Enfin, pas tous. Nous tairons ici les noms, mais sachez qu’il existe des gens pour qui le fromage est synonyme d’enfer et de damnation. Ils sont tyrophobes.
  • Alors en cette journée consacrée au fromage qui pue, qui coule et qui nous régale, il s’agissait de donner un peu d’espace à ceux qui le haïssent. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? 20 Minutes a des éléments de réponse grâce à une sérieuse étude datant de 2016.

C’est la Journée mondiale de la raclette et pourtant tout le monde ne va pas célébrer ce mercredi à la gloire du fromage fondu. Pourquoi ? Parce qu’il existe des gens qui ne supportent pas le fromage. Quel qu’il soit. Loin de nous l’idée de les juger. Nous tairons ici les noms de membres de la rédaction de 20 Minutes concernés, mais sachez qu’il existe même des gens pour qui le fromage est synonyme d’enfer et de damnation. Ils sont tyrophobes.

« Entre l’odeur et l’aspect des fils du fromage fondu, c’est l’horreur », admet Pauline, 34 ans. Alors quand vient la saison de la raclette, que notre lectrice juge « de plus en plus longue », c’est un combat de tous les jours. « Notre communauté lutte pendant cette période très difficile, c’est un cauchemar », souffle celle qui a répondu à notre appel à témoignages.

« C’est une saison épouvantable »

Même si près d’un kilo de fromage à raclette est ingurgité en France par an et par personne, selon Les Echos, pour Pauline « c’est une saison épouvantable ». Et la trentenaire est loin d’être la seule à fuir les dîners entre amis pendant l’hiver. « Je déteste le fromage à raclette, à l’odeur je ne supporte pas et le goût du fromage fondu je ne peux pas », lâche Nat, 36 ans. « C’est un moment compliqué parce que les Français en font une obsession », abonde Maxime, 34 ans, particulièrement dégoûté par « le fromage fondu dégoulinant, l’odeur nauséabonde qui se dégage et la lubie de se réunir, finalement, autour d’un repas pas très sexy et gargantuesque durant lequel on se bourre le ventre ».

Le jeune parisien parvient tout de même à prendre sur lui pour ne plus rater ces soirées conviviales entre amis. Maxime a ainsi ses petites techniques pour survivre : ouvrir la fenêtre et manger de tout, sauf du fromage. Pour celui qui est « incapable de manger un bout de n’importe quel fromage », il y a deux communautés de Français bien distinctes : ceux qui adorent le fromage, tous les fromages, « un peu comme le bon vin » et ceux qui le détestent. Mais c’est donc compter sans nos tyrophobes, comme Karen : « ce n’est pas vraiment quelque chose qui m’est désagréable, mais j’ai une peur bleue du fromage. »

Le pire des fromages : le reblochon

« Le côté coulant, la texture, l’odeur. L’ensemble me terrifie au plus haut point. Je redoute plus particulièrement ceux avec du pourri (fourme d’Ambert, roquefort etc.) », poursuit notre internaute de 33 ans pour qui « l’emmental et la raclette fondue sont acceptables, une fois fondus correctement et sans croûte. » L’odeur du fromage fondu, si douce pour certains, est aussi le premier repoussoir de Pauline : « c’est infâme, ça sent la vieille chaussette trouée. » Le pire des fromages selon elle : le reblochon, « chaud comme froid ». Pour Maxime qui a le chèvre en horreur, c’est davantage le processus de fabrication du fromage qui le « dégoûte », « cette extension du lait en solide, la manière dont c’est fait, la transformation d’un produit brut par une technique d’affinage et de fermentation… »

Pauline est persuadée que ces détracteurs du fromage « sont bien plus nombreux qu’on ne le pense », et une étude vient mettre des chiffres sur ce ressenti. Quelque 6 % de personnes interrogées par des chercheurs du Centre de recherche en neurosciences de Lyon affirment avoir une aversion pour le fromage contre 2,7 % pour le poisson et 2,4 % concernant la charcuterie.

Un stimulus aversif

Pour le bien de cette étude scientifique publiée en 2016, des experts se sont en effet penchés sur cette curiosité culinaire : la haine du fromage. Ils ont observé sur 30 volontaires divisés en deux groupes égaux qu’une partie du cerveau qui réagi à la faim était « totalement inactive lors de la présentation d’une odeur et d’une image de fromage chez les personnes aversives », explique le site du CNRS.

Plus encore, il semblerait que les aires cérébrales de la récompense s’activent également chez les personnes qui détestent le fromage lorsqu’on leur en présente, mais en réponse à un stimulus aversif. Ainsi, cette étude permet de penser que « le circuit de la récompense peut aussi encoder le dégoût », conclut le CNRS. Texture, goût ou odeur, qu’importe d’où vient le dégoût il mène Pauline à l’aversion et lui rend, dans tous les cas, la raclette « insupportable ».