ENQUETEA Grenoble, des chantiers abandonnés à cause d’un « système mafieux » local

Grenoble : Des chantiers abandonnés à cause de rackets par un « système mafieux » local

ENQUETELundi, Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble et Louis Laugier, préfet de l’Isère ont décidé de mettre en place des mesures pour contrer l’insécurité sur les chantiers
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Plusieurs chantiers de la métropole grenobloise sont victimes de « manœuvres d’intimidation et d’extorsion » ont fait savoir le préfet de l’Isère Louis Laugier et le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant.
  • D’après les informations des autorités administratives et judiciaires, un « système mafieux » local serait à l’origine de ces abandons.
  • Pour lutter contre cette insécurité sur les chantiers, des mesures ont été décidées lundi par la préfecture de l’Isère et le parquet de Grenoble.

Vols d’outils, chantiers pillés ou incendiés… Dans la métropole de Grenoble, de nombreux projets de constructions sont à l’arrêt. Certains sont simplement retardés mais d’autres sont complètement abandonnés à cause de « manœuvres d’intimidation et d’extorsion », ont fait savoir la préfecture de l’Isère et le parquet de Grenoble ce lundi par communiqué.

Face à « ce diagnostic partagé » par le procureur de la République Eric Vaillant, le préfet Louis Laugier et les acteurs de la fédération du BTP, des mesures ont été décidées pour « lutter contre l’insécurité au sein des chantiers ». Parmi elles, la multiplication par trois des rondes policières quotidiennes.

Les entreprises ont peur des représailles

La situation n’est pas nouvelle. Eric Vaillant a fait savoir qu’il avait été alerté « depuis un moment ». Mais il a décidé de médiatiser l’affaire pour casser « l’omerta » autour de ce « système mafieux » grenoblois qui rackette régulièrement les entreprises de BTP. « Ça se passe comme dans les films américains, a-t-il détaillé la semaine dernière sur Europe 1. Soit tu paies, soit tu ne pourras plus travailler ».

Ce sont des jeunes « caïds des quartiers », comme il les qualifie, qui arrivent sur les chantiers et « menacent » les chefs de chantier, « leur font peur » ou « dégradent » les engins. Il leur arrive également de les voler ou d’incendier les lieux. « Ces jeunes délinquants font pression pour que les responsables les embauchent ou embauchent un proche, ou alors ils les forcent à signer un contrat avec leur entreprise de gardiennage ou de sécurité », a poursuivi le procureur sur les ondes. D’après lui, par peur des représailles, les entreprises paient et se taisent pour que le chantier puisse reprendre.

« Il faut des témoignages »

Le parquet de Grenoble et la préfecture de l’Isère ont donc envie de mettre « hors d’état de nuire » ces « racketteurs » et veulent « enrayer le phénomène » avec « fermeté et détermination ». A l’image de ce qu’il s’est passé à Marseille en 2017, il pourrait y avoir un procès mais pour ça, « il faut des témoignages et davantage de preuves », a expliqué Eric Vaillant. Car malgré des faits connus, les enquêtes ne peuvent pas aboutir sans témoignages concrets.

Lundi, il a donc de nouveau invité les entreprises à « déposer systématiquement plainte » tout en soulignant que cela se faisait « par le biais d’une garantie de sécurisation et de discrétion ». « Je ne lâcherai pas », a-t-il répété sur Europe 1, rappelant que ces affaires étaient « importantes ».