La chuteAnouk Grinberg revient sur les accusations de viols contre Gérard Depardieu

Gérard Depardieu accusé de viols : « Le corporatisme » du cinéma « l’a autorisé à devenir un monstre tout court »

La chuteL’actrice Anouk Grinberg prend la défense de Charlotte Arnould qui accuse « le monstre sacré du cinéma » de viols et revient sur le silence du monde du cinéma
Gérard Depardieu: Pour Anouk Grinberg, le « monstre » ne s'est pas fait seul
Cécile De Sèze

C.d.S

Ce n’est pas seulement Gérard Depardieu, mais tout le monde du cinéma qui est visé par Anouk Grinberg. Interrogée par France Inter, l’actrice est revenue sur les accusations de viols et d’agressions sexuelles visant l’acteur français mais aussi sur le silence qui a entouré le comportement outrageant du comédien vis-à-vis des femmes mis en évidence dans le dernier volet de « Complément d’enquête » diffusé jeudi sur France 2.

« Oui j’ai vu cette émission, ça ne m’a pas étonnée parce qu’il est comme ça tout le temps. Tout le temps. Il n’a pas attendu d’être en Corée [du Nord] pour être aussi vulgaire, aussi grossier, aussi agressif avec les femmes », témoigne l’actrice qui a aussi été la compagne du réalisateur Bertrand Blier. Deux plaintes pour agression sexuelle et viols, ont été déposées par différentes femmes contre Gérard Depardieu, alors qu’une dizaine d’autres femmes ont témoigné dans la presse. L’acteur, qui nie les faits, est mis en examen depuis 2020 pour des soupçons de viols et d’agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould.

L’assourdissant silence du monde du cinéma

Mais pour Anouk Grinberg, c’est aussi la responsabilité du milieu du cinéma qui doit être interrogée. « Sur tous les plateaux de tournage il est comme ça, et sur tous les plateaux de tournage, les gens sont indifférents, ce qui donne vraiment à réfléchir, pas seulement sur la monstruosité que Depardieu s’accorde avec, quand même, la moitié du genre humain, mais l’autre monstruosité, qui est celle des gens du cinéma qui sont indifférents, indifférents au mal qu’on fait aux femmes, aux humiliations qu’on leur inflige et cette indifférence-là, elle est incompréhensible, elle est assourdissante », alerte-t-elle.

« Ce n’est pas seulement lui qui se conduit comme une crapule avec les femmes, c’est tous les autres qui le laissent être, qui le laissent mettre sa grosse main dans les culottes des femmes, qui le laissent démolir des femmes pour leur vie entière, et lui rigole, alors que le rire ce n’est pas une affaire solitaire ». « Le corporatisme de ce métier ne devrait pas empêcher la vérité d’éclore. Parce qu’on a besoin de la vérité. Depardieu c’est un cas à part, c’était un des monstres sacrés du cinéma, mais ça l’a autorisé, et tout le monde l’a autorisé, à devenir un monstre tout court », dénonce encore la comédienne.

Une « victime collatérale »

Pointée du doigt dans « Complément d’enquête » par l’ancien agent de Gérard Depardieu, Jean-Louis Livi, sur son propre silence pendant des années, Anouk Grinberg répond : « Il vaut mieux avoir du courage 33 ans après que jamais […] Je suis complice, je l’ai été à mon corps défendant. Je ne savais pas comment faire pour parler, j’ai eu tort ».

« Je me suis tue longtemps, alors que je savais tout ça. Je suis une victime collatérale. Quand on assiste à ce genre de violence, on est sidéré soi-même. Vraiment on est interdit, on est bouche cousue, devant sa violence à lui et devant la violence des autres qui le permettent, qui se taisent, qui rient. Et on rit avec les autres parce que sinon, c’est pire encore ce qui vous arrive. Oui j’ai ri pendant quelques années. J’ai même vécu avec quelqu’un qui, vraiment, participait de cette violence de façon active », se confie-t-elle, en parlant de Bertrand Blier.

Le viol de Charlotte Arnould, un acte « prémédité »

L’actrice est aussi revenue sur les accusations de viols portées par Charlotte Arnould. Anouk Grinberg raconte ainsi que Gérard Depardieu aurait avoué à la jeune femme, alors atteinte d’anorexie, qu’il fantasmait sur « son corps de petit garçon » depuis une semaine. Charlotte Arnould aurait alors été victime d’un acte « prémédité », déduit Anouk Grinberg. « Charlotte raconte qu’immédiatement, elle est redevenue comme une enfant de quatre ans, elle ne pouvait plus bouger, et il a recommencé à la violer », poursuit l’actrice.

« Elle était trop seule, ce n’était pas juste. Il faut que le monde du cinéma qui protège Depardieu et plus généralement le monde, entende ce que c’est qu’une femme qui ne hurle pas, une femme qui ne hurle pas ce n’est pas une femme qui dit oui c’est une femme qui est morte parce qu’un homme ne se tient pas », conclut-elle.