les relous, C’est nous, c’est vousCes relous qui se goinfrent bruyamment de pop-corn au cinéma

Ces relous qui se gavent bruyamment de pop-corn au cinéma… « On dirait une colonie de rongeurs »

les relous, C’est nous, c’est vousD’une part, c’est la journée mondiale du pop-corn. De l’autre, « 20 Minutes » adore s’intéresser aux relous du quotidien, ceux qui nous agacent sans le vouloir. Résultat : on va parler des relous qui mangent du pop-corn au ciné
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • A 20 Minutes, on aime se pencher sur les relous du quotidien. Celles et ceux qui nous titillent sans le vouloir sur des trucs pas bien méchants… mais très énervants.
  • Ce dimanche 19 janvier 2025, c’est la journée mondiale du pop-corn. Logique, donc, de s’intéresser aux relous des salles obscures. Vous savez, ceux qui font des bruits de rongeurs en mâchant leur pop-corn la bouche bien ouverte au cinéma.
  • Qui sont-ils ? Quels sont leurs arguments ? Qu’en dit la science ? 20 Minutes a mené l’enquête.

Ce dimanche 19 janvier 2025, c’est la journée mondiale du pop-corn. Il vous suffit donc de vous installer confortablement dans votre fauteuil rouge, d’éteindre la lumière et d’enfiler vos lunettes 3D pour (re) lire cet épisode de notre série « Les relous du quotidien » consacré aux croqueurs de pop-corn dans les salles obscures :

Une armée de parapluies tenus trop bas qui vous éborgnent un jour de pluie. Un conducteur qui passe à l’orange avant de bloquer tout le carrefour. Le « finisher » du marathon qui se sent obligé de donner son chrono à tout le monde lundi matin au bureau. L’idée de départ est simple : s’intéresser à ces petits gestes « relous » qui nous titillent au quotidien. A ce « sentiment de toute-puissance qui nous fait dire “si je ne le fais pas, l’autre le fera, donc autant le faire moi” », comme le décrit le psychologue Robert Zuili, auteur du Pouvoir des liens (Mango ed., septembre 2023). Et qui n’a pas été aidé par le Covid-19. « Pendant la pandémie, on nous a privés de liberté. Et depuis, on a récupéré le droit de faire ce que l’on veut, même si ce n’est jamais pour nuire à l’autre », poursuit-il.

Ces petites choses reloues, elles sont légion. Et surtout, surtout, elles nous concernent tous. Car au final, « nous sommes tous le relou de quelqu’un ». Notamment au cinéma, notre thème du jour.

Le fait relou

Samedi, 20h35. Avant de venir, vous avez rematé tous les épisodes de la saga. Vous avez ensuite appelé la baby-sitter, galéré à trouver une place de parking, bravé le froid glacial puis payé près de 30 euros vos deux tickets. Enfin, vous êtes là. Blottis l’un contre l’autre dans votre petit cocon rouge, vous allez enfin pouvoir découvrir ce blockbuster que vous attendiez depuis des mois. Le générique commence. Vous jubilez. Lorsque soudain, vous commencez à entendre un bruit. Une sorte de grognement de rongeur provenant de votre droite. Vous tournez la tête : trois personnes vous toisent. Dans leurs mains, un seau de taille clairement démesurée… rempli de pop-corn. Et merde.

Pourquoi c’est méga relou

Le remuage continu de mains dans le paquet de maïs soufflé et la mastication bouche grande ouverte en exaspèrent plus d’un. Pour eux, depuis l’arrivée des plateformes de streaming, le cinéma est devenu une sorte de cérémonial. Un moment intime et unique pour se connecter à ses émotions. Un tête à tête entre soi-même et l’écran géant. Alors les craquements sonores des grains sous la dent viennent casser l’ambiance. « Le problème, c’est que contrairement à une sonnerie de téléphone ou à un rire bruyant, là, on sait pertinemment que le bruit ne va pas s’arrêter au bout de quelques secondes », rage Jérémy, 35 ans.

Ce bruit de fond peut même gâcher le film des personnes (légèrement) obsessionnelles que nous avons interrogées. Quand un glouton partage leur rangée, elles n’arrivent plus à penser à autre chose, tentent de deviner où le vorace en est de son sachet et prient pour qu’il n’ait pas pris le pot XXL ou pire : le soda et le « slurp » qui l’accompagne à chaque aspiration. Un de nos collègues, dont on taira le nom, résume ainsi la situation : « si vous voulez être en caleçon, papoter et manger devant votre film, faites ça chez vous ». Selon lui, si tout le monde s’y met, autant couper le son et se contenter de lire les sous-titres (pas du tout excessif notre collègue). Finalement, la meilleure période était peut-être celle de l’après-confinement, lorsque les confiseries étaient persona non grata dans les salles.

Et le problème ne se limite pas au bruit. Les effluves sucrés en dégoûtent plus d’un. « Cette odeur est vraiment écœurante. Franchement, ça me donne la nausée », assure Sylvie, 59 ans, quitte à en rajouter un peu. Enfin, dernier problème, et pas des moindres : les miettes. Si les hommes ne savent pas viser quand ils urinent, ils arrivent à égalité avec les femmes en matière d'alimentation dans le noir. On cherche sa bouche et hop… le grain de pop-corn finit par terre. A la fin du paquet, la moquette grise est parsemée de petits morceaux blancs qui finiront très vite écrasés. Et ça, c’est moche.

Les arguments des relous

Après avoir fait l’avocat du diable sur quatre paragraphes, rétablissons la vérité : qui dit cinéma dit pop-corn. Pour les gens qui ne sont pas contents, il y a Netflix, votre canap et votre vie d’ermite. Pour les autres, le cinéma, c’est un moment de partage, de cohésion, de rires en communion (et, non, on ne va pas se plaindre des gens qui rient trop fort, c’est la vie !). Bref, le vivre ensemble. « Cela fait partie du plaisir à aller au cinéma, c’est un peu un rituel, confirme Morgane, 31 ans. Et puis, en vrai, le paquet est souvent fini dès la fin des bandes-annonces donc ceux qui râlent, c’est vraiment râler pour râler… » Pour Maxime, 33 ans, « comme pour plein d’autres choses, c’est plus une histoire de savoir-vivre que de pop-corn. »

Car si certains ne font aucun effort, d’autres prennent en compte les plus aigris. Après des années d’expérience et des centaines d’heures passées au cinéma, les morfals respectueux (dont nous faisons évidemment partie) ont pu mettre au point une technique aussi bête qu’infaillible : s’adapter au film. Règle numéro 1 : choisir devant quelle œuvre on pourra pratiquer notre passion. Non, Le consentement n’est peut-être pas très approprié mais Les trois mousquetaires, s’il vous plaît ! Règle numéro 2 : profiter du brouhaha de certaines séquences pour s’empiffrer et retirer la main du sceau dès les premiers moments d’accalmie. Parfois, il faut bien l’admettre, on se fait avoir et on se retrouve à devoir laisser fondre le pop-corn dans notre bouche. Et ça, c’est franchement dégueu.

Dernier argument plus pragmatique de notre collègue du service économie : les confiseries pèseraient entre 11 et 20 % des recettes totales des cinémas en France, selon les exploitants eux-mêmes. Sans nous, les salles obscures mettraient tout simplement la clé sous la porte (de là à vous demander de nous remercier…)

Ce qu’en dit la Science

Bon déjà, sachez-le, les relous (ou ceux qu’on qualifie comme tels) sont nombreux. Selon les chiffres du CNC, en 2019, un spectateur français sur trois a acheté des sucreries lorsqu’il est allé au cinéma, les pop-corn étant leur préférée. Et des scientifiques se sont penchés sur leur cas. En 2013, des chercheurs de l’université de Cologne, en Allemagne, ont étudié l’impact de la publicité sur leur cerveau. Ils ont emmené 96 personnes voir un film, fait manger du pop-corn à la première moitié et un simple sucre à la seconde. A la fin du test, les premiers n’avaient gardé aucun souvenir des pubs visionnées avant le film, tandis que les seconds montraient « des réponses psychologiques positives » aux spots publicitaires. Leur conclusion : mastiquer du pop-corn rendrait insensible aux effets de la pub. On espère par contre que ça ne rend pas insensible au film. Ce sera dommage…

Le truc infaillible pour faire comprendre au relou qu’il est relou

Ici, chacun sa technique. Certains, bien élevés, bouillonnent de l’intérieur mais n’osent pas ouvrir leur bouche. D’autres ne prononcent pas le moindre mot et se contentent de faire de gros yeux. Et puis, il y en a qui y vont franchement, allant de « oh putain, ils ont du pop-corn » chuchoté très fort afin d’être entendu par les goinfres en question, au très cash et très simple « chuuuut », en passant par un « rooooh » (à prononcer de façon gutturale). D’autres sont allés (bien) plus loin. En 2011, un Letton de 27 ans était soupçonné d’avoir tué d’une balle dans la tête un spectateur de 42 ans qui faisait trop de bruit en mangeant son pop-corn. On espère que les rageux sauront trouver en eux les ressources leur évitant d’en arriver là.