Ambitieux, le marché de Noël de Metz peut-il détrôner celui de Strasbourg ?
Concurrence•Le maire de Metz l’a clamé, il souhaite que sa ville accueille « le premier marché de Noël de France ». Mais est-ce possible face à l’encombrant et célèbre voisin strasbourgeois ?Thibaut Gagnepain
L'essentiel
- La concurrence entre les marchés de Noël est-elle possible en France face à Strasbourg ? C’est ce que veut croire le maire de Metz.
- François Grosdidier l’a annoncé, il souhaite que sa ville accueille « le premier marché de Noël de France ».
- Un vœu impossible face au voisin ? Mais est-ce que la ville alsacienne fait la course ?
Il n’y a pas que sur les terrains de foot que se jouent les derbys entre Strasbourg et Metz. Les marchés de Noël aussi sont source de rivalité ! Enfin, surtout à en croire le maire de la capitale mosellane… François Grosdidier l’avait même clamé fin octobre : il voulait que sa ville devienne « le premier marché de Noël de France ».
Un peu plus d’un mois plus tard, son discours était un peu plus mesuré auprès de 20 Minutes. « Etre le leader ou le deuxième, ça dépend des critères qu’on prend. Si c’est le nombre de chalets, d’animations, visiteurs », nuance l’édile, peut-être conscient de s’attaquer là un événement mondialement connu.
Il n’y a qu’à se promener actuellement dans les rues de la capitale alsacienne pour le constater : les touristes viennent de partout pour ce rendez-vous qui a presque 500 ans. Comme cette famille canadienne croisée le jour de l’ouverture, le 24 novembre. « Quand ma compagne a tapé "marché de Noël" sur Internet, Strasbourg et Vienne revenaient le plus souvent. On va après en Autriche mais on reste ici cinq nuits », avait expliqué David, impressionné par « le volume ». « Nous, on a juste un marché par ville, là il y en a partout ! »
A Strasbourg, une dizaine de places accueillent les quelque 300 chalets. Sans parler des rues décorées, des façades de magasins et restaurants arrangés dans le détail… « Oui, ils ont l’avantage de la tradition avec une plus forte implication des commerçants et des habitants », consent François Grosdidier, avant d’avancer les arguments de sa ville. « On a des choses que les autres n’ont pas. Deux grandes attractions : la grande roue qui caresse les gargouilles de la cathédrale et le ''City skyliner'', cette soucoupe qui monte à près de 80 mètres de hauteur et offre une vue imprenable sur Metz et la vallée de la Moselle. » D’où sont visibles, également, les 125 chalets répartis sur cinq places.
A Strasbourg, « on cherche l’authenticité »
Alors, battue la capitale alsacienne face à toutes nouveautés ? « Chaque année, on me demande si on va ajouter une grande roue mais je réponds toujours non », rétorque l’adjoint à la mairie chargé de l’organisation du rendez-vous, Guillaume Libsig. « Nous ne sommes pas dans une logique de parc d’attractions. On nous a suffisamment reproché d’être un grand supermarché à ciel ouvert ! Ici, on cherche l’authenticité et on propose donc un événement multifacettes qui la serve. »
Avec plutôt des concerts ou des marchés spécialisés (celui des associations, des petits producteurs, des artisans, des délices, off avec friperie etc.). « Les gens viennent voir un marché traditionnel alsacien. Il n’y a rien de tape-à-l’œil ou flashy mais on a réinventé pour quarante ans la relation avec les commerçants, les fédérations et les associations de territoire, ainsi que le modèle sécuritaire », poursuit le Strasbourgeois, sans vouloir attirer encore davantage de monde. L’an dernier, édition record, 2,8 millions de visiteurs s’y étaient bousculés, avec des journées de grandes foules. « L’objectif n’est pas d’aller à 3 millions, c’est sûr ! Nos hôtels et les restaurants sont déjà pleins. »
A Metz, aucun chiffre global de fréquentation. « Pour la simple et bonne raison qu’un marché est par essence ouvert et que c’est donc difficile de compter », justifie François Grosdidier avant d’en citer quand même un. « Le seul disponible, c’est celui de la fréquentation du sentier des lanternes (dans une forêt de chênes centenaires illuminés) qui est passé de 35.000 personnes en 2012 à 170.000 en 2022. »
L’édile l’assume, il souhaite lui que son marché de Noël gagne en fréquentation. Comme sa ville plus largement, elle qui s’affiche régulièrement dans des campagnes d’affichage. « Oui, nous avons fait un fort marketing. A Paris, vous ne pouvez pas prendre un métro sans voir Metz et ne vous pouvez pas regarder la télé sans voir la Moselle », s’enthousiasme-t-il avant de se montrer plus consensuel. « Strasbourg s’est autoproclamé capitale de Noël et on ne leur enlève rien. Mais on veut que l’est de la France soit la destination de Noël vu qu’on ne l’est pas naturellement en période estivale. L’important, c’est que chacun fasse mieux chaque année et que les habitants soient contents et fiers de leur ville. »