L’assistant virtuel d’Amazon pourrit-il la vie des « Alexa » depuis cinq ans ?
Votre Vie, Votre avis•Il y a cinq ans, Amazon lançait son assistante virtuelle « Alexa ». De quoi changer, un peu ou beaucoup, la vie de celles qui portent ce prénom. Alors, galère ou bonheur ? Elles racontentThibaut Gagnepain
L'essentiel
- «Alexa », l’assistante virtuelle d’Amazon, fête ses cinq ans en ce mois de novembre 2023.
- En cinq ans, le regard sur les personnes qui portent le prénom Alexa a-t-il changé ? 20 Minutes leur a posé la question.
- « Je préfère anticiper les blagues dessus que de les subir », raconte l’une d’entre elles.
Petit aparté avant de commencer : Mégane, Zoé et les autres, votre article viendra ! Cette semaine, place aux « Alexa ». Pourquoi elles ? Car Amazon a officiellement fêté les cinq ans de son assistante virtuelle éponyme, inaugurée donc en novembre 2018. Pour le plus grand bonheur de ses utilisateurs… mais peut-être pas de celles qui portaient et portent encore ce prénom.
Elles sont plutôt rares en France. Pas plus de 150 voient le jour chaque année, avec un pic en 1971 (147) selon les chiffres de l’Insee. Qui n’en fait apparaître dans son graphique qu’à partir de 1969. « Ah non, ce n’est pas possible, mon arrière-grand-mère s’appelait déjà comme ça et mes parents ont voulu lui rendre honneur », sourit Alexa F., une Strasbourgeoise de 20 ans qui ne vit pas du tout mal son prénom.
« Ce serait trop bête d’avoir honte !, rigole-t-elle. Je préfère anticiper les blagues dessus que de les subir. Souvent, des gens tiquent quand je me présente alors je parle moi-même de l’outil d’Amazon. Ce qui est plus embêtant, c’est quand on ne comprend pas comment je m’appelle ou qu’on n’arrive pas à le prononcer. Un prof de lycée s’y était repris trois ou quatre fois. »
« Alexia », bien plus courant selon l’Insee, revient alors régulièrement. « Beaucoup croient aussi que c’est un diminutif d’Alexandra », complète Alexa B.-D., une Héraultaise de 52 ans elle aussi très fière de son prénom. « Non, ça ne me pourrit pas du tout la vie. Tout le monde ne connaît cet assistant virtuel, qui reste un système d’Amazon. On ne s’appelle pas Siri quand même ! Ça en fait rigoler quelques minutes mais ça ne va pas plus loin… Mais Amazon pourrait peut-être nous dédommager, non ? », questionne-t-elle avec humour.
Une autre Alexa, qui a répondu à notre appel à contributions, a, semble-t-il, creusé la question. « J’ai été incrédule quand j’ai appris la nouvelle. Je n’arrivais pas à imaginer comment ils avaient pu choisir un prénom qui existe pour cette machine », raconte-t-elle. Les premiers mois, j’ai cherché sans résultat sur le Net s’il y avait une « class action » en cours aux États-Unis. Je m’y serais associée volontiers tant le fait d’appeler Alexa l’assistant vocal est le meilleur moyen de pourrir la vie de toutes les Alexa existantes. »
« Je ne fais pas le ménage quand on me le demande »
Mais son quotidien n’a pas été bouleversé. « Au bureau, quand les premières publicités sont sorties, des collègues ont tenté un « Alexa met de la musique » mais ils ont vite arrêté car je me mettais à chanter Le Petit Bonhomme en mousse. Après, ils l’avaient en tête toute la journée ! Au final, plus de peur que de mal. Dans mon entourage proche, je n’ai quasiment jamais eu de blagues parce que pour eux Alexa, c’est moi, ce n’est pas l’assistant vocal. Ça reste un joli prénom, de mon point de vue. »
Qui continue à être donné, certes de moins en moins entre 2018 (20) et 2021 (10). Cette dernière année, la fille d’Ugo et Sarah comptait parmi la fameuse dizaine. « On l’a choisi car ça nous plaisait et honnêtement à l’époque, on n’avait pas entendu parler de l’assistante vocale. On aimait bien Alexia mais on voulait un prénom qui sorte de la masse. J’ai trouvé ça sur un catalogue », raconte le papa, jamais avare d’un bon mot. « Je lui demande Alexa, change ta couche, mais elle ne le fait pas encore ! »
« Moi je ne fais pas le ménage quand on me le demande », rebondit Alexa M., une quinquagénaire des Charentes qui le vit également « très bien ». « Mais quel calvaire ! “Alexa éteint la lumière”, “Alexa quel temps fait-il demain ?” Et le graal : “Alexa apporte-moi une bière”. Monsieur a même acheté "une meilleure version de moi-même" que je me suis empressée de jeter au fond d’un placard. Bref, mieux vaut en rire qu’en pleurer non ? », conclut une contributrice.
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