mobilitésSous la pression, Strasbourg revoit le stationnement pour les pros

Sous la pression, Strasbourg revoit le stationnement pour les professionnels

mobilitésSelon le professionnel et les salariés, tous secteurs d’activité confondus, stationner à Strasbourg au plus près de son lieu de travail est devenu un « cauchemar »
Gilles Varela

Gilles Varela

«J’ai dû me garer trop loin du chantier », « je ne prends plus de clients à Strasbourg », « ça m’a coûté un bras »… A écouter de nombreux professionnels, tous secteurs d’activités confondus, stationner à Strasbourg au plus près de son lieu de travail ou d’intervention, est devenu un « cauchemar ». Au manque de places sur la voirie s’est ajoutée ces dernières années la réforme du stationnement de l’exécutif écologiste strasbourgeois, avec des tarifs jugés trop importants et aux complications administratives et peu adaptées aux professionnels.

Des tensions que la Chambre des métiers, de commerce et d’industrie, ou bien encore des représentants de commerçants, ainsi que d’élus d’opposition municipale, avaient fait vivement remonter aux oreilles de la ville dès le printemps dernier.

« Des mesures plus fines, plus adaptées, simplifiées et attractives »

Depuis, la constitution « d’un groupe de travail » entre représentants du monde économique, d’élus et des services dédiés au stationnement de la ville, a permis de dégager un compromis avec les professionnels. Avec « des mesures plus fines, plus adaptées, simplifiées et attractives, pour leur faciliter la vie au quotidien », explique Pierre Ozenne, adjoint à la maire en charge des espaces publics partagés et des voiries. « Le dispositif actuel, à savoir un forfait à 11 euros par jour pour un ensemble de professions, fonctionne, mais présente beaucoup de difficultés de mise en œuvre, reconnaît l’élu, de démarches administratives à gérer pour les professionnels qui viennent de façons récurrentes dans la ville et à qui il faut apporter de la simplification ». Autre constat, les offres tarifaires ne sont pas forcément adaptées à « certaines professions et doivent évoluer, à la fois pour certaines catégories professionnelles déjà identifiées, mais aussi s’ouvrir à d’autres » qui ne pouvaient jusqu’ici en profiter.

Une tarification « adaptée »

Aussi, une nouvelle grille tarifaire Pro Mobile, avec la possibilité de choisir plus facilement une formule de stationnement, va être délibérée lors du conseil municipal du 12 décembre prochain. Une nouvelle tarification de stationnement qui cible les artisans et les métiers de bouche, mais aussi les salariés aux horaires atypiques qui jusque-là étaient laissés-pour-compte.

Actuellement, le tarif professionnel est de 11 euros par jour, sans possibilité d’avoir un forfait à la mi-journée. Cela sera à présent possible avec un tarif demi-journée à 5,50 euros. Est prévue également la possibilité d’avoir un abonnement à 60 euros par mois et 600 euros par an. Pour les professions de santé, le stationnement reste gratuit sous condition qu’ils puissent justifier que l’essentiel de leur activité se tient à Strasbourg. En cas contraire, une tarification spéciale sera proposée avec un tarif à 7 euros par jour, ou un abonnement à 40 euros par mois ou 400 euros à l’année. Un tarif moins élevé que celui des artisans ou des métiers de bouche mais justifié par « la possibilité pour ces derniers de reporter leurs dépenses de stationnement sur la facture de leurs clients, assure Pierre Ozenne, ce qui n’est pas le cas pour les professionnels de santé dont la tarification est très encadrée. »

Enfin, ceux qui travaillent à Strasbourg avec des horaires atypiques, et donc ne peuvent pas utiliser les transports en commun, vont eux aussi pouvoir bénéficier de cette nouvelle grille tarifaire « adaptée », avec un tarif préférentiel à la demi-journée fixé à 3 euros en zone verte ou orange, six fois par semaine. Il faudra pour cela justifier que sa journée de travail commence avant six heures ou se termine après 22 heures.

Un « stationnement utile » seulement

Autant de mesures et d’ajustement pour proposer « des solutions à des situations d’impasse, sans créer d’effets d’opportunité et en préservant l’objectif de libérer de l’espace public en voirie », précise Joël Steffen, adjoint en charge du commerce, de l’artisanat et du tourisme. Au risque cependant de rendre plus difficile encore le stationnement des résidents qui souhaitent continuer à se garer dans la rue, près de leur domicile. Voire de les contraindre à se garer dans les parkings en ouvrage, (avec un tarif préférentiel), mais souvent plus loin et moins pratique. Un jeu de voitures musicales appuyé par l’exécutif écologiste. « L’idée est de poursuivre la politique que nous avons engagée, conclut Pierre Ozenne. A savoir que le stationnement de longue durée doit se reporter dans les parkings en ouvrage ou Relais, et d’avoir en voirie, principalement du stationnement utile et nécessaire au bon fonctionnement de la ville et à son accessibilité pour un certain nombre de professions qui ne peuvent pas faire autrement. »