Tempête Ciaran : « Ça commence à être très long »… 3.000 clients toujours dans le noir deux semaines plus tard
ENCORE UN PEU DE PATIENCE•La reconstruction du réseau électrique breton s’avère très compliquée dans les hameaux les plus isolésJérôme Gicquel
L'essentiel
- Deux semaines après le passage de la tempête Ciaran, 5.800 foyers restent toujours privés d’électricité en Bretagne, dont 4.700 dans le Finistère.
- A Plogoff dans le Finistère, c’est solidarité et débrouille pour apporter un peu de réconfort aux « naufragés » toujours plongés dans le noir.
- Les équipes d’Enedis, à pied d’œuvre pour réalimenter les hameaux les plus isolés, promettent un retour à la normale dans les prochains jours.
EDIT : Enedis nous informe que 3.000 foyers sont toujours privés d'électricité ce jeudi matin en Bretagne, dont 2.300 dans le Finistère.
Ce sont les « naufragés » de la tempête. Deux semaines après le passage de Ciaran, 3.000 foyers sont toujours plongés dans le noir en Bretagne, privés d’électricité et comme coupés du monde. C’est dans le Finistère, département le plus sinistré, que le courant se fait le plus attendre avec 4.700 clients toujours impactés selon les derniers chiffres fournis mercredi après-midi par Enedis. « Il en reste aussi 600 dans le Morbihan et 500 dans les Côtes-d’Armor », précise le gestionnaire du réseau électrique.
Dans les secteurs où les habitants s’éclairent encore à la bougie, l’attente devient de plus en plus pénible. C’est le cas dans la commune de Plogoff (Finistère), où une rafale de 207 km/a été enregistrée à la pointe du Raz la nuit de la tempête. Dans cette bourgade située à l’extrémité du Cap Sizun, une centaine de foyers sont toujours dans la galère. « Cela commence à être très long pour ces habitants, confirme André Marchand, premier adjoint au maire. Il y a chez eux une forme de colère et de découragement. » En attendant que le courant soit rétabli, c’est solidarité et débrouille dans la commune. « Tout le monde se retrousse les manches », indique l’élu.
« Une question de jours » pour un retour à la normale
Sitôt après le passage de la tempête, l’une des priorités a été de « libérer » les maisons plongées dans le noir en débloquant les volets électriques à l’aide d’un groupe électrogène. Depuis quinze jours, la mairie sert aussi de lieu de recharge pour les batteries de téléphones et d’ordinateurs et les vestiaires du stade de foot ont été réquisitionnés pour permettre aux « naufragés » de prendre une bonne douche chaude. « On a aussi servi un pot-au-feu la semaine dernière, précise André Marchand. Cela a fait du bien aux gens sur le moment mais ça ne remplace pas le courant. »
Quand reviendra-t-il justement ? « C’est une question de jours », répond Frédéric Le Tallec, directeur délégué d’Enedis en Bretagne, sans toutefois donner de date précise. Si ce retour est si long, c’est que les dégâts ont été considérables sur le réseau électrique breton. « La tempête a été d’une intensité exceptionnelle », souligne Frédéric Le Tallec. Pour réparer la casse, 2.400 agents d’Enedis venus de toute la France sont mobilisés depuis deux semaines dans la région, dont 1.500 rien que dans le Finistère. « Je peux vous dire que les yeux sont fatigués et les traits tirés », assure-t-il, saluant le travail « sans relâche » des équipes.
Une réalimentation maison par maison dans les hameaux les plus reculés
Leur tâche a d’abord consisté à remettre sur pied les lignes à haute et très haute tension avant de s’attaquer au réseau secondaire. « On a reconstruit 1.000 kilomètres de lignes et commandé près de 8.000 poteaux », détaille le directeur délégué. Un chantier colossal que les conditions climatiques ont rendu encore plus compliqué. « Il pleut tous les jours, ce qui rend l’accès très difficile à certains endroits », justifie-t-il. Dans cette « course d’obstacles », les agents d’Enedis réalimentent désormais au compte-goutte les hameaux les plus reculés. « Cela prend du temps car il y a parfois la ligne électrique et quatre ou cinq poteaux à changer pour seulement une ou deux maisons », précise Frédéric Le Tallec.
Malgré ce retour à la normale qui tarde, l’heure n’est pas à la polémique dans le Finistère. « On voit que les équipes d’Enedis font leur maximum, indique André Marchand. On va donc croiser les doigts pour que l’électricité revienne au plus vite. Mais quand tout cela sera derrière nous, il faudra discuter pour mieux appréhender la chose la prochaine fois. »
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